Le HCR salue le bateau de croisière qui a sauvé 22 personnes en mer Egée

Articles d'actualité, 8 juin 2006

© et avec l'aimable permission de Holland America Line
Un bateau de sauvetage rapide mis à la mer par le bateau de croisière MS Noordam a sauvé 22 personnes de la noyade, après que leur bateau ait coulé en mer Egée.

GENEVE, 8 juin (UNHCR) L'agence des Nations Unies pour les réfugiés a salué le capitaine et l'équipage du MS Noordam, un bateau de croisière enregistré aux Pays-Bas, pour avoir sauvé 22 personnes dont le bateau avait coulé en mer Egée.

Mardi, tôt dans la matinée, le MS Noordam naviguait dans les eaux claires de la mer Egée, lorsqu'un matelot travaillant à l'arrière a aperçu une personne qui flottait dans l'eau. Une mission de sauvetage a immédiatement été lancée grâce à un bateau de sauvetage rapide et deux embarcations.

Deux heures plus tard, 22 personnes, portant toutes des gilets de survie, étaient à bord, le personnel médical du bateau s'occupant de celles ayant besoin de soins. La dépouille d'un enfant mort sans gilet de sauvetage a été repêchée plus tard par les autorités grecques, selon la compagnie de navigation.

Le Noordam, un bateau de croisière de 82 500 tonnes, enregistré aux Pays-Bas, appartient à Holland America Line. Il était en route du port grec de Santorin vers la ville touristique de Kusadasi, le long de la côte turque de la mer Egée. C'est à quatre miles de la côte de l'île grecque de Samos que les personnes en danger ont été aperçues. Aucune information supplémentaire n'est disponible sur le temps qu'elles ont passé en mer.

« Nous sommes très heureux d'avoir pu aider tant de personnes dans ces circonstances si terribles. L'équipage est intervenu de manière remarquable », a indiqué dans un communiqué Stein Kruse, le Président de la Holland America Line.

Les rescapés étaient originaires de différents pays, dont la Somalie et l'Iraq. Ils ont été autorisés à débarquer à Kusadasi, en Turquie, quelques heures après leur sauvetage.

« La Holland America Line est fière de l'équipage du MS Noordam, qui a bien agi en sauvant des vies », a précisé le capitaine du navire, Johannes Mateboer, lors d'une liaison radio avec la côte. « La décision prise par le bateau d'aider les personnes en danger imminent de mort s'inscrit dans le respect absolu de ses obligations morales et légales. »

En vertu du droit international, les capitaines de bateau ont l'obligation de secourir toute personne en détresse en mer. Les personnes secourues en mer devraient être débarquées à l'étape suivante, où elles devraient être admises.

« Nous tenons à saluer le capitaine et l'équipage du MS Noordam pour cette action humanitaire et pour leur respect du droit et des usages internationaux », a précisé le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés António Guterres à Genève. « Nous remercions aussi le Gouvernement de la Turquie pour avoir reçu ces personnes dans le besoin. »

« Cet incident souligne le besoin urgent, pour les Etats, de coopérer afin d'éviter ces tragédies qui surviennent à un rythme presque journalier dans la Méditerranée et ailleurs, lorsque des personnes cherchent par tous les moyens à partir en quête d'une vie meilleure ou d'un refuge », a ajouté Ant*nio Guterres.

« Vu le nombre croissant des décès en mer, le problème de l'immigration irrégulière est désormais sur l'agenda international. Des milliers de personnes ont perdu la vie cette dernière décennie. Même si l'immigration illégale est devenue plus difficile, des migrants africains tentent toujours de rejoindre l'Europe et prennent davantage de risques.

« Rarement une semaine ne se passe sans les nouvelles d'un bateau de fortune ayant sombré avec tous les passagers à son bord, de corps humains sans vie rejetés sur les plages de vacances du sud de l'Europe, et de personnes ayant payé de lourdes sommes à des passeurs, dont la dernière préoccupation concerne le bien-être de leurs clients », a affirmé Erika Feller, la Haut Commissaire assistante en charge de la protection, lors de l'ouverture d'une conférence sur l'interception maritime et le secours en mer dans la Méditerranée.

La conférence de Madrid, organisée par l'UNHCR avec le financement de l'Union européenne et se déroulant grâce à l'hospitalité du Gouvernement espagnol, a réuni des représentants des Etats méditerranéens, l'Union européenne et des organisations partenaires, au sujet d'une meilleure compréhension des dynamiques de mouvements maritimes. Les participants ont également cherché à promouvoir une coopération réelle et efficace face aux dimensions humanitaires et aux questions de protection du problème de migration irrégulière.

La Turquie est un pays de transit pour un grand nombre de personnes essayant de rejoindre l'Europe occidentale. Depuis la fin des années 90, la Turquie a fait des efforts considérables pour améliorer le cadre institutionnel, légal et administratif, ainsi que les procédures pour la migration et l'asile.

L'UNHCR travaille étroitement avec l'Organisation maritime internationale (OMI) et d'autres agences des Nations Unies pour sauvegarder le régime international de recherche et sauvetage, afin d'apporter soutien et conseils aux capitaines qui viennent en aide aux réfugiés et aux demandeurs d'asile en difficulté en mer.

© et avec l'aimable permission de Holland America Line
Un bateau de sauvetage rapide mis à la mer par le bateau de croisière MS Noordam a sauvé 22 personnes de la noyade, après que leur bateau ait coulé en mer Egée.

Alors que les capitaines sont constamment sollicités pour augmenter leur efficacité et réduire leurs coûts, il est essentiel qu'ils continuent de prendre le temps et la peine de secourir les personnes en danger qu'il s'agisse de réfugiés ou de toute autre personne en détresse.

En septembre dernier, un bateau danois, le Eli Maersk, a retrouvé 39 personnes naufragées dans le Golfe d'Aden. Un autre bateau danois, le M.V. Clementine Maersk, a sauvé 27 personnes en détresse sur un boat people dans la mer Méditerranée en mai l'année dernière. En 2001, le cargo norvégien MV Tampa a porté secours à 433 demandeurs d'asile dérivant sur un bateau de pêche près des côtes australiennes.

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Comme tous les pères avec leurs fils, Fewaz et Malak ont parfois du mal à coexister. Une nouvelle coupe de cheveux et une cigarette en cachette peuvent déjà créer des tensions dans le petit appartement qui est leur chez-soi. Malgré cela, un lien puissant les unit : ces réfugiés syriens ont été bloqués pendant près d'un an dans un quartier pauvre d'Athènes.

Ils avaient auparavant fui leur maison avec le reste de la famille durant l'été 2012, après que la guerre ait commencé à tourmenter leur paisible vie. Depuis la Turquie, ils avaient tenté plusieurs fois la traversée périlleuse pour entrer en Grèce.

Malak, treize ans, a été le premier à passer la frontière marquée par le fleuve Evros. Mais Fewaz, sa femme et leurs deux autres enfants n'ont pas eu cette chance en mer. Ils avaient remis toutes leurs économies d'une vie pour tenter la traversée périlleuse de la Méditerranée. Ils ont été refoulés par les gardes-côtes grecs.

Lors de leur sixième tentative, le reste de la famille a traversé la frontière et le fleuve Evros. Sa femme et ses deux enfants ont rejoint l'Allemagne, mais Fewaz est parti vers Athènes pour retrouver Malak.

«Quand j'ai enfin vu mon père à Athènes, les mots ne suffisent pas pour décrire ma joie », dit Malak. Cependant, l'adolescent était hanté par le fait de perdre à nouveau son père. « Je crains que mon père soit arrêté, que ferais-je sans lui ? »

Jusqu'au regroupement de la famille, Malak et son père restent ensemble et se serrent les coudes. Le garçon apprend à se débrouiller en grec. Et Fewaz commence à s'habituer à la coupe de cheveux de son fils.

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L'été, avec son beau temps et une mer plus calme, est souvent le théâtre d'une hausse du nombre de personnes risquant leur vie pour traverser la Méditerranée et demander l'asile en Europe. Cette année, les chiffres ont toutefois augmenté dans une proportion stupéfiante. En juin, les opérations de recherche et de sauvetage Mare Nostrum ont permis de retrouver des passagers désespérés au nombre de plus de 750 par jour.

A la fin juin, le photographe du HCR Alfredo D'Amato est monté à bord du San Giorgio, un bâtiment prenant part au volet italien de l'opération navale, afin de recueillir des informations sur le processus de sauvetage - y compris depuis la première observation de bateaux à partir d'un hélicoptère militaire, le transfert des passagers vers de petits bateaux de sauvetage puis le vaisseau de la marine et, enfin, leur retour sur la terre ferme dans les Pouilles, en Italie.

Le 28 juin en l'espace de six heures seulement, l'équipage a porté secours à 1 171 personnes qui se trouvaient à bord de quatre embarcations surchargées. Plus de la moitié sont originaires de la Syrie déchirée par la guerre, avec, pour la plupart, des familles et de grands groupes. D'autres arrivent depuis l'Erythrée, le Soudan, le Pakistan, le Bangladesh, la Somalie et au-delà. Les photos de A. D'Amato et les interviews qui les accompagnent mettent en lumière la vie de ces personnes dont la situation, dans leur pays, était devenue précaire au point de mettre leur vie en péril.

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L'histoire de Jihan

Comme des millions d'autres, Jihan, 34 ans, était prête à tout pour échapper à la guerre sévissant en Syrie et pour mettre sa famille en sécurité. Contrairement à la plupart, Jihan est aveugle.

Il y a neuf mois, elle a fui Damas avec Ashraf, son mari âgé de 35 ans, qui est également en train de perdre la vue. Avec leurs deux fils, ils se sont rendus en Turquie par la mer Méditerranée, à bord d'un bateau avec 40 autres personnes. Ils espéraient que le voyage ne durerait huit heures. Ils n'avaient aucune garantie d'arriver sains et saufs.

Après une périlleuse traversée qui aura duré 45 heures, la famille est enfin arrivée à Milos, une île grecque de la mer Egée, à des kilomètres de la destination qui était prévue. Sans aucun soutien ni aucune assistance, ils ont dû se débrouiller pour se rendre à Athènes.

La police les a détenus pendant quatre jours à leur arrivée. On leur a demandé de rester hors d'Athènes, ainsi que trois autres villes grecques, en les laissant à l'abandon.

Démunis et épuisés, la famille a été contrainte de se séparer. Ashraf est parti vers le nord en quête d'asile et Jihan s'est rendue à Lavrion avec ses deux enfants, une installation informelle à une heure de route de la capitale grecque.

Aujourd'hui, Jihan est impatiente de retrouver son mari qui, entre temps, a obtenu le statut de réfugié au Danemark. La chambre qu'elle partage avec ses deux fils, Ahmed, 5 ans, et Mohammad, 7 ans, est minuscule, et elle s'inquiète pour leur éducation. Sans greffe de la cornée, une chirurgie très complexe dont elle a besoin d'urgence, son oeil gauche se fermera à jamais.

« Nous sommes venus ici en quête d'une vie meilleure et pour trouver des personnes qui seraient plus à même de comprendre notre situation », explique-t-elle d'un air triste. « Je suis tellement en colère quand je vois qu'ils ne comprennent pas. »

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