Le HCR condamne les attaques contre des déplacés à l'ouest du Tchad et promet davantage d'aide

Articles d'actualité, 13 octobre 2015

© HCR/A.Bahaddou
Situé près de la ville de Baga Sola sur la rive ouest du lac Tchad, ce camp héberge des personnes déplacées par des violences commises par Boko Haram et du fait des pratiques de l'armée tchadienne consistant à transférer les populations hors des îles du lac Tchad lors d'activités militaires.

GENÈVE, 13 octobre (HCR) Le HCR a fermement condamné aujourd'hui deux attentats-suicides survenus le week-end dernier dans l'ouest du Tchad au cours desquels 47 personnes, dont un grand nombre de personnes déracinées du fait des violences au nord du Nigéria, ont été tuées et des dizaines d'autres blessées.

« Le HCR déplore la violence et déplore les pertes en vies humaines causées par des attentats-suicides ce week-end dans la ville de Baga Sola, à l'ouest du Tchad », a déclaré le porte-parole du HCR Leo Dobbs lors d'un point de presse à Genève.

Leo Dobbs a déclaré que le HCR est particulièrement préoccupé par l'attaque commise contre le site de Kousseri à Baga Sola, où sont hébergés des déplacés internes tchadiens.

« (Cette tragédie) a causé la mort d'au moins 22 personnes dans une zone où le HCR et d'autres agences humanitaires tentent de fournir protection et assistance à des dizaines de milliers de personnes déplacées de leurs maisons du fait du conflit avec Boko Haram », a-t-il ajouté.

Selon Leo Dobbs, des informations fournies par la police locale et les services de sécurité de l'ONU font état de cinq kamikazes, trois femmes et deux enfants, qui ont attaqué à la fois le marché puis le site de Kousseri à la périphérie de Baga Sola samedi après-midi. Au moins 25 personnes ont été tuées dans l'attaque commise contre le marché.

Le tout dernier bilan pour les deux sites s'élève à 47 personnes décédées et des dizaines de blessés. Les cas les plus graves ont été transportés par hélicoptère vers N'Djamena, la capitale du Tchad.

Le HCR travaille avec d'autres organisations humanitaires dans un camp de réfugiés connu sous le nom de Dar Es Salam et situé à 10 kilomètres de Baga Sola.

« Tout notre personnel dans la région et les 7 139 réfugiés originaires du Nigéria et du Niger qui sont hébergés au camp de Dar Es Salam vont bien. Cependant nous avons suspendu les voyages vers et depuis la région du lac Tchad. Des vols de l'ONU demeurent en stand-by pour des évacuations ou acheminer du matériel d'aide d'urgence », a déclaré Leo Dobbs.

Durant ces dernières semaines, le HCR a intensifié l'assistance à environ 60 000 personnes déplacées dans la région du lac, distribuant des articles non alimentaires essentiels à plus de 32 800 personnes.

« Beaucoup avaient été déplacées de leurs maisons dans les îles plus tôt cette année quand le lac Tchad est devenu une zone de guerre », a expliqué Leo Dobbs, ajoutant que les conditions de vie étaient précaires.

« La plupart n'ont ni nourriture, ni abri et ne bénéficient pas de soins médicaux. Leurs abris de fortune, certains faits de moustiquaires en mauvais état, fournissent peu de protection contre les insectes ou les éléments durant l'actuelle saison des pluies. »

Il a déclaré que d'autres organisations humanitaires, y compris MSF, le PAM, l'UNICEF et la Croix-Rouge, répondent également aux besoins des personnes déplacées. A part les distributions d'aide, le HCR apporte également un appui aux autorités tchadiennes en transportant de la nourriture depuis la capitale pour les personnes déplacées dans la région du lac, y compris du riz, de l'huile et du sucre.

Selon Leo Dobbs, l'attaque contre Baga Sola a montré combien les déplacés dans la région du lac Tchad sont vulnérables et isolés. Il a également indiqué que le HCR s'est félicité de la détermination des autorités pour améliorer la situation de sécurité.

« Le HCR demeure engagé à aider les déplacés dans l'ouest du Tchad et nous exhortons la communauté internationale à apporter son appui au Tchad », a-t-il déclaré.

L'attaque contre Baga Sola, la toute première contre cette ville, s'est déroulée un jour avant que d'autres femmes kamikazes aient tué neuf personnes à Kangaleri, au nord du Cameroun.

Le Tchad accueille environ 438 000 réfugiés, dont 350 000 Soudanais, 90 000 Centrafricains et 13 000 Nigérians.

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L'autre crise de réfugiés au Tchad

Une seconde crise de réfugiés se développe silencieusement dans le sud du Tchad depuis ces dernières années. Cette crise n'attire que peu d'attention de la part des médias et de la communauté internationale. Environ 60 000 réfugiés de la République centrafricaine sont hébergés dans le sud du Tchad. Ils sont répartis dans cinq camps et ils reçoivent une aide régulière du HCR. Toutefois le financement pour cette aide et pour des projets de réintégration reste faible. Les réfugiés ont fui les combats entre des groupes rebelles et les forces gouvernementales au nord de la République centrafricaine. Depuis le début de l'année 2009, 17 000 nouveaux réfugiés sont arrivés dans le sud-est du Tchad.

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Des milliers de personnes sont déplacées à l'intérieur du Tchad

Lors de scènes de dévastation au mode opératoire similaire à celles du carnage perpétré au Darfour voisin, quelque 20 villages dans l'est du Tchad ont été attaqués, brûlés et pillés par des groupes de nomades armés depuis le 4 novembre. Des centaines de personnes ont été tuées, davantage encore ont été blessées. Au moins 15 000 personnes ont été déplacées de leurs villages d'origine.

Quelque 7 000 personnes se sont rassemblées aux alentours de Goz Beida, où elles ont trouvé abri sous des arbres ou ailleurs. L'UNHCR distribuera des articles de secours dès que la situation sécuritaire le permettra. L'agence des Nations Unies pour les réfugiés a déjà distribué des bâches en plastique, des matelas, des couvertures et des médicaments aux déplacés internes nouvellement arrivés dans le camp de Habila. L'agence recherche actuellement un site temporaire pour accueillir les nouveaux arrivants et entre temps va augmenter le nombre de points d'eau dans le camp de Habila.

La détérioration de la situation sécuritaire dans la région est extrêmement préoccupante, ainsi que ses conséquences sur les opérations de l'UNHCR pour aider les déplacés internes et les réfugiés. Il y a 90 000 déplacés internes au Tchad, ainsi que 218 000 réfugiés originaires du Darfour présents dans 12 camps de l'est du Tchad.

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Tchad : l'éducation en exil

L'UNHCR s'associe avec le Ministère de l'éducation et des partenaires ONG pour améliorer l'éducation des réfugiés soudanais au Tchad. La violence continue dans la région ouest du Darfour, au Soudan, a déraciné deux millions de Soudanais dans leur propre pays et a fait fuir quelque 230 000 personnes de l'autre côté de la frontière dans l'est du Tchad. Les réfugiés sont hébergés dans 12 camps au Tchad. Bien que le taux d'inscription à l'école dans les camps au Tchad soit élevé, l'assiduité est variable. Le manque d'instituteurs qualifiés et de fournitures scolaires perturbe le déroulement des classes. Par ailleurs, de nombreux enfants sont accaparés par les tâches domestiques, tandis que d'autres arrêtent l'école pour travailler dans des familles tchadiennes. La fréquentation des filles est moins régulière, surtout après leur mariage qui a lieu généralement lorsqu'elles ont 12 ou 13 ans. Pour les garçons et adolescents, fréquenter l'école diminue le risque d'être recruté par différents groupes armés opérant dans la région.

L'UNHCR et ses partenaires continuent de former et de rémunérer les instituteurs au sein des 12 camps de réfugiés, assurant ainsi une éducation de qualité aux enfants réfugiés. Les ONG partenaires entretiennent les écoles et fournissent les uniformes aux écoliers. L'UNICEF distribue des livres, des cahiers et des fournitures. En août 2007, l'UNHCR, l'UNICEF et le Ministère de l'éducation tchadien ont travaillé conjointement pour améliorer l'éducation des Soudanais déracinés par le conflit au Darfour.

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Les personnes qui fuient les combats entre l'armée nigériane et les rebelles Boko Haram sont accueillis chaleureusement au Niger.
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Les 250 000 réfugiés du Darfour exilés dans lest du Tchad luttent chaque jour pour tenter de survivre avec un minimum deau, de nourriture et de combustible.
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La guerre se déroulant en République centrafricaine a reçu peu d'attention de la part des médias, en comparaison avec le conflit du Darfour, alors que ses effets sont semblables. Plus de 17 000 Centrafricains ont traversé la frontière vers le Tchad depuis janvier 2009, portant ainsi le total des réfugiés centrafricains à près de 70 000 dans ce pays.