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Selon le chef du HCR, la communauté internationale doit se répartir la charge des réfugiés syriens
Articles d'actualité, 30 septembre 2013
GENÈVE, 30 septembre (HCR) – Le chef du HCR a appelé lundi la communauté internationale à mettre en place des mesures plus nombreuses et plus solides pour un partage de la charge avec les pays accueillant les réfugiés syriens. Il a prévenu que la population immense des réfugiés syriens ayant fui la guerre menace le tissu économique et social de ces pays.
« Le Liban, la Jordanie, la Turquie et l'Iraq hébergent les vagues incessantes de réfugiés syriens, sauvant des vies et dispensant une protection. Ils ont fait preuve de générosité à l'égard de leurs voisins mais au prix de sacrifices qui les ont poussés dans leurs derniers retranchements », a indiqué António Guterres, le Haut Commissaire pour les réfugiés, aux délégués présents pour le segment de haut niveau à l'ouverture de la réunion annuelle du Comité exécutif du HCR à Genève.
A la fin de la semaine dernière, ces quatre pays et l'Egypte accueillaient plus de 2,1 millions de réfugiés syriens enregistrés comme tels : plus de 760 000 au Liban, 525 000 en Jordanie, 490 000 en Turquie, 190 000 en Iraq et plus de 125 000 en Egypte. De plus, ces chiffres n'incluent pas les centaines de milliers de personnes qui ne se sont pas inscrites ou les Syriens qui vivaient déjà dans ces pays en tant que migrants économiques.
« Dans le cadre de l'exercice de mon mandat en tant que Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, il est de mon devoir de demander aux Gouvernements de ces Etats, comme à tous les autres, d'ouvrir leurs frontières et de continuer d'offrir une protection à tous les Syriens qui en ont besoin », a indiqué António Guterres. « Mais il m'incombe également de demander à la communauté internationale de comprendre que ce fardeau est trop lourd à assumer pour les seuls pays voisins et de mettre en place des mesures plus nombreuses et plus solides pour se répartir cette charge. »
Le chef du HCR a déclaré que les pays hôtes ont besoin de beaucoup plus qu'un simple appui aux programmes humanitaires. Ils pourraient nécessiter un appui budgétaire important, y compris une aide d'urgence au développement dans des secteurs comme la santé, l'éducation, le logement, l'eau et l'énergie.
« Certains des pays touchés pourraient nécessiter un appui budgétaire direct. De nombreuses communautés hôtes ont besoin d'un investissement massif dans le développement à plus long terme, à mesure que les défis auxquels ils sont désormais confrontés ne feront probablement que croître », a-t-il indiqué.
Les pays ont déjà contribué à hauteur de 47 pour cent de la somme de près de trois milliards de dollars recherchée par les Nations Unies pour venir en aide aux réfugiés syriens dans la région ainsi qu'à hauteur de 54 pour cent de l'appel de fonds supplémentaire lancé par les Nations Unies et s'élevant à 1,4 milliard de dollars pour l'aide humanitaire aux déplacés à l'intérieur de la Syrie.
« Le conflit en République arabe syrienne ne représente pas seulement une menace à la paix et à la sécurité globales, mais pose des problèmes structurels fondamentaux aux pays de la région. Ils sont aux prises avec d'énormes bouleversements démographiques du fait de l'afflux des réfugiés mettant à mal leur tissu social et économique », a indiqué António Guterres.
Partout dans la région, le déficit budgétaire enfle, la croissance souffre et les emplois, les salaires et le niveau des prix sont touchés, contraignant les familles locales et réfugiées à lutter pour joindre les deux bouts. Au Liban, une récente évaluation de l'impact social et économique, conduite par la Banque Mondiale, a révélé que le taux de chômage pourrait doubler d'ici la fin 2014 et qu'encore 170 000 Libanais de plus pourraient être réduits à la pauvreté.
António Guterres a indiqué que la Turquie a couvert presque la totalité – essentiellement prélevée sur son propre budget – du coût de deux milliards de dollars pour l'assistance aux réfugiés syriens. La Jordanie, pays voisin de la Syrie au sud, estime qu'à la fin 2013, le coût de l'hébergement des réfugiés syriens atteindra 1,7 milliard de dollars. Des centaines de millions de dollars ont déjà été dépensées par les autorités dans les approvisionnements supplémentaires en eau, pain, gaz et électricité depuis le début de la guerre civile en Syrie depuis le début de l'afflux des réfugiés il y a près de deux ans.
« J'ai été extrêmement frustré de voir que tous les appels pour une solution politique semblaient sombrer dans l'oubli et que les différentes parties étaient incapables de se réunir et de mettre un terme aux souffrances des Syriens et à la déstabilisation progressive des pays voisins », a-t-il indiqué. « Toutefois, alors que le conflit continue toujours, la réunion d'aujourd'hui sur la solidarité et le partage de la charge avec les pays hôtes revêt une importance encore plus grande. »
En plus de l'aide financière aux pays les plus affectés par la crise des réfugiés syriens, António Guterres a indiqué que les autres pays doivent partager la charge pour l'accueil des réfugiés.
A titre d'exemple, il a remercié la Suède pour sa récente décision d'accorder des permis de séjour permanent aux réfugiés syriens. Il a également souligné que l'Allemagne procède actuellement au transfert de 5 000 réfugiés syriens depuis le Liban vers l'Allemagne, où ils recevront des permis de résidence de deux ans. Ils pourront également accéder aux services de santé et d'éducation et auront le droit de travailler.
« J'espère que d'autres pays feront des offres semblables, y compris le regroupement familial. Si la situation en République arabe syrienne se dégrade encore considérablement, la communauté internationale pourrait devoir envisager l'évacuation humanitaire d'urgence des réfugiés syriens vers des pays extérieurs à la région pour relâcher la pression sur les pays voisins », a-t-il indiqué.
Selon António Guterres, la réponse internationale à la crise des réfugiés syriens – avec la charge incombant principalement aux pays proches – reflète plus largement la situation des réfugiés, où des pays en développement accueillent quatre réfugiés sur cinq à travers le monde. La réaction à la crise, a-t-il déclaré durant la réunion, serait un test sur la volonté de la communauté internationale à fournir ce qui est nécessaire pour préserver la protection internationale des réfugiés et la stabilité régionale.
Le segment de haut niveau sur la solidarité et le partage de la charge avec les pays voisins accueillant les réfugiés syriens, organisé pour davantage soutenir ces pays, se finit mardi après-midi. Cette conférence réunit des ministres gouvernementaux et d'autres hauts représentants ainsi que les chefs du HCR, du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), de l'UNICEF, du Programme alimentaire mondial (PAM) et du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA).