Un couple d'Iraquiens chrétiens, cherchant à rejoindre leur fils, est bloqué en Europe

Articles d'actualité, 6 juin 2007

© CIRE/A.Dimitrov
Cette photo a été prise dans le centre de détention 127-bis, près de l'aéroport international de Bruxelles. Elle fait partie de 17 images affichées sur les bâtiments de Bruxelles pour sensibiliser l'opinion publique sur la question des centres de détention.

BRUXELLES, Belgique, 6 juin (UNHCR) Chassés de leur maison à Bagdad, Abel* et Leah* errent en Europe depuis deux ans en cherchant désespérément à rejoindre leur fils et leurs proches.

Ce couple d'une cinquantaine d'années membres des Chaldéens chrétiens, une communauté religieuse en difficulté en Iraq passe d'un centre de détention à un autre en Grèce et en Belgique, où vivent leurs proches sous le régime du statut de réfugiés.

Ils sont actuellement détenus au centre de détention Steenokkerzeel 127-bis, près de l'aéroport de Bruxelles. Incapables de communiquer avec le personnel, ils ne comprennent pas les raisons de leur détention de quatre mois et sont en colère quant à la manière dont ils sont traités en tant que demandeurs d'asile.

« Tout ce que nous demandons, c'est de vivre en paix avec notre fils », déclare Abel, âgé de 59 ans. L'UNHCR a demandé aux autorités belges de permettre au couple de pouvoir rester dans le pays. Leur cas reflète les problèmes auxquels sont confrontés de nombreux demandeurs d'asile, surtout iraquiens, à cause du Règlement Dublin de 2003 de l'Union européenne, qui détermine à quel Etat membre revient la responsabilité de l'examen d'une demande d'asile.

Les conséquences pratiques de cette clause font que des gens comme Abel et Leah sont détenus dans un pays européen avant d'être renvoyés vers un autre pays européen, considéré comme responsable de leur demande. Le couple iraquien fait des allers et retours entre la Grèce et la Belgique, à un moment où il leur est impossible de retourner en Iraq.

Abel et Leah ont mené une vie relativement sereine jusqu'à ce que l'Iraq plonge dans l'enfer sectaire qui a suivi de près le renversement du Gouvernement de Saddam Hussein par les Etats-Unis, en 2003. Les Chaldéens étaient bien établis dans la région depuis des siècles, et comptaient parmi leurs membres l'ancien Premier Ministre adjoint iraquien, Tareq Aziz.

Originaires de Zakho, dans le nord du pays, Abel et Leah ont vécu 30 ans à Bagdad, travaillant dans leur épicerie et s'occupant de leurs quatre enfants. Les choses ont toutefois commencé à être de plus en plus difficiles dans la capitale pour les chrétiens après la chute de Saddam Hussein, et la famille a décidé de fuir après que des hommes armés aient attaqué leur maison en décembre 2004, les menaçant de mort s'ils ne leur donnaient une somme de 50 000 dollars avant dix jours.

Abel and Leah sont partis pour la Grèce, où ils ont été détenus pendant trois mois en raison de leur entrée irrégulière. Ils ont déposé une demande l'asile durant cette période, qui a été rejetée en première instance, comme cela a été le cas pour la majorité des demandeurs d'asile en Grèce ces dernières années.

Les demandeurs d'asile, qui reçoivent une décision négative en première instance en Grèce, peuvent habituellement faire appel dans un délai de 30 jours, mais cela n'a pas été possible pour Abel et Leah car ce pays méditerranéen a suspendu toutes les décisions en appel concernant des cas iraquiens depuis 2003.

« Nous n'avons reçu aucune aide juridictionnelle de la part de l'Etat et n'avons pas reçu suffisamment d'explications, dans notre propre langue, sur les détails de la procédure d'asile », s'est plaint Abel. Obligés de se débrouiller, ils ont été informés qu'ils devaient quitter le pays par leurs propres moyens.

En novembre 2005, le couple a payé un trafiquant d'êtres humains pour qu'il les emmène en Belgique, où leur fils va bientôt devenir un citoyen belge. A leur arrivée, ils ont demandé l'asile. Ils ont à nouveau été mis en détention et ont été renvoyés en Grèce, où ils ont été retenus pendant deux semaines à l'aéroport.

La Belgique a alors soutenu que la Grèce était responsable de l'examen de leur demande d'asile, en se référant au Règlement Dublin. Cependant cette législation détermine aussi qu'un Etat membre peut reprendre l'examen d'un cas pour des raisons humanitaires, tout particulièrement celles basées sur des considérations familiales.

Les autorités grecques ont à nouveau donné ordre à Abel et Leah de quitter le territoire arguant que leur affaire avait déjà été traitée et qu'elle était maintenant close. Avec l'aide d'un prêtre de quartier, ils ont essayé de demander à nouveau l'asile. On leur a répondu qu'ils avaient été remis en liberté en raison de leur âge et qu'ils devaient immédiatement quitter le pays, bien qu'ils n'aient nulle part où aller.

Début 2007, ils ont payé un autre « agent » pour retourner en Belgique et ils ont été détenus dès leur arrivée à l'aéroport de Bruxelles le 7 février. L'audience de jeudi, qui se penchera sur leur cas, va mettre un terme à leurs tourments et permettre à la famille d'être enfin réunie.

L'UNHCR estime que quelque 2,2 millions d'Iraquiens ont fui leur pays depuis 2003, la plupart d'entre eux ayant trouvé refuge en Syrie, en Jordanie et ailleurs au Moyen-Orient. Quelques uns ont pris le chemin de l'Europe. L'année dernière, 20 000 Iraquiens ont demandé l'asile dans les pays de l'Union européenne, près de la moitié d'entre eux en Suède. En Belgique, il y a eu seulement 695 demandes d'asile effectuées par des Iraquiens en 2006, et 233 durant les quatre premiers mois en 2007.

* Noms fictifs

Par Judith Kumin à Bruxelles, Belgique

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