Le HCR travaille à assouplir les conditions désastreuses dans les centres de détention de l'immigration en Libye

Points de presse, 28 avril 2015

Ceci est un résumé des déclarations du porte-parole du HCR Ariane Rummery à qui toute citation peut être attribuée lors de la conférence de presse du 28 avril 2015 au Palais des Nations à Genève.

En Libye, le HCR et ses partenaires ont porté assistance à certaines parmi les 1242 personnes secourues en mer depuis des embarcations de fortune ou interceptées par les gardes-côtiers libyens au large de Tripoli ces 10 derniers jours. La plupart de ces personnes se trouvent désormais dans des centres de détention de l'immigration.

Ce groupe comprend plus de 200 personnes originaires de la Corne de l'Afrique interceptées à Tajoura (à 16 kilomètres à l'est de Tripoli) dont quatre étaient gravement brûlées à cause d'une explosion de gaz, il y a deux semaines dans un lieu inconnu où elles étaient détenues par des passeurs avant l'embarquement dans un bateau vers l'Europe. Le groupe a été emmené dans un centre de détention de l'immigration à Tripoli où le personnel médical du partenaire du HCR sur le terrain a soigné leurs brûlures et a organisé le transfert à l'hôpital des quatre personnes grièvement blessées, dont une mère de 20 ans avec des brûlures étendues aux bras et aux jambes ainsi que son fils de deux ans souffrant de vastes brûlures au visage.

Le HCR est informé qu'au moins 2 663 migrants ou demandeurs d'asile (y compris des femmes et des enfants) sont répartis à travers la Libye dans huit centres de détention de l'immigration gérés par le Département de lutte contre la migration illégale (DCIM), soit une augmentation significative par rapport aux 1 455 personnes qui étaient détenues il y a un mois. Les principales nationalités dans les centres sont des Somaliens, des Erythréens, des Ethiopiens et des Soudanais, ainsi que les ressortissants de différents pays d'Afrique de l'Ouest. Le HCR sait que 15 centres d'immigration sont désormais opérationnels à travers le pays. Les étrangers en Libye peuvent être arrêtés pour absence de statut d'immigration légale et ils peuvent être détenus pendant une période indéterminée allant d'une semaine à 12 mois. Généralement, le HCR peut organiser en quelques jours la libération des réfugiés et des demandeurs d'asile enregistrés auprès de notre bureau, bien que notre capacité à enregistrer les nouveaux arrivants en Libye soit limitée compte tenu de l'environnement actuel de sécurité. Nous plaidons également la libération des personnes très vulnérables, comme les femmes enceintes ainsi que des alternatives à la détention, si possible.

Notre personnel local et les partenaires qui visitent les centres de détention de l'immigration évoquent de mauvaises conditions, avec des besoins urgents pour davantage d'aide médicale, une amélioration de la ventilation et des installations d'assainissement ainsi que des articles de secours. Avec le taux de détention à la hausse, la surpopulation aggrave des conditions déjà difficiles. Dans certains centres, plus de 50 personnes sont entassées dans des chambres conçues pour 25. Les températures sont en hausse ainsi que les moustiques qui, du fait de la mauvaise ventilation, pourraient propager des maladies. À la demande des autorités locales, le HCR aide à assouplir les conditions désastreuses. Nous donnons du savon, des sous-vêtements, des vêtements et d'autres articles aux détenus dans les huit centres auxquels nous pouvons actuellement accéder.

Il y a quelques 36 000 réfugiés et demandeurs d'asile enregistrés auprès du HCR en Libye (certains d'entre eux ont toutefois peut-être déjà rejoint d'autres destinations), qui sont touchés par la violence croissante et l'anarchie dans le pays. Parmi eux, le plus grand groupe (18 000) sont les Syriens alors que les Palestiniens, les Erythréens, les Iraquiens, les Somaliens et les Soudanais forment des groupes importants. Malgré la situation instable en Libye, le HCR continue d'aider les réfugiés et les demandeurs d'asile via notre personnel local et les ONG nationales partenaires. Nous gérons deux centres de développement communautaire à Tripoli et Benghazi et nous avons également élargi l'action auprès des bénéficiaires cette année grâce à une équipe médicale et sociale mobile à Tripoli. Nous avons également des permanences téléphoniques dédiées à aider les gens à se faire enregistrer, à recevoir une aide de trésorerie, à renouveler des documents ou qui sont en détention. Nous mettons en place une autre hotline avec les garde-côtes libyens pour recevoir des mises à jour en termes de recherche et de sauvetage.

Parallèlement, le HCR continue de fournir des articles d'aide comme des matelas, des couvertures, des vêtements et des ustensiles de cuisine à des milliers de déplacés internes libyens, et soutient les autorités municipales pour suivre les déplacements de populations et évaluer les besoins. Quelque 400 000 Libyens ont été déplacés par les différentes vagues de violence, selon les statistiques de l'ONU.

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Le HCR estime qu'une personne sur dix meurt pendant le voyage en mer. Les corps rejetés par la mer sont inhumés au cimetière de Lampedusa.

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