Bateaux en Méditerranée : Le HCR remercie les équipages ayant sauvé des vies humaines et appelle les Etats à remplir leurs obligations

Points de presse, 1 juin 2007

Ceci est un résumé des déclarations du porte-parole du HCR Jennifer Pagonis à qui toute citation peut être attribuée lors de la conférence de presse du 1 juin 2007 au Palais des Nations à Genève.

Au cours de ces dernières semaines, plusieurs personnes cherchant à atteindre l'Europe sur de petits bateaux en Méditerranée ont été ignorées et laissées à la dérive en pleine mer alors que leur vie était en jeu et qu'elles étaient clairement en situation de détresse. L'UNHCR est très inquiet quant au manque d'implication forte et collective des Etats riverains pour permettre un rapide débarquement provoqué par certains commandants de navire qui ont ignoré leurs obligations et la tradition maritime d'aide aux personnes en détresse.

L'UNHCR comprend les défis imposés par les arrivées répétées de groupes mixtes de migrants, de demandeurs d'asile et de réfugiés dans les différents pays méditerranéens mais il souligne que la nécessité d'une assistance pour les personnes en détresse en mer doit rester la première priorité.

L'UNHCR est particulièrement inquiet quant au sort d'au moins 53 personnes pour la plupart d'origine érythréenne qui sont portées manquantes depuis plus d'une semaine entre la Libye et Malte. Le groupe qui comprend 28 femmes et 8 enfants a été vu pour la dernière fois par les forces armées maltaises à bord d'un bateau au large de la côte sud de Malte le 21 mai. L'UNHCR a immédiatement lancé un appel demandant à tous les gouvernements de la région de mettre en place tous les efforts pour retrouver le bateau manquant.

Jeudi 24 mai, la marine italienne a envoyé un avion Atlantic et sept bateaux de patrouille des garde-côtes italiens pour une opération de recherche et de secours dans les eaux italiennes, qui a ensuite été élargie à une opération maltaise et libyenne de secours dans leurs zones maritimes. Ce groupe de personnes n'a pas été retrouvé. L'UNHCR a récemment reçu des informations selon lesquelles le groupe pourrait être en Libye et nous sommes maintenant aussi en contact avec les autorités libyennes dans l'espoir de localiser le groupe, sans succès jusqu'à présent.

Alors que se poursuit la recherche des 53 personnes manquantes, les équipes italiennes ont localisé un autre groupe de 27 Africains d'origine sub-saharienne qui se sont accrochés à des filets de pêche d'un bateau de pêche maltais pendant trois jours avec des journées caniculaires et des nuits glaciales. Le groupe a reçu un peu d'eau et de fruits des membres d'équipage du bateau de pêche, mais ils n'ont pas eu accès au bateau. La marine italienne les a ensuite secourus et les a amenés à Lampedusa, où ils ont reçu de l'assistance et auront accès aux procédures nationales de recherche.

Lors d'un troisième incident le 25 mai, les garde-côtes italiens ont retrouvé un autre groupe de 52 personnes, notamment un enfant et sept femmes qui ont été repérés par un avion maltais. Le lendemain, un bateau espagnol a sauvé 26 personnes principalement originaires de Côte d'Ivoire entassées sur un bateau en train de sombrer à quelque 100 miles nautiques au large de la Libye et de Malte et leur ont fourni de l'eau, de la nourriture, des couvertures et de l'assistance. Les personnes n'ont pas été autorisées en Libye et à Malte, et nous ils ont maintenant été autorisés à débarquer en Espagne.

L'UNHCR est reconnaissant pour la réponse humanitaire rapide des équipages italiens et espagnols qui ont fait du sauvetage des vies leur priorité et dans ce contexte appelle tous les Etats riverains de remplir leurs obligations internationales, dans le respect des lois maritimes. Nous appelons les gouvernements à renforcer la coordination et la coopération des opérations de secours de façon à s'assurer que de tels incidents ne puissent plus se produire. L'UNHCR presse particulièrement le Gouvernement maltais d'accepter les récents amendements des conventions maritimes (SAR et SOLAS Conventions), qui ont pour but à assurer que l'obligation du capitaine de navire de porter assistance soit complétée par l'obligation correspondante des Etats de coopérer dans les situations de secours. Malte est l'un des rares pays qui n'a pas encore accepté de tels amendements

Face à la nature grave de ces évènements, l'UNHCR presse la Commission européenne de prendre de nouvelles initiatives pour réaffirmer et souligner les responsabilités de chaque Etat membre pour sauver des vies en mer et pour permettre le débarquement des personnes.

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Un adolescent en exil

Comme tous les pères avec leurs fils, Fewaz et Malak ont parfois du mal à coexister. Une nouvelle coupe de cheveux et une cigarette en cachette peuvent déjà créer des tensions dans le petit appartement qui est leur chez-soi. Malgré cela, un lien puissant les unit : ces réfugiés syriens ont été bloqués pendant près d'un an dans un quartier pauvre d'Athènes.

Ils avaient auparavant fui leur maison avec le reste de la famille durant l'été 2012, après que la guerre ait commencé à tourmenter leur paisible vie. Depuis la Turquie, ils avaient tenté plusieurs fois la traversée périlleuse pour entrer en Grèce.

Malak, treize ans, a été le premier à passer la frontière marquée par le fleuve Evros. Mais Fewaz, sa femme et leurs deux autres enfants n'ont pas eu cette chance en mer. Ils avaient remis toutes leurs économies d'une vie pour tenter la traversée périlleuse de la Méditerranée. Ils ont été refoulés par les gardes-côtes grecs.

Lors de leur sixième tentative, le reste de la famille a traversé la frontière et le fleuve Evros. Sa femme et ses deux enfants ont rejoint l'Allemagne, mais Fewaz est parti vers Athènes pour retrouver Malak.

«Quand j'ai enfin vu mon père à Athènes, les mots ne suffisent pas pour décrire ma joie », dit Malak. Cependant, l'adolescent était hanté par le fait de perdre à nouveau son père. « Je crains que mon père soit arrêté, que ferais-je sans lui ? »

Jusqu'au regroupement de la famille, Malak et son père restent ensemble et se serrent les coudes. Le garçon apprend à se débrouiller en grec. Et Fewaz commence à s'habituer à la coupe de cheveux de son fils.

Un adolescent en exil

Sauvetage en mer

L'été, avec son beau temps et une mer plus calme, est souvent le théâtre d'une hausse du nombre de personnes risquant leur vie pour traverser la Méditerranée et demander l'asile en Europe. Cette année, les chiffres ont toutefois augmenté dans une proportion stupéfiante. En juin, les opérations de recherche et de sauvetage Mare Nostrum ont permis de retrouver des passagers désespérés au nombre de plus de 750 par jour.

A la fin juin, le photographe du HCR Alfredo D'Amato est monté à bord du San Giorgio, un bâtiment prenant part au volet italien de l'opération navale, afin de recueillir des informations sur le processus de sauvetage - y compris depuis la première observation de bateaux à partir d'un hélicoptère militaire, le transfert des passagers vers de petits bateaux de sauvetage puis le vaisseau de la marine et, enfin, leur retour sur la terre ferme dans les Pouilles, en Italie.

Le 28 juin en l'espace de six heures seulement, l'équipage a porté secours à 1 171 personnes qui se trouvaient à bord de quatre embarcations surchargées. Plus de la moitié sont originaires de la Syrie déchirée par la guerre, avec, pour la plupart, des familles et de grands groupes. D'autres arrivent depuis l'Erythrée, le Soudan, le Pakistan, le Bangladesh, la Somalie et au-delà. Les photos de A. D'Amato et les interviews qui les accompagnent mettent en lumière la vie de ces personnes dont la situation, dans leur pays, était devenue précaire au point de mettre leur vie en péril.

Sauvetage en mer

L'histoire de Jihan

Comme des millions d'autres, Jihan, 34 ans, était prête à tout pour échapper à la guerre sévissant en Syrie et pour mettre sa famille en sécurité. Contrairement à la plupart, Jihan est aveugle.

Il y a neuf mois, elle a fui Damas avec Ashraf, son mari âgé de 35 ans, qui est également en train de perdre la vue. Avec leurs deux fils, ils se sont rendus en Turquie par la mer Méditerranée, à bord d'un bateau avec 40 autres personnes. Ils espéraient que le voyage ne durerait huit heures. Ils n'avaient aucune garantie d'arriver sains et saufs.

Après une périlleuse traversée qui aura duré 45 heures, la famille est enfin arrivée à Milos, une île grecque de la mer Egée, à des kilomètres de la destination qui était prévue. Sans aucun soutien ni aucune assistance, ils ont dû se débrouiller pour se rendre à Athènes.

La police les a détenus pendant quatre jours à leur arrivée. On leur a demandé de rester hors d'Athènes, ainsi que trois autres villes grecques, en les laissant à l'abandon.

Démunis et épuisés, la famille a été contrainte de se séparer. Ashraf est parti vers le nord en quête d'asile et Jihan s'est rendue à Lavrion avec ses deux enfants, une installation informelle à une heure de route de la capitale grecque.

Aujourd'hui, Jihan est impatiente de retrouver son mari qui, entre temps, a obtenu le statut de réfugié au Danemark. La chambre qu'elle partage avec ses deux fils, Ahmed, 5 ans, et Mohammad, 7 ans, est minuscule, et elle s'inquiète pour leur éducation. Sans greffe de la cornée, une chirurgie très complexe dont elle a besoin d'urgence, son oeil gauche se fermera à jamais.

« Nous sommes venus ici en quête d'une vie meilleure et pour trouver des personnes qui seraient plus à même de comprendre notre situation », explique-t-elle d'un air triste. « Je suis tellement en colère quand je vois qu'ils ne comprennent pas. »

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