Questions/Réponses : Une ancienne réfugiée, employée au HCR

Articles d'actualité, 9 mars 2010

© HCR/H.Farhad
Tina Hinh, assistante pour la réinstallation, raconte sa vie en tant que réfugiée. Elle travaille maintenant au HCR et vient en aide à des réfugiés.

WASHINGTON DC, Etats-Unis, 5 mars (HCR) Une employée du HCR, Tina Hinh, fait partie des milliers de réfugiés vietnamiens ayant bénéficié d'une réinstallation aux Etats-Unis. En 1978, sa mère était enceinte et la famille a fui le Vietnam par bateau. Ils ont rejoint Palau Bidong en Malaisie, une île qui est devenue l'un des plus importants camps de réfugiés d'Indochine. Sa famille a été acceptée pour une réinstallation aux Etats-Unis en 1979. Tina s'est récemment entretenue avec Lilli Tnaïb, assistante d'information au HCR.

Que vous ont raconté vos parents de la vie à Palau Bidong ?

Ma mère m'a dit que la vie était très inconfortable et difficile au camp. Je suis née en pleine nuit avec l'aide d'une sage-femme dans des circonstances très difficiles. Nous dormions dans des huttes de fortune. Mes parents nageaient depuis l'île vers des bateaux, utilisant de l'or comme monnaie, pour acheter des marchandises et les revendre à d'autres réfugiés pour gagner un peu d'argent. Je suis tombée malade et ma mère a dû m'emmener dans un bateau médical français jusqu'à ma guérison.

Lorsque ma famille se trouvait à Palau Bidong, le HCR avait une présence à Kuala Lumpur. Des membres du personnel du HCR venaient dans les camps par bateau, pour enregistrer les réfugiés et leur porter assistance. Plus tard, c'est devenu un site majeur de traitement des demandes pour la réinstallation, mais lorsque mes parents étaient sur place en 1979, la réinstallation s'effectuait à très petite échelle, voire au cas par cas.

Comment êtes-vous venue aux Etats-Unis ?

Toute ma famille élargie, du côté de mon père, a quitté le Vietnam, et ce à différentes périodes. Ma famille et les sœurs de mon père sont parties ensemble en Malaisie. Mes grands-parents et le reste de ma famille ont rejoint Hong Kong. Grâce à des programmes de réinstallation, nous avons pu tous nous retrouver. J'avais une tante qui avait bénéficié de la réinstallation aux Etats-Unis dans l'Etat du Michigan grâce à l'aide de Church World Service. Avec l'aide du service de recherche du HCR pour le regroupement familial, un pasteur du Michigan a aidé à nous retrouver en Malaisie. Nous avons rejoint ma tante à l'été 1979, avant que le programme officiel de réinstallation des Etats-Unis ne débute dans les années 80.

Racontez-nous les premiers défis auxquels ont été confrontés votre famille aux Etats-Unis.

Lorsque mes parents sont arrivés il y a 30 ans, ils ne parlaient pas l'anglais et ils n'avaient pas d'argent. Ils avaient arrêté leurs études au niveau du lycée, mais ils ont travaillé dur et ils ont pu se construire une vie agréable ainsi que pour mon frère [aîné] et moi. Durant les 10 premières années, la situation a été très difficile car ils devaient travailler six jours par semaine, douze heures par jour. Ils ont occupé des emplois précaires et non qualifiés jusqu'à ce que leur anglais s'améliore. Il y a environ 20 ans, ils ont ouvert leur propre affaire. Comme ils travaillaient très dur, j'ai grandi en étant souvent seule à la maison. Leur histoire est devenue le rêve américain. Ils ont pu reconstruire leur vie et offrir une éducation à leurs enfants. Il y a quinze ans, la famille de ma mère est venue nous rejoindre depuis le Vietnam. Mes parents les ont d'abord embauchés et, maintenant, ils sont également à la tête de leurs propres entreprises.

Décrivez-nous votre travail au bénéfice des réfugiés au HCR ou dans d'autres organisations.

J'ai travaillé principalement dans le domaine de la réinstallation, tout d'abord le long de la frontière entre la Thaïlande et le Myanmar avec International Rescue Committee pour aider à la réinstallation de réfugiés du Myanmar aux Etats-Unis. Puis j'ai rejoint le HCR. J'ai interviewé des réfugiés qui partaient pour les Etats-Unis. Désormais, je travaille en tant qu'assistante pour la réinstallation au bureau du HCR à Washington sur les statistiques mondiales ainsi que des dossiers de réinstallation.

Pensez-vous que votre histoire personnelle ait influencé votre travail ?

Oui, en effet. Mes parents m'ont toujours dit quand j'étais enfant combien ils étaient surpris du nombre de personnes les ayant aidés quand ils avaient des ennuis et qu'ils étaient dans le besoin? Un si grand nombre de personnes qu'ils n'ont jamais connues et qui les ont aidés depuis les coulisses.

J'ai toujours été intéressée par les problèmes des réfugiés. Je me suis sentie le plus connectée entre là d'où je viens et ce que je fais maintenant quand je parlais avec des familles au Myanmar pesant le pour et le contre pour savoir si elles devaient rester ou si elles devaient choisir la réinstallation aux Etats-Unis. Je leur disais que j'étais une réfugiée comme elles et que je venais d'un pays comme le leur. Je leur disais que ma famille avait pris la décision de venir aux Etats-Unis et qu'elle l'avait fait pour nous, les enfants. Mes parents ont vécu des moments difficiles. Cela n'a pas été facile au début, mais les Etats-Unis sont notre pays. Parfois, quand je leur avais dit ça, je percevais un espoir dans leurs yeux.

• FAITES UN DON •

 

• COMMENT NOUS AIDER • • RESTEZ INFORMÉS •

L'apatridie au Viet Nam

Le Viet Nam a accordé la citoyenneté à des milliers d'apatrides au cours des deux dernières années ; par ses réalisations dans ce domaine, le pays est à la pointe de l'action menée dans le monde pour prévenir l'apatridie et y mettre fin.

Près de 1 400 anciens réfugiés cambodgiens, devenus apatrides après la chute du régime sanguinaire des Khmers rouges en 1975, ont reçu la nationalité vietnamienne en 2010 ; ce résultat était l'aboutissement de cinq années de coopération entre le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés et le Gouvernement vietnamien. La plupart des anciens réfugiés résident au Viet Nam depuis 1975, parlent vietnamien et sont parfaitement intégrés. Près d'un millier de leurs semblables devraient obtenir la citoyenneté dans un avenir proche. L'octroi de la nationalité est assorti de la délivrance du livret de famille - une pièce capitale, qui régit toutes les relations des Vietnamiens avec l'administration - et d'une carte d'identité nationale. Grâce à ces deux documents, les nouveaux citoyens peuvent accéder à la propriété, faire des études supérieures et bénéficier de l'assurance-maladie, ainsi que de la retraite. Ils peuvent également faire des choses toutes simples, qui leur étaient interdites auparavant, comme acheter une moto.

En 2009, le Viet Nam a également adopté une loi destinée à restituer leur nationalité à des femmes vietnamiennes qui étaient devenues apatrides dans leur pays d'origine car elles avaient épousé des étrangers mais avaient divorcé avant d'obtenir la nationalité de leur conjoint pour elles et pour leurs enfants.

Selon les estimations du HCR, il y a aujourd'hui 12 millions d'apatrides dans le monde.

L'apatridie au Viet Nam

Viet Nam : Sans nationalitéPlay video

Viet Nam : Sans nationalité

Dans les années 70, des milliers de personnes ont fui vers le Viet Nam pour échapper au régime des Khmers rouges sévissant au Cambodge. Certains avaient trouvé refuge à Ho Chi Minh Ville par exemple et ils sont devenus apatrides.