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Les réfugiés urbains en Jordanie luttent pour survivre

La couverture médiatique sur les réfugiés syriens en Jordanie se concentre essentiellement sur les dizaines de milliers de personnes accueillies dans des installations comme Za'atri. Mais plus de 80% des arrivants vivent en dehors des camps et mènent une lutte de plus en plus rude pour survivre. Après trois années de conflit, ils ont de plus en plus de mal à trouver un toit, à payer leurs factures et à offrir une éducation à leurs enfants.

La plupart ont trouvé refuge près de leur point d'entrée, au nord de la Jordanie; dans des lieux souvent délabrés, le bruit des obus de l'autre côté de la frontière étant encore audible pour certains. D'autres sont allés plus au sud, cherchant des hébergements plus abordables à Amman, Aqaba, Kerak et dans la vallée du Jourdain. Si la plupart louent des maisons et des appartements, une minorité vit dans des abris informels.

Entre 2012 et 2013, le HCR et l'ONG International Relief and Development ont effectué plus de 90 000 visites au domicile des familles réfugiées pour comprendre leur situation et, si nécessaire, leur fournir une aide. Le rapport qui en résulte offre un regard sans précédent sur les défis rencontrés par 450 000 Syriens vivant hors des camps en Jordanie et luttant pour reconstruire leur vie loin de chez eux. Le photographe Jared Kohler a photographié la vie de certains de ces réfugiés.

Troisième anniversaire de la crise en Syrie: un enfant du conflit

Achraf est né le jour même où le conflit a commencé en Syrie : le 15 mars 2011. C'est le septième enfant d'une famille de Homs. Une semaine après sa naissance, le conflit a atteint son quartier. Pendant des mois, sa famille est restée quasiment recluse à la maison. Certains jours, les bombardements étaient sans interruption, d'autres jours un calme inquiétant régnait. Ces jours-là, la maman d'Achraf se précipitait avec lui dans la clinique locale pour les vaccins et les contrôles.

Quand Achraf avait environ 18 mois, sa tante, son oncle et son cousin ont été assassinés - la gorge tranchée - alors que le garçon dormait à côté dans la maison de sa famille. Terrifiée et craignant d'être les prochains, la famille d'Achraf s'est entassée dans leur voiture, emportant quelques effets précieux, et est partie vers la frontière.

Ils ont abandonné leur maison, construite par le père et l'oncle d'Achraf. Au bout de quelques jours, la maison a été pillée et détruite. Le photographe Andrew McConnell a rendu visite à la famille dans leur nouveau foyer dans la plaine de la Bekaa, au Liban, également construit par le père et l'oncle d'Achraf. Situé au bord d'un champ de boue, c'est un patchwork de bâches en plastique, de toile et de ferraille. Le sol est couvert de couvertures et de matelas fournis par le HCR. Ils font désormais face à de nouveaux défis comme la lutte quotidienne pour que les enfants soient au chaud, au sec et protégés contre les rats. Achraf sursaute toujours quand il entend des bruits soudains et forts, mais le médecin a expliqué à sa mère que le garçon s'y habituerait.

République centrafricaine : traverser le fleuve Oubangui en quête de sécurité et d'un chez-soi

L'escalade de la violence en République centrafricaine a pris tout le monde de court, y compris des réfugiés tchadiens, camerounais et congolais de RDC… entre autres nationalités. Pour les Congolais qui vivaient par exemple à Bangui ou dans la ville de Batalimo, leur pays d'origine se situe juste de l'autre côté du fleuve Oubangui. Cette année, le HCR avait accepté d'aider les personnes qui souhaitaient rentrer car elles craignaient pour leur sécurité. Depuis la mi-janvier, le HCR a organisé le retour de plusieurs centaines de ces réfugiés. Les photos suivantes, prises en début de mois par les employés du HCR Dalia Al Achi et Hugo Reichenberger, décrivent le rapatriement d'un groupe de 364 Congolais. Les réfugiés photographiés se rendaient à Zongo, une ville riveraine de la province Equateur en République démocratique du Congo. A Zongo, ils ont passé une nuit dans un centre de transit, avant de continuer leur voyage de retour vers leurs villes et villages d'origine. Ils étaient soulagés de partir, et certains étaient en très mauvaise santé. Il ne leur a pas été facile de prendre la décision de rentrer dans le pays qu'ils avaient fui durant les années de guerre civile entre 1996 et 2003. Quelque 6 000 parmi les 17 000 réfugiés congolais présents en République centrafricaine ont été enregistrés par le HCR pour un rapatriement.

Un camp de réfugiés rouvre au nord de l'Ouganda

Depuis décembre, les combats au Soudan du Sud entre les troupes gouvernementales et les forces rivales ont déplacé des dizaines de milliers de personnes, dont beaucoup ont trouvé refuge dans des centres de transit temporaire et d'autres centres d'accueil juste de l'autre côté de la frontière au nord de l'Ouganda. Depuis début janvier, le HCR a rouvert trois anciens camps de réfugiés et y a transféré environ 50 000 personnes. Ces sites sont localisés plus à l'intérieur de l'Ouganda. Il y est plus facile de leur assurer protection et assistance. Après avoir été transportés par camion vers l'un de ces sites, Nyumanzi I, situé à environ 30 kilomètres de la frontière, les nouveaux arrivants reçoivent des articles de secours, notamment des vivres, des couvertures, des nattes et des ustensiles de cuisine ainsi qu'un carré de terrain alloué par les autorités pour y construire un abri. Le site s'est rempli rapidement. Le HCR et ses partenaires ont travaillé sans relâche pour construire des routes, installer des réseaux de distribution d'eau et des dispensaires. Début février, des maisons et des petits commerces se construisent à travers le site. Les Sud-Soudanais ont repris le rythme de leur vie tout en surveillant de près la situation dans leur pays avec l'espoir d'y rentrer un jour.

Les premiers jours de Matiop en tant que réfugié en Ouganda

Lors de l'éruption des combats dans sa ville natale de Bor au Soudan du Sud en décembre dernier, Matiop Atem Angang s'est enfui avec sa famille élargie de 15 personnes - dont sa mère de 95 ans, ses six enfants et la famille de sa soeur. Ils ont quitté la capitale de l'Etat de Jonglei, l'une des zones les plus affectées par les violences de ces deux derniers mois. À l'issue d'un périple d'une semaine en bateau et en camion, ils sont arrivés en lieu sûr en Ouganda, un pays voisin.

À la frontière, la famille élargie de Matiop a été transférée dans un centre de transit géré par le HCR, Dzaipi, dans le district d'Adjumani au nord du pays. Mais, avec l'arrivée de plusieurs milliers de réfugiés sud-soudanais chaque jour, le site a rapidement été surpeuplé. A la mi-février, le HCR avait déjà transféré ces réfugiés jusqu'à leurs propres carrés de terrain. Ils pourront y résider jusqu'au rétablissement de la sécurité dans leur pays d'origine. Ceci leur permettra ensuite de rentrer chez eux. L'Ouganda est l'un des très rares pays à permettre aux réfugiés de vivre sur son territoire comme ses propres ressortissants. Ces photos montrent Matiop tout au long du processus d'enregistrement en tant que réfugié en Ouganda - une expérience qu'il partage avec environ 70 000 de ses compatriotes.