Il faut mettre fin à l'apatridie des enfants

Articles d'actualité, 3 novembre 2015

© HCR/M.Redondo
Joe Hullman, 13 ans, collecte des métaux au milieu des déchets dans une décharge municipale à San Pedro de Macoris en République dominicaine.

Le HCR appelle davantage de pays à soutenir la campagne lancée le 4 novembre 2014 pour mettre fin à l'apatridie. Dans l'année qui a suivi, des initiatives et des actions au niveau régional mises en œuvre par des Etats ont fait naître un engagement de la communauté mondiale envers cette campagne.

Genève, 3 novembre (HCR) Joe Hullman a 13 ans et il rêve de jouer au baseball dans son pays natal, la République dominicaine. Toutefois, il n'est détenteur ni d'un certificat de naissance ni de documents d'identité. Il collecte des métaux au milieu des déchets dans une décharge municipale à San Pedro de Macoris.

En Côte d'Ivoire, Issa, 10 ans, espère un jour aller à l'école et recevoir une éducation, mais il doit soigner le bétail et nettoyer la mosquée locale. Ceci car il ne peut prouver son identité et il est apatride.

En Malaisie, Tha Chaa Yeny, 18 ans, a perdu tout espoir de devenir un jour architecte car elle n'a pas de carte d'identité délivrée par l'Etat. Elle détient seulement un certificat de naissance indiquant qu'elle est « non-citoyenne ».

« J'aime regarder les bâtiments portant des décorations, je veux être architecte. Parfois, je pleure quand je pense que je ne pourrai jamais être l'un d'entre eux quand je serai grande », dit-elle.

Toutes les dix minutes, un enfant apatride comme Joe, Issa et Tha Chaa Yeny nait à travers le monde. Il leur est impossible d'étudier, de suivre une formation professionnelle voire même d'ouvrir un compte en banque. Leur vie d'adulte est confrontée à la discrimination car leur situation affecte profondément leur capacité d'apprendre, de grandir ainsi que de réaliser leurs rêves et leurs ambitions.

Une toute première enquête à ce sujet a été menée dans plusieurs pays distincts. Elle examine les points de vue des enfants apatrides sur les problèmes communs auxquels ils sont confrontés dans les pays étudiés. Leur capacité à profiter de leur enfance, à mener une vie saine, à étudier et à concrétiser leurs ambitions est profondément affectée par l'apatridie et les problèmes qui y sont liés.

Parmi des dizaines de jeunes interviewés dans sept pays pour cette étude intitulée « Ici j'existe : l'urgente nécessité de mettre fin à l'apatridie parmi les enfants », beaucoup ont déclaré que l'apatridie avait de graves conséquences psychologiques sur eux. Ils se décrivent comme étant « invisibles », « alien », « vivant dans l'ombre », « comme un chien errant » et « sans intérêt ».

« Dans le temps limité où les enfants apprennent à être des enfants, l'apatridie peut graver dans la pierre des problèmes qui les hantent tout au long de leur enfance et, ainsi, les condamner à une vie de discrimination, de frustration et de désespoir », a indiqué António Guterres. « Aucun de nos enfants ne devrait être apatride. Tous les enfants devraient pouvoir exister. »

Les jeunes apatrides sont victimes de discrimination et de harcèlement de la part des autorités et ils sont plus vulnérables à l'exploitation. Souvent, l'absence de nationalité affecte leur vie ainsi que leurs familles et leurs communautés qui demeurent démunies et marginalisées pendant des générations.

L'apatridie affecte également l'avenir des jeunes. Une jeune femme en Asie a expliqué aux chercheurs du HCR qu'elle ne peut répondre à des offres d'emploi en tant que professeur car elle est apatride. Elle n'a pu trouver qu'un travail d'employée dans un magasin local. « Je veux dire à ce pays que nous sommes nombreux dans mon cas. »

Pour mettre fin à l'apatridie, le HCR exhorte tous les États à prendre des mesures pour éliminer l'apatridie, y compris permettre aux enfants d'acquérir la nationalité du pays dans lequel ils sont nés au cas où ils seraient sinon apatrides et réformer les lois qui empêchent les mères de transmettre leur nationalité à leurs enfants au même niveau que les pères. Le HCR recherche également à assurer un enregistrement universel des naissances pour éviter l'apatridie ainsi que l'élimination des lois et des pratiques qui privent les enfants de nationalité en raison de leur appartenance ethnique, de leur race ou de leur religion.

La publication de cette étude marque le premier anniversaire du lancement de la campagne #IBelong/JExiste visant à mettre fin à l'apatridie d'ici 2024.

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Les apatrides

Des millions d'apatrides sont pris au piège dans un vide juridique, avec des droits fondamentaux limités.

Les Conventions des Nations Unies sur l'apatridie

La Convention de 1954 relative au statut des apatrides et la Convention de 1961 sur la réduction des cas d'apatridie constituent des instruments juridiques essentiels pour la protection des apatrides dans le monde et pour la prévention et la réduction des cas d'apatridie.

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Malaisie : Les réfugiés s'entraident

De nombreux Malais ne peuvent cacher leur étonnement lorsqu'ils apprennent que leur pays accueille des réfugiés. Cela montre à quel point les quelque 67 800 réfugiés sont invisibles. Ils ne vivent pas dans des camps mais dans les villes de Malaisie, dans des appartements et des maisons à bas prix au côté des Malais. Les réfugiés, dont l'écrasante majorité est originaire du Myanmar, vivent par groupes très unis de 20 à 30 personnes dans de petits appartements.

Comme dans de nombreux autres pays asiatiques, le statut officiel de réfugié du HCR ne confère pas toujours une protection adaptée. Les réfugiés ne sont pas autorisés à travailler légalement et ils sont exploités pour effectuer des métiers sales, dangereux et difficiles que refuse la population locale.

Plus que dans d'autres pays, les réfugiés en Malaisie se regroupent pour s'entraider en l'absence de services assurés par les pouvoirs publics. Le HCR, les organisations non gouvernementales et des bénévoles soutiennent ces initiatives, y compris des petits commerces d'artisanat ainsi que des écoles et des dispensaires, qui sont essentiellement menées par les réfugiés eux-mêmes.

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Côte d'Ivoire : Fuir en quête d'un refuge

Le HCR a exprimé son inquiétude croissante pour les civils pris au piège dans le quartier d'Abobo à Abidjan, la capitale économique de la Côte d'Ivoire, après plusieurs jours de combats violents opposant l'ex-rébellion ivoirienne des Forces nouvelles (FN), alliée à Alassane Ouattara, et les forces du président sortant Laurent Gbagbo. Les perspectives restent sombres. Le quartier d'Abobo comptait 1,5 million d'habitants et beaucoup d'entre eux ont fui. Mais des groupes armés auraient empêché d'autres habitants de quitter le quartier. Le HCR est particulièrement préoccupé pour les personnes vulnérables, comme les malades et les personnes âgées, qui ne peuvent pas partir.

Au total, près de 70 000 réfugiés ivoiriens ont déjà fui vers l'est du Libéria depuis l'élection présidentielle de fin novembre.

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Nouveaux afflux de réfugiés ivoiriens au Libéria

Fin mars, plus de 100 000 réfugiés ivoiriens avaient franchi la frontière vers l'est du Libéria depuis que les tensions politiques latentes liées aux élections présidentielles controversées en Côte d'Ivoire voisine ont tourné à la violence en février. La majorité d'entre eux sont allés vers le département de Nimba au Libéria mais, signe que les combats se sont déplacés, quelque 6 000 Ivoiriens ont récemment traversé la frontière vers le département de Grand Gedeh. La plupart des nouveaux arrivants se sont installés dans des villages reculés - certains inaccessibles en voiture. L'agence des Nations Unies pour les réfugiés a envoyé une mission pour évaluer les besoins des réfugiés dans la région.

La photographe Glenna Gordon a photographié les nouveaux arrivants près de Zwedru dans le sud-est du Libéria.

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Libéria : Aide d'un pays voisin

Alphonse Gongleba a fui vers le Libéria avec sa famille il y a quelques mois. Il apprécie l'aide qu'il reçoit dans ce pays, voisin de sa Côte d'Ivoire natale.
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Libéria : Un afflux massif

Plus de 25 000 civils ivoiriens ont fui en quête de sécurité au Libéria. Le HCR aide les communautés locales à faire face.