Journée mondiale de l'eau : Garantir de rares ressources en eau au Tchad

Articles d'actualité, 20 mars 2009

© HCR/M.Bleasdale
Des personnes déplacées creusent un puits pour faire boire leurs animaux, dans l'est du Tchad.

CAMP DE FARCHANA, Tchad, 20 mars (HCR) Faire la queue est devenu une activité quotidienne dans la vie de Mariam Mouktar. Elle se lève tôt chaque matin et intègre la file d'attente avec de nombreux autres réfugiés soudanais pour remplir à son tour son seau à un robinet.

L'eau est une ressource rare pour les populations vivant dans les étendues arides et semi désertiques de l'est du Tchad. Toutefois, quand vous vivez côte à côte dans un camp de réfugiés poussiéreux avec près de 21 000 autres personnes, l'eau devient un problème majeur.

« Avoir si peu d'eau est un réel problème dans le camp. Depuis que je suis venue ici en 2004, nous n'avons jamais eu assez. Je dois cuisiner, laver mes trois enfants, nettoyer les vêtements et mes quelques chèvres ont soif aussi », a expliqué Mariam. « Vous devez vous lever très tôt chaque matin, pour être au début de la file d'attente, sinon il ne reste pas suffisamment d'eau. »

Toutefois l'agence des Nations Unies pour les réfugiés et le Ministre tchadien pour l'eau et l'environnement ont tout juste commencé à mettre en œuvre une stratégie plus durable pour l'eau, dans les 12 camps gérés par le HCR à l'est du pays, qui remplacera partiellement les systèmes de haute technologie lourds à gérer, qui sont actuellement en place.

Cette nouvelle approche sur trois ans vise, via une combinaison de techniques modernes et traditionnelles, à garantir les réserves des nappes phréatiques s'épuisant rapidement au Tchad et à assurer que les 250 000 réfugiés soudanais dans les camps seront moins dépendants d'une technologie sophistiquée pour l'approvisionnement de cette ressource vitale. Les communautés locales pourront aussi en bénéficier.

« En principe, il y a suffisamment d'eau au Tchad. Cependant, à cause de la surpopulation dans les camps, nous avons extrait trop d'eau, et ce dans un délai trop court », a indiqué Christian Guillot, qui dirige une équipe du HCR pour l'eau et l'assainissement comptant sept personnes dans la ville d'Abéché. « Nous ne sommes pas dans une situation d'urgence, alors nous devons revoir notre approche et davantage revenir à des systèmes traditionnels, sinon dans quelques années il n'y aura plus d'eau du tout », a-t-il ajouté.

Durant la première année du plan, de nouveaux puits seront forés dans les 12 camps de réfugiés et dans les villages environnants l'objectif étant de 16 puits pour les troupeaux ; 37 puits principaux avec des pompes manuelles et 46 puits instantanés. Parallèlement, l'équipe de Christian Guillot recherchera des réserves d'eau souterraines avec l'aide d'experts français et suisses.

Par ailleurs, cette année, les communautés locales et réfugiées seront formés sur l'utilisation de différentes sources d'eau pour différents objectifs : pour la boisson, pour le bétail, pour les cultures et pour le travail de construction. Lors de l'étape suivante, des pompes à eau électriques seront remplacées par des pompes manuelles traditionnelles, qui seront plus faciles d'utilisation et moins onéreuses à entretenir.

Tous les puits se rempliront naturellement chaque année à la saison des pluies, qui dure de juillet à septembre. « La quantité d'eau ici est visiblement moins importante », a expliqué Christian Guillot, « mais en construisant plusieurs puits traditionnels dans les wadis [des lits de rivières asséchées], nous n'épuiserons pas les réserves des nappes phréatiques situées en profondeur sous le désert. »

Christian Guillot a indiqué qu'à part trouver des solutions pour l'approvisionnement en eau, le projet « vise aussi à calmer des tensions survenant entre les réfugiés et leurs communautés d'accueil. Et une fois que les réfugiés rentreront dans leurs villages d'origine au Darfour, nous aurons créé des sources d'eau durables pour la population tchadienne. »

Ce sera une bonne nouvelle pour Miriam. Elle a indiqué que, dans son village au Darfour, « nous n'avions jamais eu de problèmes d'eau car tous nos villages étaient beaucoup plus petits et notre population n'a jamais excédé un certain nombre. » Elle devra encore faire la queue sous le soleil brûlant, mais peut-être pas aussi longtemps chaque jour.

La situation est pire dans d'autres camps. A Farchana, les 18 points de distribution d'eau fournissent jusqu'à 16 litres par personne et par jour, la quantité minimale se situant entre 15 et 20 litres. Dans des camps plus au nord, aux alentours des zones plus arides d'Iriba ou de Bahaï, chaque personne reçoit tout juste six à 10 litres d'eau par jour.

Par Annette Rehrl au camp de Farchana, Tchad

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