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Renaître de ses cendres

Articles d'actualité, 27 mars 2015

Les bombardements n'ont pas épargné un seul bâtiment à Nikishino, en Ukraine. Pourtant, quelques jours à peine après le cessez-le-feu, les gens revenaient pour commencer à reconstruire.

Leurs récits:

© HCR/A.McConnell
Galina transporte tout ce qu'elle possède dans les ruines de Nikishino, en Ukraine.

Nikishino est une ville détruite par le conflit. La ville comptait 900 habitants avant le début des combats dans l'est de l'Ukraine, mais elle s'est retrouvée sur la ligne de front pendant plus de six mois. Aujourd'hui, il ne reste plus grand-chose de la ville. Mais cela n'a pas empêché de nombreux habitants de Nikishino de rentrer chez eux dans les premiers jours qui ont suivi le cessez-le-feu négocié en février.

Comme un squelette de robot géant, dont les veines ont été tranchées et vidées de leur sang, le pylône électrique se dresse dans le brouillard de l'est de l'Ukraine. Il y en a plusieurs sur la route menant à Nikishino. Ils forment une sorte de garde d'honneur de la destruction, avec comme aboutissement une ville en état de désolation presque totale.

Dans la rue, Galina se tient debout comme une sentinelle, le regard fixé vers un avenir incertain. Elle tient deux sacs de plastique à la main; l'un est un sac d'aide humanitaire donné par les agences de l'ONU, l'autre, un sac du grand magasin irlandais Dunnes, contient des effets personnels, récupérés de sa maison détruite. Galina arrive justement de là et elle se dirige vers la maison de sa mère décédée, l'une des rares demeures à ne pas avoir été complètement détruite par le conflit.

« J'ai 65 ans », dit Galina. « Et je tiens à la main tout ce que je possède. »

© HCR/A.McConnell
Partie de Donetsk et faisant route vers l'est en direction du village de Nikishino, près de la frontière entre l'Ukraine et la Russie, une équipe du HCR ne peut que constater la férocité des combats. Les nuages bas et le temps glacial ajoutent à l'étrangeté de la scène aux abords du village, qui a été complètement dévasté.
© HCR/A.McConnell
Liuba, photographiée devant sa maison détruite à Nikishino, en Ukraine. Après avoir cherché les vêtements de ses enfants à l'intérieur, elle est sortie par la fenêtre à l'avant pour éviter la présence d'obus non explosés. « Quand il fera chaud, nous reviendrons vivre ici », dit Liuba, fièrement. « Nous commencerons par refaire une chambre. »
© HCR/A.McConnell
Des résidentes marchent dans la rue principale du village de Nikishino, dans l'est de l'Ukraine. La rue est jonchée d'obus et de mines non explosés.
© HCR/A.McConnell
Galina marche dans la rue principale du village de Nikishino, dans l'est de l'Ukraine, après avoir récupéré quelques affaires de sa maison en ruines. « J'ai 65 ans et je tiens à la main tout ce que je possède. »

Reporter depuis des dizaines d'années, j'ai vu les effets de la guerre en Afghanistan, au Moyen-Orient et en Europe de l'Est. Nikishino figure au premier rang des destructions. Aucun bâtiment, aucune demeure n'ont échappé aux combats.

Pourtant, quelques jours à peine après le cessez-le-feu, les gens rentraient en voiture pour commencer à reconstruire. Et lorsque les camions du HCR sont arrivés, chargés de cartons d'aide humanitaire, près de 200 personnes attendaient patiemment; la plupart avaient signé une pétition pour demander aux autorités d'envoyer des équipes spécialisées pour débarrasser les rues et les jardins du village des obus non explosés.

Pourquoi revenir sur les lieux du danger et de la destruction?

© HCR/A.McConnell
Yuriy Leonov et Tatiana Leonova, debout au milieu des ruines de leur maison à Nikishino, dans l'est de l'Ukraine.

Video "Ukraine: Returning and Rebuilding"

Tatiana Leonova se tient debout à côté de son mari, Yuriy, devant la scène de désolation qu'est leur maison. Sa réponse exprime le besoin presque viscéral de rentrer.

« C'est notre patrie. C'est l'endroit où nos grand-mères et nos grands-pères ont vécu. Nous sommes ici depuis 80 ans et nous avons toujours habité dans la même maison. Mon grand-père a survécu à la Seconde Guerre mondiale et il était incapable d'imaginer que cela se produirait un jour, que notre peuple se ferait la guerre. »

À côté, Sergueï, Katia et leur fille, âgée de trois ans, inspectent leur maison. Elle a été endommagée, puis saccagée pendant les combats. Ils ont déjà réparé une partie du toit. Sergueï et Katia ont tous les deux grandi ici; ils parlent de la rivière, de la beauté des lieux et de la pêche en été. Sergueï dit que dès l'arrivée du printemps, ils planteront le potager.

Planter le potager est un autre besoin viscéral. Le désir n'a rien d'esthétique; il s'agit de manger des légumes frais l'été et marinés l'hiver suivant.

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Sergueï, Katia et leur fille Sofia, âgée de 3 ans, rentrent chez eux après avoir reçu un sac d'aide humanitaire du HCR à Nikishino, dans l'est de l'Ukraine. Ils réparent leur maison dans l'espoir de pouvoir y réaménager.
© HCR/A.McConnell
Sergueï, Katia et leur fille Sofia, âgée de 3 ans, rentrent chez eux après avoir reçu une aide du HCR à Nikishino, dans l'est de l'Ukraine. Les combats ont déplacé plus d'un million de personnes à l'intérieur de l'Ukraine.
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Alexandra Leonova, 91 ans, réside temporairement dans un centre d'hébergement collectif à Shakhtarsk, en Ukraine. En septembre, sa maison à Nikishino a été détruite dans les combats, et elle a dû fuir. Cela fait sept mois qu'elle n'a pas reçu sa pension, et elle a besoin de médicaments.
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La destruction de l'école à Nikishino, en Ukraine, signifie que les enfants du village sont privés d'école depuis le mois d'août dernier.
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Nastya, 11 ans, n'est pas allée à l'école depuis cinq mois, mais elle bénéficie chaque soir de cours particuliers donnés par Ludmila, 69 ans, dans un centre d'hébergement collectif à Shakhtarsk, en Ukraine. « Au début, j'avais vraiment peur, mais, avec le temps, je me suis habituée aux bombardements et aux tirs », dit Nastya. « Je n'ai pas pleuré. »

D'autres ne sont pas encore rentrés. Trente résidents du village brisé vivent dans un centre d'hébergement collectif situé non loin, à Shakhtarsk. Alexandra Leonova, 91 ans, se souvient de la Seconde Guerre mondiale. « J'avais 18 ans lorsque la Seconde Guerre mondiale a éclaté », dit Alexandra. « Mais ce conflit est pire pour moi parce que j'ai tout perdu. Tout a été détruit. »

Nastya, 11 ans, réside aussi dans le centre d'hébergement collectif avec sa maîtresse, Ludmila, qui est âgée de 69 ans. À cause des bombardements, Nastya a raté cinq mois d'école, et elle a vécu pendant plusieurs semaines dans le sous-sol chez elle. « Au début, j'avais vraiment peur, mais, avec le temps, je me suis habituée aux bombardements et aux tirs », dit Nastya. « Je n'ai pas pleuré. »

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Des employés du HCR sur le terrain déchargent des vivres, des couvertures, des vêtements et des trousses d'hygiène pour les résidents de Nikishino, qui se retrouvent sans logis du fait des destructions.
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Le HCR distribue de l'aide aux personnes revenues à Nikishino, en Ukraine. Le village de 900 habitants s'est vidé en septembre lorsque les combats se sont intensifiés. Les combats ont coûté la vie à 10 résidents.

La résilience est une qualité partagée dans la région. Les habitants vont stoïquement revenir et reconstruire, malgré la peur, exprimée par plusieurs d'entre eux, que les combats reprennent.

Ce dont les habitants ont besoin maintenant pour soutenir leur stoïcisme et leur volonté est une aide et les matériaux qui leur permettront de reconstruire leur village et de recommencer une nouvelle vie.

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Déplacement, handicap et incertitude en Ukraine

A ce jour, environ 275 500 personnes sont déplacées internes à cause des combats en Ukraine. Parmi elles, certaines vivent avec un handicap comme Viktoria, 41 ans, et son mari Aleksandr, 40 ans, qui souffrent tous deux de paralysie cérébrale. La vie est déjà difficile dans des conditions normales pour ce couple qui a également deux garçons : Dima, 20 ans, et Ivan, 19 mois. Mais aujourd'hui c'est une véritable lutte.

Fin juillet, les bombardements sur la ville de Donetsk, à l'est de l'Ukraine, ont forcé Viktoria et Aleksandr à fuir vers la région voisine de Kharkiv. Peu après, les médicaments de Viktoria ont commencé à manquer. Recherchant désespérément de l'aide, Aleksandr a appelé la Fondation Rinat Akhmetov qui leur a trouvé un moyen de transport et un hébergement à Kharkiv.

De là-bas, ils ont été transférés au camp d'été de Promotei situé près de la ville de Kupiansk. La forêt, le grand air et le lac à proximité du camp leur ont offert un environnement parfait pour passer l'été. Mais, comme les 120 autres personnes déplacées à l'intérieur du pays (déplacés internes) vivant dans cet endroit, Viktoria et Aleksandr ne pensaient qu'à leur maison. Ils espéraient rentrer avant l'automne. Mais l'automne est vite arrivé et cette option s'éloigne.

Aujourd'hui, le retour à Donestsk n'est toujours pas sûr. En outre, le camp n'a pas été préparé pour l'hiver qui approche et l'administration a demandé aux personnes de partir d'ici le 15 octobre. Viktoria et Aleksandr ne savent pas où aller avec leur jeune fils. Les photos du couple et de leur plus jeune fils ci-dessous ont été prises par Emine Ziyatdinova.

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