Une pièce jouée par des enfants est porteuse d'un message important pour les adolescents dans l'est du Congo

Agir pour faire la différence, 13 novembre 2014

© UNHCR/B.Sokol
A l'institut Bustani à Masisi, des jeunes gens prennent part à un atelier de théâtre participatif, un programme organisé par le HCR visant, en partie, à la prévention de la violence sexuelle et l'exploitation des enfants

TERRITOIRE DE MASISI, République démocratique du Congo, 13 novembre (HCR) Apprenant que l'un de leurs enseignants avait mis une élève enceinte, un groupe de plus de 50 élèves du secondaire dans une école de l'est de la République démocratique du Congo (RDC) rient et crient en chœur. En réalité, l'élève n'est pas enceinte (ces enfants font du théâtre participatif à l'Institut Bustani où ils étudient), mais il s'agit néanmoins d'un scénario très plausible.

« Lorsque nous faisons du théâtre participatif, cela a toujours un rapport avec la réalité et avec un problème rencontré à l'école », dit Mulira Muzee, qui travaille pour Search for Common Ground, une ONG spécialisée dans la prévention et la résolution des conflits. Il ajoute que l'exercice d'aujourd'hui, la grossesse imaginaire d'une élève, « entraînera des problèmes non seulement entre la femme de l'enseignant et la fille, mais aussi entre la fille et ses parents, qui vont la rejeter. Elle se retrouvera alors seule ».

Malheureusement, la situation est assez courante dans la province du Nord-Kivu, en RDC orientale, et notamment dans le territoire de Masisi, anciennement une région de non-droit où de nombreux jeunes participants ont été déplacés par le passé. Les élèves ont peu de mal à imaginer le dilemme; la pièce est ainsi plus adaptée, et elle peut mieux remplir son rôle : prévenir la violence sexuelle et l'exploitation des enfants dans une région où les jeunes sont particulièrement vulnérables.

Search for Common Ground organise des cours de théâtre participatif dans les écoles du territoire de Masisi dans le cadre d'un vaste programme mis en œuvre par le HCR localement; ce programme comprend aussi la prévention du VIH/sida et la communication d'informations à grande échelle sur la santé reproductive. Les résultats sont encourageants.

« Les messages [contre la violence et l'exploitation] nous ont beaucoup aidés. Ils ont eu un effet positif sur les étudiants et les enseignants », dit Germain Wetewabo, directeur de l'Institut Bustani, école secondaire où l'on enseigne la médecine vétérinaire, les mathématiques et la physique.

« Les enseignants et les étudiants sont de plus en plus conscients que si une personne se comporte de la sorte, elle mérite d'être punie », dit-elle, en insistant sur le fait que l'exercice les a aidés à comprendre les conséquences possibles de tels comportements.

Muzee est du même avis, et il ajoute qu'après avoir pris part à l'exercice de théâtre participatif, « les élèves se rendent compte qu'ils ne doivent pas se donner aux enseignants. Cela leur reste dans la tête ». Clarisse*, élève âgée de 15 ans, dit que le théâtre « aide les élèves dans leur vie quotidienne et leur permet d'expliquer à ceux qui n'ont pas eu la chance de voir la pièce. »

Dans le cadre du même programme, le HCR et une ONG partenaire, Belenfance, aident les enfants rescapés de la violence ou de l'exploitation qui n'ont pas pu aller à l'école ou continuer leur formation scolaire. Les enfants de travailleuses du sexe sont aussi aidés.

Un responsable d'une école primaire qui participe au projet a dit que certains élèves, pour la plupart orphelins, avaient déjà exercé des métiers inadaptés, comme livreur d'alcool aux marchés et aux bars. Il a dit que les élèves devaient travailler de longues heures et qu'ils risquaient d'être violés. Ils avaient également du mal à trouver de la nourriture.

Belenfance veut renvoyer plus de 130 enfants dans les écoles du territoire de Masisi cette année. Quatre-vingt-treize d'entre eux ont été exploités sexuellement, et les autres sont des enfants de travailleuses du sexe. Le financement a permis d'inscrire seulement 48 enfants, mais le HCR cherche à obtenir une aide supplémentaire pour que tous les enfants recensés par l'ONG puissent aller à l'école.

Le responsable de l'école primaire a dit que les enfants ont voulu s'inscrire après avoir vu leurs amis prendre le chemin de l'école. Il a ajouté que l'année dernière, en signe de bonne volonté, l'école avait exempté de frais de scolarité les nouveaux élèves, dont bon nombre n'auraient jamais pu payer ces frais.

Belenfance aide aussi les parents de certains des enfants inclus dans le programme à mener des activités génératrices de revenus, afin qu'ils puissent subvenir aux besoins de leur famille et permettre à leurs enfants d'aller à l'école. Le programme prévoit une aide pour des activités comme l'élevage, la couture et la coiffure.

L'ONG locale organise également des activités quotidiennes visant à prévenir la violence sexuelle et l'exploitation des enfants, y compris des campagnes de mobilisation dans les quatre sites pour personnes déplacées du territoire de Masisi. Achille Rutebuka, travailleur social à Belenfance, visite un autre camp et hurle des messages de sensibilisation à l'aide de son porte-voix.

« Les filles et les garçons vivant dans les sites pour personnes déplacées sont souvent obligés de se soumettre à des relations sexuelles simplement pour survivre. Leurs parents ne peuvent rien faire pour prévenir cette situation, car ils ne sont pas capables de subvenir aux besoins de leurs enfants » dit Rutebuka, tout en ajoutant que les programmes comme celui qui est mis en œuvre dans le territoire de Masisi aident. « Nous pouvons voir le changement qu'apporte le travail de défense des intérêts effectué par le HCR. Il est palpable. »

Plus de 900 000 personnes sont toujours déplacées dans la province du Nord-Kivu.

* Prénom modifié pour des raisons de sécurité

Par Céline Schmitt dans le territoire de Masisi, République démocratique du Congo

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