Un 'Lost Boy' du Soudan plaide la cause des réfugiés

Articles d'actualité, 9 mars 2015

© HCR photo
Le 'lost boy' Ger Duany visite un camp dans le complexe de réfugiés de Dadaab, au Kenya. L'acteur y a vécu comme réfugié il y a longtemps, avant d'être réinstallé aux Etats-Unis.

NAIROBI, Kenya, 9 mars (HCR) L'acteur d'Hollywood et mannequin Ger Duany, l'un des 'lost boys' orphelins ou séparés parmi les milliers forcés de fuir le Soudan pendant la guerre civile de 1983-2005, a été désigné lundi comme éminent supporter de l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés lors d'une projection de film à Nairobi.

« Je suis honoré d'être reconnu comme supporter de la cause des réfugiés. Je ressens également cette lourde charge comme une responsabilité personnelle », a déclaré l'homme de 36 ans dans un message. Aujourd'hui citoyen des Etats-Unis, il se trouvait dans la capitale kenyane pour présenter et débattre du film « The Good Lie », un drame basé sur l'histoire vraie des 'enfants perdus' réinstallés aux Etats-Unis.

Dans le film, Ger Duany joue le rôle d'un des garçons, faisant à divers égards écho à sa propre expérience. Il a été séparé de sa famille et recruté comme enfant soldat avant de devenir réfugié en Ethiopie et au Kenya, puis d'être réinstallé aux Etats-Unis. Il a fait ses débuts comme acteur dans un film de 2004 « I ♥ Huckabees » et il fait figure de modèle pour beaucoup.

Il continue de se préoccuper de son pays d'origine et des efforts en cours pour restaurer la paix et la stabilité au Soudan du Sud, devenu indépendant en janvier 2011 mais où règnent le chaos et le conflit entre forces gouvernementales et combattants rebelles depuis décembre 2013. Certains de ses proches ont trouvé refuge en Ethiopie et au Kenya pour échapper aux récents affrontements.

Dans son message publié lundi, Ger Duany a expliqué que le fait de devenir un supporter éminent du HCR était « une opportunité unique. Mon itinéraire revient en quelque sorte à son point de départ ». Il a commenté les problèmes récents au Soudan du Sud.

« Au cours des 14 derniers mois, plus de deux millions de personnes ont été déplacées dans mon pays, le Soudan du Sud. Il y a moins de quatre ans, nous avons connu l'euphorie de l'indépendance. Je suis rentré dans mon pays pour voter au référendum qui a conduit à l'indépendance. Jamais dans nos pires cauchemars pouvions nous imaginer que notre patrie sombrerait dans la guerre civile aussi vite ; que les cauchemars de notre enfance recommenceraient à hanter une autre génération ».

Ger Duany a déclaré que ce week-end, lors de la Journée internationale de la femme (8 mars), il avait pensé à la souffrance qu'enduraient de nouveau les femmes et les filles. « J'ai pensé aux femmes du Soudan du Sud qui vivent et revivent le drame du déplacement, entassées dans les bases des Nations Unies ou dispersées dans les zones rurales et les camps de réfugiés dans les pays voisins. Comme les femmes réfugiées et déplacées internes du monde entier, elles veillent et protègent leur progéniture du mieux qu'elles peuvent tandis que leur monde sombre dans la guerre ».

Il a ajouté qu'il avait « connu leur douleur par [sa] mère, [ses] soeurs, et les femmes du Soudan du Sud dans leur ensemble. C'est la douleur de perdre des êtres chers, de ne pas savoir où ils se trouvent ou s'ils sont en vie. Cette douleur a recommencé à hanter la nation du Soudan du Sud quand la guerre a éclaté en décembre 2013 ».

Ger Duany, se remémorant son parcours, a expliqué qu'il était passé d'une petite enfance « idyllique » dans un village du Soudan du Sud à la vie d'un enfant soldat pendant la guerre dévastatrice entre le nord et le sud, à celle d'un réfugié, puis d'un acteur, d'un mannequin international et d'un défenseur de la paix basé aux Etats-Unis. « Je ne savais ni lire ni écrire en anglais quand je suis arrivé aux Etats-Unis à l'âge de 16 ans. Pourtant, j'ai persévéré et j'ai poursuivi mes études jusqu'à l'université ».

Il se considère comme chanceux. « Il y a eu tant de moments au cours de mon périple où j'aurais pu mourir, comme tant de mes compatriotes. Cela me fend le coeur qu'aujourd'hui des enfants de mon pays [le Soudan du Sud] connaissent le cauchemar des tueries, des destructions et des mutilations pendant qu'ailleurs les enfants de leur âge vont à l'école.

« Ne réaliserons-nous jamais le coût humain, les opportunités perdues pour ces générations ? Quant à nos mères et à nos soeurs, les piliers de la résilience, doivent-elles vraiment supporter la charge de l'incertitude que le déplacement impose ? », a-t-il demandé.

En qualité d'éminent supporter du HCR, Ger Duany rejoint un groupe influent de personnalités, à la tête desquelles se trouve l'Envoyée spéciale du HCR Angelina Jolie, qui sensibilisent à la cause des réfugiés et renforcent le soutien en faveur du HCR dans le monde entier. « Je partagerai mon expérience d'espoir et la capacité de surmonter l'adversité. L'importance de la tâche ne m'échappe pas », insiste-t-il, en ajoutant « c'est mon humble obligation de reprendre le flambeau ».

Ger Duany a raconté que son « aventure » avec le HCR avait commencé lorsqu'il était un petit garçon dans le camp de réfugiés d'Itang en Ethiopie. « J'ai été emmené à Dadaab [au Kenya] par le HCR, puis réinstallé aux Etats-Unis il y a 22 ans ». Et l'année dernière, le HCR l'a réuni avec sa mère et 14 autres membres de sa famille dans le camp de Kakuma au Kenya. Il a également visité Gambella, à l'ouest de l'Ethiopie, « où j'ai vu des réfugiés affluer à travers la frontière. J'ai entendu des récits épouvantables de leurs expériences pendant leur fuite. C'était déchirant, et j'ai pris la résolution de devenir une voix pour les réfugiés ».

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