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Un jeune orphelin, réfugié rwandais, commence une nouvelle vie en Norvège
La parole aux réfugiés, 23 juin 2010
KINSHASA, République démocratique du Congo, 23 juin (HCR) – Nicolas* a passé la plupart de sa vie isolé et ballotté entre plusieurs familles de substitution. Au début du mois, cet orphelin âgé de six ans s'est toutefois envolé vers ce qui deviendra son foyer permanent. Il est le premier enfant mineur non accompagné à être réinstallé depuis la République démocratique du Congo vers la Norvège.
Le HCR a soumis une demande de réinstallation pour ce jeune enfant et des membres du personnel du HCR à Kinshasa se trouvaient mercredi dernier à l'aéroport international N'Djili à Kinshasa pour l'accompagner au départ de son voyage vers sa nouvelle famille en Norvège. Naturellement, Nicolas était craintif à l'idée d'entreprendre ce voyage en avion et d'aller vers un nouveau pays.
Toutefois la réinstallation en Norvège lui réserve un bien meilleur avenir dans une nouvelle famille lui apportant affection et confort, en comparaison de celui qu'il aurait eu en restant en RDC.
Son précédent voyage avait été très long et il avait commencé des années avant sa naissance. Le conflit dans la région des Grands Lacs avait forcé ses parents à fuir vers l'est de la RDC dans les années 90, après que le père de Joséphine*, sa Maman, ait été assassiné sous ses yeux.
Sa Maman a alors erré en RDC, passant quelques années dans un centre pour mineurs non accompagnés à Mbandaka, une ville située au bord de la rivière Congo et la capitale de la province Equateur en RDC. Nicolas est né en 2004, peu après que son père ait été tué dans un accident de chasse. Le père de Nicolas était burundais mais il a pris la nationalité rwandaise de sa mère.
Nicolas, alors âgé d'un an, et sa Maman ont déménagé à Kinshasa. Toutefois elle y a mené une vie trouble et le bébé était souvent gardé par des amis de Joséphine lorsqu'elle était à l'hôpital ou en prison. En février 2010, elle est décédée de maladie, elle venait d'avoir 27 ans.
Durant son dernier séjour à l'hôpital, un étudiant est arrivé avec Nicolas et une petite valise au bureau du HCR à Kinshasa en disant qu'il lui avait été demandé de s'occuper de l'enfant mais qu'il ne pouvait pas faire face. De nombreux efforts ont été menés en vain pour trouver une nouvelle famille à Nicolas.
Il a été hébergé temporairement dans un centre de réception pour enfants en attente d'une solution durable, qui est venue lorsque la demande de sa réinstallation a été approuvée il y a quelques semaines.
Sa nouvelle famille trouvera sans nul doute que Nicolas est un enfant intelligent, très actif et débrouillard. Durant les entretiens préliminaires pour sa réinstallation, il était impatient que les questions s'arrêtent et il n'avait qu'une seule envie, retourner jouer avec ses camarades au centre de réception.
Lorsqu'il a fallu prendre des photos pour le passeport et qu'on lui a expliqué qu'il partait en Norvège, il a dit avec des grands yeux: « Mais c'est loin. Comment on y va ? » Et quand on lui a dit qu'il fallait prendre l'avion, il s'est exclamé : « Mais c'est cher et qui va payer ? C'est le HCR qui va payer ? »
En Norvège, il aura un lien direct avec le pays d'origine de sa mère. Sabine*, âgée de 55 ans, se trouvait également dans l'avion pour une réinstallation en Norvège. Originaire du même village rwandais que la Maman de Nicolas, elle est couturière.
Sabine et Nicolas se sont rencontrés durant les préparatifs pour leur voyage par avion vers leur nouvelle vie et cela les a rapprochés. Sabine a pris l'engagement de lui enseigner sa culture et de lui parler de son pays d'origine. Nicolas est réinstallé dans la même ville que Sabine.
De source gouvernementale, on compte quelque 80 000 réfugiés rwandais en RDC. Depuis 2001, le HCR a facilité le rapatriement de plus de 94 000 réfugiés rwandais dans leur pays d'origine depuis la RDC. Dans le cadre d'un Accord tripartite signé en février 2010, la RDC, le Rwanda et le HCR ont convenu de rechercher des solutions durables pour les réfugiés rwandais hébergés par la RDC et pour les réfugiés congolais au Rwanda.
* Noms fictifs pour des raisons de protection
Par Céline Schmitt à Kinshasa, République démocratique du Congo