Echanges par Internet entre des classes réfugiées et américaines

Articles d'actualité, 20 janvier 2011

© Darfur Dream Team
Gabriel Stauring avec des enfants réfugiés dans le camp de Djabal à l'est du Tchad. Il travaille avec l'organisation Sister Schools pour des échanges par Internet entre les élèves des camps et des enfants américains.

Darfur Dream Team est un partenariat d'organisations et de basketteurs professionnels qui travaillent ensemble pour organiser des échanges entre des écoles américaines et des écoles situées dans douze camps de réfugiés du Darfour à l'est du Tchad, via son programme Sister Schools. Gabriel Stauring est le fondateur et directeur d'i-ACT, l'un des partenaires de Darfur Dream Team. Son rôle s'est avéré déterminant pour mettre en œuvre le programme Sister School. Il s'est rendu dans des camps de réfugiés au Tchad et a enseigné aux élèves l'utilisation d'Internet pour communiquer et développer de nouvelles amitiés avec des élèves aux Etats-Unis. Dasha Smith, stagiaire en communication au bureau du HCR à Washington, l'a rencontré.

Parlez-nous du programme Sister Schools Darfur Dream Team et de votre engagement dans ce projet.

Ce projet a démarré lors d'une visite dans les camps par un joueur de basket de la NBA, Tracy McGrady, guardien pour les Detroit Pistons, avec John Prendergast, co-fondateur du Projet Enough, il y a quelques années. Si vous vous rendez dans l'un de ces camps et que vous demandez aux enfants réfugiés « De quoi avez-vous le plus besoin ? » même s'ils ont besoin de vivres et de vêtements ils vous répondront toujours : aller à l'école. A leur retour, Tracy et John ont décidé qu'ils allaient agir pour les aider. Alors, c'est de là qu'est née l'idée de la Dream Team. D'abord, l'idée a été de collecter de l'argent dans les écoles américaines pour l'éducation dans les camps, mais John m'a contacté car il voulait que les élèves des camps aient des connaissances et une expérience dans le domaine multi-média. Nous avons donc eu l'idée d'apporter l'informatique dans les camps pour permettre à des Américains de se connecter directement avec des réfugiés. L'idée principale du Programme Sister Schools ne consiste pas seulement à collecter des fonds, en organisant un événement et en envoyant un chèque. Il s'agit d'aider les gens dans les écoles et les communautés aux Etats-Unis pour vraiment connaître des personnes dans les camps. Alors cela devient une relation personnelle, synonyme d'affection et d'échange les uns avec les autres.

Combien de voyages avez-vous effectué au Darfour et qu'en avez-vous retiré ?

Mon premier voyage s'est déroulé en 2005 et je suis parti là-bas neuf fois. Cela a complètement changé ma vie. La première fois, je pensais que ce serait mon seul voyage. J'occupais un emploi à plein temps et je faisais ce voyage pour mon plaisir. J'ai ressenti que ce qui manquait à ce moment-là, et encore maintenant, c'était une façon de connecter les personnes entre elles sur des sujets importants. Quand les gens voient des sujets d'actualités dans les médias, cela reste abstrait et ils ressentent qu'ils ne peuvent être d'aucune aide à ce sujet. Je pensais qu'il était capital que les gens puissent échanger entre eux à un niveau personnel et voir que les personnes dans les camps sont exactement comme eux. Cela change une perspective du tout au tout s'ils rencontrent un enfant qui ressemble vraiment au leur et cela justifie alors davantage d'agir pour les aider. Pour moi, cette première fois dans un camp tentaculaire avec des dizaines de milliers de personnes, avec des rencontres authentiques, a complètement modifié la nature de mon engagement sur ce problème et a fait de moi un défenseur à vie des personnes vivant dans les camps.

Y a-t-il un moment particulier qui ait motivé votre travail en tant que défenseur des réfugiés au Darfour ?

En fait, la crise au Rwanda a eu un impact énorme. Je me souviens des actualités sur le dixième anniversaire du génocide et je pensais que je n'avais rien fait du tout quand cela s'était passé dix ans auparavant. Alors quand j'ai commencé à entendre parler du Darfour, je savais que je devais agir, mais j'étais alors loin d'imaginer le niveau de mon engagement d'aujourd'hui, qui est à temps plein. J'ai commencé à faire de petites choses comme envoyer des e-mails à ma famille et mes amis en leur disant : « Avez-vous entendu parler de cette crise ? » Puis chaque jour j'ai passé une étape supplémentaire comment en faire davantage jusqu'à me retrouver, un an après, dans un camp de réfugiés.

En quoi consiste le partenariat entre la Darfur Dream Team et le HCR ?

Le HCR gère les camps de réfugiés au Tchad. L'organisation travaille avec des partenaires pour aider à fournir tous les services disponibles dans les camps. Cela est venu tout naturellement de travailler avec le HCR dont le travail se concentre sur la protection des enfants et de toutes les personnes dans les camps. Durant les missions dans les camps, on voit que l'éducation signifie bien plus qu'aux Etats-Unis ou dans d'autres régions du monde. C'est une question de vie ou de mort. Cela veut dire que lorsque les enfants n'ont pas d'espoir ils essayent de voir en dehors des camps ce qu'ils peuvent faire. Certains rejoignent des groupes rebelles, d'autres essayent de rentrer au Darfour pour trouver une meilleure éducation. Un grand nombre d'enfants ont péri après leur retour pour trouver une meilleure éducation. Pour la Dream Team, il s'agit de restaurer l'espoir et de travailler avec le HCR pour assurer une éducation basique et également construire l'espoir d'une vie réussie en dehors du camp.

Quel est le prochain voyage de la Darfur Dream Team vers le Tchad et qu'espérez-vous accomplir à cette occasion ?

Nous prévoyons de retourner dans le premier camp dans lequel nous nous étions rendus pour la Darfur Dream Team, à Djabal, à la mi-mars. Nous avons branché le camp à Internet et nous allons un peu améliorer le système. Nous allons passer à une nouvelle génération d'ordinateurs, plus faciles, et faire un peu de formation pour les élèves. Nous apprécions également d'organiser des échanges en live lorsque nous montons un canal vidéo, pour que les enfants du camp et ceux aux Etats-Unis puissent se voir, se poser des questions entre eux et rire ensemble. Nous avons également pensé à coordonner un événement plus important aux Etats-Unis, où une audience plus importante pourrait échanger avec les enfants dans le camp.

Selon vous, que vont retirer les élèves au Tchad et aux Etats-Unis de cette expérience ?

Ce qui est passionnant, c'est que nous ne savons pas à quel niveau le projet peut se développer. Avec juste les quelques échanges que nous avons organisés, nous voyons que ce sont les premiers contacts avec des questions simples du type « Qu'est-ce que tu aimes faire ? » « Comment tu dances ? » et vous voyez les enfants danser devant l'écran de l'ordinateur. Je crois que la simple possibilité de construire une relation interpersonnelle ouvre un océan d'opportunités pour tous : être capable d'apprendre de l'autre et pouvoir s'aider les uns les autres.

Le site Internet de la Darfur Dream Team : http://www.darfurdreamteam.org/

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Education

L'éducation joue un rôle fondamental pour aider les jeunes déracinés à retrouver l'espoir et la dignité.

L'autre crise de réfugiés au Tchad

Une seconde crise de réfugiés se développe silencieusement dans le sud du Tchad depuis ces dernières années. Cette crise n'attire que peu d'attention de la part des médias et de la communauté internationale. Environ 60 000 réfugiés de la République centrafricaine sont hébergés dans le sud du Tchad. Ils sont répartis dans cinq camps et ils reçoivent une aide régulière du HCR. Toutefois le financement pour cette aide et pour des projets de réintégration reste faible. Les réfugiés ont fui les combats entre des groupes rebelles et les forces gouvernementales au nord de la République centrafricaine. Depuis le début de l'année 2009, 17 000 nouveaux réfugiés sont arrivés dans le sud-est du Tchad.

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Des milliers de personnes sont déplacées à l'intérieur du Tchad

Lors de scènes de dévastation au mode opératoire similaire à celles du carnage perpétré au Darfour voisin, quelque 20 villages dans l'est du Tchad ont été attaqués, brûlés et pillés par des groupes de nomades armés depuis le 4 novembre. Des centaines de personnes ont été tuées, davantage encore ont été blessées. Au moins 15 000 personnes ont été déplacées de leurs villages d'origine.

Quelque 7 000 personnes se sont rassemblées aux alentours de Goz Beida, où elles ont trouvé abri sous des arbres ou ailleurs. L'UNHCR distribuera des articles de secours dès que la situation sécuritaire le permettra. L'agence des Nations Unies pour les réfugiés a déjà distribué des bâches en plastique, des matelas, des couvertures et des médicaments aux déplacés internes nouvellement arrivés dans le camp de Habila. L'agence recherche actuellement un site temporaire pour accueillir les nouveaux arrivants et entre temps va augmenter le nombre de points d'eau dans le camp de Habila.

La détérioration de la situation sécuritaire dans la région est extrêmement préoccupante, ainsi que ses conséquences sur les opérations de l'UNHCR pour aider les déplacés internes et les réfugiés. Il y a 90 000 déplacés internes au Tchad, ainsi que 218 000 réfugiés originaires du Darfour présents dans 12 camps de l'est du Tchad.

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Tchad : l'éducation en exil

L'UNHCR s'associe avec le Ministère de l'éducation et des partenaires ONG pour améliorer l'éducation des réfugiés soudanais au Tchad. La violence continue dans la région ouest du Darfour, au Soudan, a déraciné deux millions de Soudanais dans leur propre pays et a fait fuir quelque 230 000 personnes de l'autre côté de la frontière dans l'est du Tchad. Les réfugiés sont hébergés dans 12 camps au Tchad. Bien que le taux d'inscription à l'école dans les camps au Tchad soit élevé, l'assiduité est variable. Le manque d'instituteurs qualifiés et de fournitures scolaires perturbe le déroulement des classes. Par ailleurs, de nombreux enfants sont accaparés par les tâches domestiques, tandis que d'autres arrêtent l'école pour travailler dans des familles tchadiennes. La fréquentation des filles est moins régulière, surtout après leur mariage qui a lieu généralement lorsqu'elles ont 12 ou 13 ans. Pour les garçons et adolescents, fréquenter l'école diminue le risque d'être recruté par différents groupes armés opérant dans la région.

L'UNHCR et ses partenaires continuent de former et de rémunérer les instituteurs au sein des 12 camps de réfugiés, assurant ainsi une éducation de qualité aux enfants réfugiés. Les ONG partenaires entretiennent les écoles et fournissent les uniformes aux écoliers. L'UNICEF distribue des livres, des cahiers et des fournitures. En août 2007, l'UNHCR, l'UNICEF et le Ministère de l'éducation tchadien ont travaillé conjointement pour améliorer l'éducation des Soudanais déracinés par le conflit au Darfour.

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Les 250 000 réfugiés du Darfour exilés dans lest du Tchad luttent chaque jour pour tenter de survivre avec un minimum deau, de nourriture et de combustible.
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Des réfugiés centrafricains fuient vers le Tchad

La guerre se déroulant en République centrafricaine a reçu peu d'attention de la part des médias, en comparaison avec le conflit du Darfour, alors que ses effets sont semblables. Plus de 17 000 Centrafricains ont traversé la frontière vers le Tchad depuis janvier 2009, portant ainsi le total des réfugiés centrafricains à près de 70 000 dans ce pays.