Fort taux de participation aux élections de représentants des réfugiés à Dadaab

Articles d'actualité, 28 août 2013

© HCR/D.Mwancha
Les réfugiés remplissent un bulletin de vote pour sélectionner leurs représentants parmi plus de 1000 candidats dans les camps de réfugiés de Dadaab, au Kenya.

DADAAB, Kenya, 28 août (HCR) Dans un complexe de camps de réfugiés de la taille d'une petite ville, les plus grandes élections jamais organisées pour élire des représentants de réfugiés se terminent.

Plus d'un tiers des réfugiés parmi les 400 000 qui vivent dans les camps de réfugiés de Dadaab au Kenya ont enregistré leur vote pour 1 002 candidats qui ont fait campagne pour des postes de représentants. Les votants ont dû sélectionner des chefs de camp, des chefs de section et des chefs de quartier, chacun de ces postes étant attribué à un homme et une femme. Les votes ont commencé lundi. Ils se sont déroulés tour à tour dans les cinq camps qui composent le site de Dadaab et ils se termineront jeudi.

De larges files d'attente se sont formées chaque jour devant les bureaux de vote dont les heures d'ouverture ont dû être étendues pour donner à chacun la chance de faire enregistrer son vote. Environ 60% des personnes enregistrées sur les listes d'électeurs ont déjà voté, ce qui représente une large amélioration par rapport au taux de votants de 25% pour les précédentes élections tenues en 2006.

Sheikh, 53 ans, vit à Dadaab depuis 1991 et, comme presque tous les réfugiés ici, il a fui le conflit déchirant la Somalie voisine. Il dit être heureux de la façon dont les élections ont été organisées. Il ajoute que le processus ordonné lui rappelle son ancienne vie, avant que la Somalie ne tombe dans l'anarchie.

« Même si mon candidat perd l'élection, j'accepterai le verdict du peuple », explique-t-il. « Dans chaque élection, il y a toujours un gagnant et un perdant. »

L'organisation de cet exercice de démocratie à grande échelle a été dirigée par le Département kényan chargé des affaires de réfugiés (DRA) (Ministère d'Etat de l'Immigration et de l'Etat Civil) avec le soutien du HCR et d'autres organisations humanitaires. « Pour que nous puissions accéder aux communautés réfugiées et résoudre leurs problèmes, c'est très important que nous ayons un leadership structuré et légitime », indique Patrick Musango, chef du DRA à Dadaab. « Nous attendons de ces leaders qu'ils nous aident pour livrer l'aide humanitaire, maintenir la sécurité et plus généralement faire respecter la loi. »

Natesho, âgée de 32 ans, indique qu'elle attend des gagnants qu'ils soient ardents défenseurs du droit des réfugiés, y compris pour améliorer l'éducation, les soins de santé et les moyens d'existence ainsi que la sécurité dans les camps. Elle n'avait pas voté aux précédentes élections car elle n'avait pas confiance dans le processus. Cette fois, elle dit qu'elle ressent les choses différemment. Elle désire que son fils puisse grandir dans un environnement d'éducation et de démocratie.

Hussein a voté en espérant que les nouveaux représentants agiront pour augmenter les bourses pour les étudiants et les opportunités d'emploi pour les jeunes réfugiés. Agé de 34 ans, il était bébé quand sa famille a fui la Somalie et, comme de nombreux jeunes réfugiés à Dadaab, il considère le Kenya comme son pays natal.

Responsabiliser les personnes vivant dans le plus vaste camp de réfugiés du monde pour qu'elles deviennent autonomes est essentiel pour la dignité de la communauté et pour assurer en continu les prestations de services. Les leaders élus seront engagés dans la prise de décisions sur des problèmes communautaires tout en facilitant et soutenant le travail des agences humanitaires qui opèrent à Dadaab. Leur travail se fait une base volontaire et ils ne reçoivent pas de salaire.

« Nous espérons que ces élections permettront une légitimité et une adhésion communautaire pour la gestion des réfugiés, y compris la sécurité dans les camps », a indiqué Ahmed Warsame, chef des opérations à Dadaab. « Il est particulièrement encourageant de voir une nouvelle génération de leaders qui sont plus jeunes avec une meilleure éducation que leurs prédécesseurs engagés dans ce processus. »

Par Assadullah Nasrullah et Duke Mwancha à Dadaab

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Les trois camps de Dadaab, dont la capacité d'accueil était initialement prévue pour 90 000 personnes, comptent désormais une population d'environ 250 000 civils somaliens, ce qui fait de ce complexe accueillant des réfugiés l'un des plus grands et des plus surpeuplés au monde. Le HCR craint l'arrivée de dizaines de milliers d'autres réfugiés en 2009 dans cette région isolée située au nord-est du Kenya, alors que la situation continue à se détériorer dans leur pays en proie à des troubles.

Les ressources, comme l'eau et la nourriture, se réduisent dangereusement dans les camps surpeuplés, avec parfois 400 familles se partageant l'usage d'un robinet d'eau. Il n'y a plus de place pour monter de nouvelles tentes, et les nouveaux arrivants doivent partager des abris déjà surpeuplés avec d'autres réfugiés.

Début 2009, le Gouvernement kényan a donné son accord pour allouer des terres supplémentaires à Dadaab, ce qui permettra d'héberger quelque 50 000 réfugiés. Les photos ci-après montrent les conditions de vie dans le camp de Dadaab en décembre 2008.

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Dadaab, un complexe de trois camps accueillant quelque 160 000 réfugiés, principalement originaires de Somalie, a été coupé du monde par un mois de fortes pluies qui ont emporté la seule route permettant de relier les camps isolés depuis la capitale kenyane, Nairobi. Le transport aérien s'est avéré la seule solution pour faire parvenir les secours vers les camps.

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L'UNHCR a commencé à transférer les réfugiés - souvent avec des charrettes, tirées par des ânes - vers un lieu plus en sécurité, le camp de Hagadera, situé à 20 kilomètres et à une altitude plus élevée. La mise en place d'un pont aérien a permis d'apporter du carburant pour les générateurs, des kits médicaux d'urgence, des bâches en plastique et des pelles pour remplir des sacs de sable afin de consolider les digues anti-inondations. Des biens de premier secours ainsi que de la nourriture ont été distribués aux réfugiés démunis.

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