Le football pour lutter contre la xénophobie dans les townships sud africains

Articles d'actualité, 9 juin 2010

© HCR/P.Rulashe
Le capitaine des Randfontein tient la coupe du Challenge de football des townships.

JOHANNESBURG, Afrique du Sud, 9 juin (HCR) A l'approche des finales de la Coupe du Monde, le HCR et l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) se sont tournés vers le football pour s'attaquer au problème lancinant de la xénophobie dans les townships d'Afrique du Sud.

Les organisations partenaires, en collaboration avec l'Africa Diaspora Forum, viennent d'organiser un Challenge pilote de football des townships. L'initiative a été lancée en mai et s'est terminée samedi dernier à Mohlakeng, par la victoire 5-0 des Randfontein sur Tembisa, pouvant ainsi se vanter d'être la meilleure équipe des townships dans la province de Gauteng.

Ils ont également gagné 20 000 rand (2 600 $) à partager entre les joueurs et 80 000 rand pour un projet communautaire à Randfontein, un township situé à l'ouest de Johannesburg, autrefois renommé pour ses mines d'or.

Mais le meilleur prix pour les organisateurs, les spectateurs et les joueurs, y compris les réfugiés et les migrants étrangers, a sans doute été l'opportunité de dépasser les divisions raciales et de donner un exemple de solidarité et de tolérance au reste du pays.

Il n'y avait plus aucun signe de la rancœur et de la xénophobie ayant déchiré plusieurs townships sud africains en mai 2008, faisant plusieurs dizaines de morts et contraignant des milliers d'étrangers, y compris des réfugiés et des demandeurs d'asile, à fuir leurs foyers.

Le gouvernement est déterminé à éviter que de telles scènes se répètent alors que le monde entier a les yeux rivés sur l'Afrique du Sud pendant les finales de la Coupe du Monde de football qui durera un mois. Lors du premier match qui aura lieu ce vendredi, l'Afrique du Sud affrontera le Mexique dans le nouveau stade municipal de football de Johannesburg.

Le Sud africain S'busiso Peterson était présent parmi les participants au premier Challenge des townships. Ce jeune homme de 22 ans vit à Tembisa et appartient à l'une des 10 équipes participant à l'événement inaugural, que le HCR espère pouvoir reproduire dans d'autres provinces à l'avenir.

Tembisa faisait partie des townships touchés par la violence il y a deux ans. La colère de certains Sud africains parmi les plus pauvres liée au manque d'opportunités d'emploi et d'accès aux services comme le logement, l'eau et l'assainissement est, entre autres, à l'origine de la vague de xénophobie.

« J'étais terriblement embarrassé par ce qui s'est passé et c'est pourquoi il est de mon devoir de m'élever contre la xénophobie par ce que j'adore faire jouer au foot », déclare le joueur professionnel en herbe.

S'busiso Peterson, qui joue pour Tembisa, a depuis lors tendu la main aux réfugiés et aux autres étrangers revenus dans le township. Grâce à leur passion commune pour le football, il a pu se rapprocher de personnes originaires de pays comme le Ghana, le Malawi, le Mozambique et la Zambie.

Oko Ashiteng joue également pour Tembisa, mais il est ghanéen et il hésitait à s'installer à Tembisa après son arrivée en Afrique du Sud l'année dernière. « J'avais entendu beaucoup de choses sur ce qui s'est passé en mai 2008 et des amis de la communauté ghanéenne m'ont dissuadé de m'installer dans un township », explique le jeune homme de 18 ans.

Mais il a décidé d'ignorer leurs conseils, en partie parce qu'il souhaitait jouer au football dans un endroit où il aurait l'opportunité d'apprendre et de se lier d'amitié avec des locaux dans leur environnement. Il a décidé de saisir sa chance et il est heureux de l'avoir fait. Peterson et Ashiteng ont tous deux joué pour Tembisa dans le récent Challenge et ils sont allés jusqu'en finale.

Bien que la situation se soit considérablement améliorée depuis mai 2008, l'intolérance, le racisme et la xénophobie demeurent des problèmes sérieux en Afrique du Sud. Ces dernières semaines, par exemple, des biens appartenant à des réfugiés et à d'autres étrangers ont été pillés et vandalisés lors de protestations contre les services dans les provinces de Gauteng, Mpumalanga et Free State.

Certaines personnes comme Ashiteng craignent que la xénophobie fasse sa réapparition après la Coupe du Monde qui se termine le 11 juillet. Son ami Peterson est plus optimiste. « Je ne peux pas imaginer que cela se reproduise. Nous ne le permettrons pas », insiste-t-il.

Des initiatives comme le Challenge des townships peuvent jouer un rôle important pour empêcher que de tels événements se reproduisent et pour construire des liens entre les différentes communautés. « Je serais incapable de dire quelle est la différence entre un étranger et un Sud africain. Tout ce que j'ai vu ce sont des personnes jouant ensemble », a déclaré un jeune spectateur.

Par Pumla Rulashe à Johannesburg, Afrique du Sud

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Afrique du Sud: En marche vers la coexistence

L'Afrique du Sud est l'un des rares pays d'Afrique où les réfugiés et les demandeurs d'asile enregistrés bénéficient légalement d'une liberté de mouvement ainsi que de l'accès aux services sociaux et aux emplois au même titre que les citoyens.

Mais si ces droits sont garantis par la loi, ils sont parfois ignorés dans la pratique. Les réfugiés et les demandeurs d'asile se voient souvent rejetés par les employeurs ou mis en compétition avec les citoyens les plus pauvres pour obtenir les pires emplois - en particulier ces dernières années, quand des millions de personnes ont fui les difficultés politiques et économiques survenant dans des pays comme le Zimbabwe. La récession économique mondiale n'a pas aidé.

Durant cette dernière décennie, quand la situation est devenue plus difficile, les réfugiés des villes sont parfois devenus la cible de frustrations de la population locale. En mai 2008, des violences xénophobes ont éclaté à Johannesburg et se sont rapidement propagées à d'autres parties du pays, causant la mort de plus de 60 personnes et le déplacement d'environ 100 000 autres.

A Atteridgeville, une ville située en bordure de la capitale Pretoria - et théâtre de l'une des pires situations de violence - des commerçants sud-africains et somaliens, aidés par le HCR, ont négocié un accord détaillé pour régler le contentieux commercial initial ayant conduit à l'embrasement des magasins tenus par des Somaliens. L'agence des Nations Unies pour les réfugiés soutient également l'action de la Fondation Nelson Mandela visant à lutter contre la xénophobie.

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Invisibles en Afrique du Sud

En mars 2011, le HCR a lancé un projet avec l'organisation non gouvernementale sud-africaine, Lawyers for Human Rights (LHR- Avocats pour les droits de l'homme), pour traiter de la question de l'apatridie. Les objectifs spécifiques du projet étaient de fournir directement des services juridiques aux apatrides et aux personnes risquant de le devenir, d'aborder avec le gouvernement la nécessité de réformer la loi pour prévenir et réduire les cas d'apatridie, de sensibiliser à la question des apatrides et de leurs droits et de plaider pour la ratification des conventions des Nations Unies de 1954 et de 1961 relatives à l'apatridie.

LHR avait conçu ce projet un an plus tôt après avoir observé qu'un grand nombre de demandeurs d'asile nés Zimbabwéens leur faisaient part de leurs difficultés pour trouver du travail, étudier ou créer une entreprise - activités autorisées selon le droit sud-africain. Ils expliquèrent à LHR que lorsqu'ils ont demandé un passeport zimbabwéen, nécessaire pour accéder à ces droits, les fonctionnaires du Consulat les ont informés qu'ils n'étaient plus reconnus comme citoyens zimbabwéens. Ceci en réalité les rendait apatrides.

Depuis le commencement du projet, LHR a rencontré plus de 2 000 personnes apatrides ou risquant de le devenir. Ces personnes sont originaires de plus de 20 pays différents. L'ONG a identifié plusieurs catégories de personnes rencontrant des difficultés en Afrique du Sud, que ce soit des migrants ou des personnes nées dans le pays.

La série de photos qui suit présente certaines des personnes qui ont été, ou sont, aidées par le projet. Les portraits ont été réalisés par le photographe Daniel Boshoff. Certaines personnes ont demandé que leur nom soit modifié.

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Jeunes réfugiés

Ils ont connu des atrocités que nous ne pouvons imaginer, survécuà des traumatismes que la plupart des autres enfants n'auront jamais à connaître. Désorientés, déchirés entre leur fardeau d'adulte et leur innocence perdue, les jeunes réfugiés continuent partout dans le monde d'affronter l'avenir avec espoir et courage.

En 2003, l'UNHCR dédiait la Journée mondiale du réfugié aux jeunes réfugiés, pour attirer l'attention sur leur sort et rendre hommage à leur force et à leur potentiel, pour leur donner envie de s'aider et d'aider leurs communautés.

Dans cette série vous verrez des jeunes courageux, prêts à surmonter tous les revers. De la gaieté, de la tristesse, du sport, des projets et de l'amour et toujours une soif d'apprendre et une volonté farouche de s'en sortir, par l'éducation et la persévérance. En Bosnie comme en Érythrée, en Colombie comme à Kaboul, ces visages parfois désespérés, parfois pleins d'enthousiasme nous font vivre le quotidien des jeunes réfugiés à travers le monde.

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Des enfants jouent au football et semblent heureux et insouciants. En fait, ils sont réfugiés et un grand nombre d'entre eux sont non accompagnés. Ils sont confrontés à de nombreux problèmes.