Le récent renouveau des combats provoque des déplacements de populations en Libye

Articles d'actualité, 16 janvier 2015

© HCR/L.Dobbs
Environ 400 000 personnes sont déplacées à travers la Libye, y compris cet homme dans un site près de la capitale, Tripoli.

GENEVE, 15 janvier (HCR) L'agence des Nations Unies pour les réfugiés a fait état vendredi de l'intensification des combats à Benghazi et dans d'autres villes de l'est de la Libye depuis début 2015 et qui a provoqué de nouveaux déplacements.

Les déplacements sont survenus vers Benghazi, Derna, ainsi qu'à proximité du golfe de Syrte, à Ben Jawad et Ras Lanouf. Beaucoup ont dû fuir pour la quatrième ou la cinquième fois, ce qui rend difficile d'estimer leur nombre. Toutefois, pour la seule ville de Benghazi, le conseil local rapporte que près de 90 000 personnes seraient dans l'incapacité de rentrer chez elles.

Le HCR estime que ces nouveaux déplacements de population portent le nombre de personnes déplacées à l'intérieur à travers la Libye à environ 400 000. De plus, la Libye accueille près de 37 000 réfugiés et demandeurs d'asile de différentes nationalités dont les conditions humanitaires sont de plus en plus précaires.

Près de la capitale du pays, à l'ouest de Tripoli, des ONG et le conseil local estiment que plus de 83 200 personnes vivent dans des camps, des écoles ou des bâtiments abandonnés. Beaucoup sont dans l'incapacité d'accéder à des soins ou à l'éducation pour leurs enfants. Un nombre important reçoit une allocation limitée d'aide en espèces pour la nourriture.

La plupart des déplacés le sont depuis trois à six mois. Ils sont hébergés en nombre croissant dans des bâtiments publics comme des écoles. Comme leurs économies s'épuisent, ils sont dans l'incapacité de payer la location de logements. Les mois d'hiver sont particulièrement difficiles car les températures à Tripoli, Benghazi et dans des villes du sud tombent en-dessous de 10 degrés Celsius.

Au sud-ouest de la Libye, les personnes déplacées originaires de la ville d'Awbari sont confrontées à des difficultés dans leur vie quotidienne car les services ont été gravement perturbés par les combats entre groupes tribaux rivaux. A cause du conflit en cours, les écoles, les hôpitaux et les marchés restent totalement inaccessibles.

Des pénuries de carburant, d'électricité, de l'eau et de nourriture sont signalées par des comités de crise locaux et des ONG annonçant par ailleurs que quelque 18 500 personnes originaires d'Awbari sont actuellement déplacées dans six villes : Sabha, Wadi Shati, Jufra, Ghat, Mourzouk et Lewenat.

Ces sept derniers mois, le HCR a distribué des articles de secours à près de 28 000 personnes à Tripoli et dans d'autres villes de l'ouest du pays, y compris aux membres de la communauté des Tawerghans qui sont déplacés depuis 2011. Le 5 janvier dernier, en partenariat avec l'ONG Tomazeen en Libye, le HCR a livré des nattes, des draps, des ustensiles de cuisine et des bâches en plastique à 150 familles déplacées dans les villes du sud de Ghat, Lawenat et Tahala.

• FAITES UN DON •

 

• COMMENT NOUS AIDER • • RESTEZ INFORMÉS •

Voir aussi

Manuel pour la protection des déplacés internes

Dans plus de 50 pays du monde entier, quelque 24 millions de personnes sont déracinées et déplacées dans leur propre pays suite à un conflit ou à des violations des droits de l'homme.

Personnes déplacées internes

Les personnes déplacées fuient en quête de sécurité dans d'autres régions au sein même de leur pays, où ils ont besoin d'une aide.

Une foule dense à la frontière tunisienne

À la frontière entre la Libye et la Tunisie, une foule dense de plusieurs milliers de personnes attendant avec angoisse de quitter l'insécurité de la Libye s'est rassemblée dans un no man's land, du côté libyen de la frontière, le 2 mars 2011. Il s'agissait pour la plupart de jeunes hommes et principalement de travailleurs migrants originaires de Tunisie et d'Égypte. Ils cherchaient désespérément à rentrer dans leur pays d'origine ou à trouver un refuge et la sécurité en Tunisie. Après plusieurs nuits passées à la belle étoile, beaucoup étaient épuisés et affamés. Alors que la foule se pressait en direction du poste frontière, plusieurs individus ont été blessés. Le Croissant-Rouge tunisien a dispensé des soins médicaux à ceux qui en avaient besoin. Des employés du HCR se trouvaient également du côté tunisien de la frontière, en appui aux autorités tunisiennes et aux organisations humanitaires.

Une foule dense à la frontière tunisienne

Attente à la frontière égyptienne

Trois semaines après l'éruption de violence en Libye qui a provoqué des déplacements de population, des milliers de personnes sont toujours bloquées à la frontière égyptienne dans l'attente du retour vers leur pays d'origine. Beaucoup sont arrivés épuisés après avoir voyagé pendant des jours sans nourriture ni eau en quantité suffisante. Certains ont livré des récits poignants d'hommes armés faisant du porte à porte de nuit, forçant des Africains sub-sahariens à partir après avoir détruit leurs papiers d'identité et pris leur argent.

Des vols long-courriers supplémentaires vers le Bangladesh et d'autres pays asiatiques sont nécessaires afin de décongestionner la frontière, bien que les ressortissants érythréens et somaliens ne puissent rentrer chez eux. De ce fait, un grand nombre de personnes sont bloquées à la frontière depuis des jours et elles sont obligées de dormir en plein air dans le froid. Le HCR a fourni des couvertures, des matelas en plastique, de la nourriture et de l'eau potable à ceux qui attendent le rapatriement.

Plus de 100 000 personnes sont arrivées au poste frontière de Sallum depuis le début de la crise en Libye. La plupart étaient des travailleurs migrants d'Egypte qui ont réussi à passer la frontière rapidement, mais bien d'autres nationalités attendent toujours du côté libyen.

Attente à la frontière égyptienne

Crise en Libye

Le HCR travaille avec les autorités tunisiennes et égyptiennes et les organisations humanitaires pour faire face à l'afflux massif de dizaines de milliers de personnes qui fuient la Libye. Début mars, deux semaines après le déclenchement des violences en Libye, plus de 140 000 personnes avaient fui vers les pays voisins, alors que des milliers d'autres attendaient de traverser la frontière. Il s'agit pour la plupart de citoyens égyptiens et tunisiens, même si un petit nombre de Libyens et de ressortissants d'autres pays sont parvenus à s'échapper. Le HCR s'inquiète particulièrement du sort de milliers de réfugiés et d'autres étrangers pris au piège à l'intérieur de la Libye, en particulier des personnes originaires de l'Afrique sub-saharienne. Ce reportage photographique donne un aperçu de la situation aux frontières.

Crise en Libye

Libye : Africains en dangerPlay video

Libye : Africains en danger

La guerre civile se termine en Libye, mais les ressortissants d'Afrique subsaharienne craignent des représailles.
Italie : Sauvetage en merPlay video

Italie : Sauvetage en mer

Un navire italien de la police douanière et financière, opérant habituellement contre les trafiquants de drogue, arrive sur l'île de Lampedusa avec un groupe de personnes secourues en mer après avoir fui la Libye.
Italie : survivre en haute merPlay video

Italie : survivre en haute mer

Des milliers de personnes risquent leur vie en effectuant la traversée depuis l'ouest de la Libye vers la petite île de Lampedusa, en Italie. Certains échouent. Voici le témoignage de certains survivants.