Des réfugiés d'Afrique et d'Asie au cœur de l'Amazonie au Brésil

Articles d'actualité, 24 octobre 2011

© HCR/J.Galvão
Carlos visite le célèbre théâtre Amazon à Manaus, une ville située au bord du plus long fleuve au monde.

MANAUS, Brésil, 24 octobre (HCR) Avec sa maîtrise de géologie en poche, Carlos* vivait confortablement avec de bonnes perspectives d'avenir grâce à son emploi dans une entreprise publique du secteur minier en République démocratique du Congo (RDC).

Aujourd'hui, son pays d'origine se trouve de l'autre côté d'un vaste océan et il lui est difficile de subvenir à ses besoins en tant que professeur de français au cœur de l'Amazonie. « La solitude me torture », a expliqué ce réfugié aux visiteurs du HCR dans la ville brésilienne de Manaus.

La carrière de Carlos dans le secteur minier a brusquement cessé lorsqu'il a été envoyé par le gouvernement de RDC en tant que médiateur dans une âpre querelle en 2009 entre deux communautés sur la gestion d'étangs poissonneux, querelle qui a fini par générer des dizaines de milliers de personnes déracinées dans le nord de la province de l'Equateur.

Durant la négociation, Carlos a fini par être accusé de prendre parti et il a commencé à craindre pour sa vie. Il a d'abord cherché abri au Congo voisin, avant de décider de partir plus loin en quête de sécurité et d'une chance de reconstruire sa vie.

Avec l'aide d'un proche, il a fui en Amérique du Sud via l'Afrique du Sud. Il est arrivé il y a environ un an dans la ville brésilienne de Manaus, au cœur de l'Amazonie après un voyage mouvementé.

Toutefois, après avoir rejoint la ville portuaire animée, il a été surpris de trouver une population croissante de demandeurs d'asile originaires de l'Afrique et de l'Asie qui contribuent à la diversité de ce « Paris des tropiques. » Traditionnellement, le Brésil est un refuge pour les personnes originaires de la région, mais le personnel du HCR basé à Manaus a remarqué l'arrivée de personnes qui pourraient être qualifiées « d'extra-régionales » ces deux dernières années.

A cette période, environ 40 extra-régionaux comme Carlos sont arrivés dans l'Etat d'Amazone, dont Manaus est le chef-lieu, et ils ont déposé une demande d'asile. La plupart d'entre eux sont de jeunes hommes originaires de pays d'Afrique sub-saharienne, mais il y a aussi des Bangladais, des Iraniens et des Sri-Lankais.

Rosa Zanchin, Brésilienne et assistante sociale, a indiqué que la plupart des extra-régionaux demandant l'asile à Manaus citent la persécution politique et religieuse comme motif d'exil depuis leurs pays d'origine. Beaucoup traversent l'Etat d'Amazonas par voie terrestre ou maritime depuis le Pérou ou la Colombie, après avoir fui vers des pays comme l'Equateur.

Rosa Zanchin a indiqué que beaucoup des arrivants à Manaus ont expliqué que leur objectif est d'atteindre la ville isolée de Sao Paolo, la ville la plus importante du Brésil. « D'autres veulent rester ici pour essayer de recommencer leur vie », a-t-elle ajouté.

Le père Isaias de Andrade, coordinateur de Caritas dans le diocèse de Manaus, a indiqué qu'il y avait plusieurs facteurs expliquant le nombre croissant de réfugiés et de migrants arrivant au Brésil depuis d'autres continents.

« L'envergure internationale du Brésil a renforcé sa réputation en tant que pays d'accueil », a-t-il noté, en ajoutant que la position géographique de Manaus et la porosité des frontières brésiliennes avaient placé la ville sur les axes majeurs de la migration.

Toutefois, les extra-régionaux sont également confrontés à de nombreux problèmes. En plus des difficultés rencontrées pour l'intégration sociale et culturelle, y compris la maîtrise du portugais, des demandeurs d'asile vivent l'incertitude sur leurs demandes d'asile et l'obtention du statut de réfugié.

Même des personnes ayant obtenu le statut de réfugié sont confrontées aux difficultés locales. Carlos parle le portugais mais il se sent comme un étranger et trouver du travail pour subvenir à ses besoins lui a été difficile. « J'ai une maîtrise de géologie, mais je gagne un salaire en tant que professeur de français intermittent. En ce moment, mon salaire ne me permet pas de vivre dans la dignité. »

Des employés du HCR sur le terrain basés à Manaus procèdent au suivi du bien-être des personnes comme Carlos et l'agence pour les réfugiés offre également une aide juridique pour tous les demandeurs d'asile arrivant dans la région. Via son partenariat avec Caritas, le HCR fournit une assistance humanitaire d'urgence, des formations professionnelles et des cours de langue pour faciliter l'intégration des réfugiés et des demandeurs d'asile ainsi que pour les aider à devenir autonomes et à subvenir à leurs besoins.

Andres Ramirez, le Représentant du HCR au Brésil, explique que, les populations continuant de fuir le conflit et la persécution à travers le monde, « c'est pour cela que le Brésil accueille des réfugiés de 77 nationalités sur son territoire. »

Le Brésil accueille actuellement environ 4 500 réfugiés, selon les statistiques officielles. Sur cette population, 64% sont originaires d'Afrique, 22% des Amériques et près de 11% de l'Asie. L'Angola, la Colombie, la République démocratique du Congo, le Libéria et l'Iraq sont les principaux pays d'origine.

Au total, les Etats d'Amazonas et d'Acre au nord du Brésil accueillent environ 140 réfugiés (principalement des Boliviens) et environ 2 000 demandeurs d'asile de diverses nationalités, dont de nombreux Haïtiens.

* Nom fictif pour des raisons de protection

Par Janaína Galvão à Manaus, Brésil

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Le personnel du HCR a rendu visite et s'est entretenu avec des réfugiés vivant en milieu urbain au Brésil pour évaluer leurs besoins en matière de protection ainsi que ceux d'autres personnes relevant de la compétence du HCR. L'agence pour les réfugiés, conjointement avec des partenaires locaux, mène chaque année cette Evaluation concertée des besoins. Le HCR procède à une approche basée sur l'Intégration de critères d'âge, de genre et de diversité, avec également la participation de minorités et de groupes vulnérables, y compris des femmes, des personnes âgées, des handicapés et d'autres. Cette année, l'évaluation a été menée dans cinq villes - São Paulo, Rio de Janeiro, Brasília, Rio Grande de Sul et Manaus. Les réfugiés ayant pris part à l'évaluation ont indiqué que l'évaluation leur avait permis de partager leurs points de vue, leurs problèmes et de trouver ensemble des solutions avec le HCR et d'autres organisations. D'autres intervenants, y compris des fonctionnaires, des travailleurs humanitaires et des universitaires, ont également participé.

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