Les violences se propagent vers les pays voisins du Nigéria ; le HCR demande un accès humanitaire d'urgence aux personnes déracinées

Points de presse, 13 février 2015

Ceci est un résumé des déclarations du porte-parole du HCR Adrian Edwards à qui toute citation peut être attribuée lors de la conférence de presse du 13 février 2015 au Palais des Nations à Genève.

Les violences qui déchirent le nord-est du Nigéria se propagent désormais vers le Niger, le Cameroun et le Tchad. Le HCR demande un accès humanitaire d'urgence aux réfugiés et aux personnes déplacées internes dans ces pays afin de leur fournir une aide d'urgence dont ils ont tant besoin.

Au Niger, des combats ont éclaté la semaine dernière dans la ville de Bosso près du lac Tchad au sud du pays dans la région de Diffa, entre les forces armées nationales du Niger et des insurgés en provenance du Nigéria. Ils ont été suivis par une série d'attaques contre des civils dans la ville de Diffa, y compris par des kamikazes. La peur et la panique se sont rapidement répandues, et une grande part de la population de Diffa se déplace vers l'ouest, en direction de la ville de Zinder. Actuellement, le HCR ne dispose pas de statistiques confirmées concernant les personnes déplacées internes, mais nous craignons que les déplacements de population soient de grande ampleur : Avant les attentats, Diffa comptait une population de 50 000 habitants. Aujourd'hui, cette ville est quasiment vide.

Des milliers de personnes ont rejoint d'autres villes et villages de la région. La plupart des personnes déplacées internes sont hébergées dans les communautés locales. Néanmoins, il y a de graves pénuries de nourriture et d'eau potable. Cette situation s'est encore aggravée, car les magasins sont fermés et les agences humanitaires ont dû réduire considérablement leurs activités dans la région de Diffa en raison de l'insécurité généralisée. Actuellement, il n'y a aucun employé humanitaire à Bosso.

En tout, plus de 100 000 personnes ont fui depuis le nord-est du Nigéria vers le Niger, depuis que l'état d'urgence a été déclaré en mai 2013 dans les Etats de l'Adamaoua, de Borno et de Yobé. Cet afflux de 100 000 personnes comprend à la fois des réfugiés nigérians et des rapatriés nigériens. Initialement, les réfugiés et les rapatriés vivaient parmi les communautés hôtes, mais leur nombre croissant a nécessité d'établir deux camps, Sayam Forage et Kablewa, qui sont situés dans des régions plus sûres loin de la frontière avec le Nigéria. En plus de fournir davantage de sécurité, les camps, qui ont ouvert en janvier, facilitent également l'acheminement de l'aide humanitaire.

Lors de l'éruption de la violence la semaine dernière dans la région de Diffa, quelque 700 réfugiés avaient déjà été transférés vers le camp de Sayam Forage. Le HCR et d'autres agences humanitaires leur fournissent une assistance, mais nous ne pouvons pas accéder à l'extérieur des camps de personnes déplacées, que ce soit dans les zones frontalières, ou dans les villes de Bosso ou de Diffa, en raison des récentes attaques. Nous sommes extrêmement préoccupés par la situation humanitaire, car plusieurs milliers de personnes ne reçoivent actuellement aucune assistance. Nous travaillons avec les autorités pour déployer des travailleurs humanitaires en toute sécurité dès que possible et, parallèlement, nous préparons à des évaluations rapides pour les efforts de réponse.

Au Cameroun, la situation est également préoccupante, avec des informations faisant état de meurtres, d'enlèvements et de violences brutales dans la région de l'Extrême-Nord près de la frontière avec le Nigéria. La semaine dernière, une attaque a été menée contre la ville frontalière de Fotokol. Plusieurs passagers ont été assassinés et d'autres kidnappés dans un bus local ce week-end. Ce ne sont que les exemples les plus récents. L'insécurité rend de plus en plus difficile pour nos équipes d'accéder aux zones frontalières où arrivent les réfugiés et d'où nous les transférons vers le camp de réfugiés de Minawao, à environ 120 kilomètres de la région frontalière. Depuis début 2015, plus de 9 000 réfugiés nigérians ont rejoint le Cameroun et ont été transférés vers le camp où ils reçoivent une aide d'urgence, y compris de la nourriture, des soins médicaux, du matériel d'abri et des articles ménagers de première nécessité comme des tapis, des couvertures, des ustensiles de cuisine et du savon. Le HCR a enregistré à ce jour plus de 40 000 réfugiés nigérians dans l'Extrême-Nord, et 32 000 d'entre eux ont été transférés vers Minawao.

La violence dans la région de l'Extrême-Nord affecte des dizaines de milliers d'habitants parmi les communautés locales. Comme beaucoup d'entre eux ont rejoint des proches et des familles d'accueil, il est difficile de déterminer l'ampleur du déplacement interne. Le HCR travaille étroitement avec les autorités camerounaises et les partenaires humanitaires pour déterminer la portée et évaluer la situation sur le terrain, identifier et localiser les personnes déplacées et, enfin, élaborer une réponse humanitaire.

Au Tchad, quelque 3 000 réfugiés nigérians ont été enregistrés à la fin 2014. Depuis, environ 15 000 personnes ont rejoint le Tchad et les attaques sont menées près des installations militaires et des populations civiles dans et autour de la ville nigériane de Bagakawa au nord-est du pays. Le Premier Ministre du Tchad a appelé la communauté humanitaire à soutenir le Tchad face à l'afflux des réfugiés nigérians, compte tenu du contexte socio-économique désastreux de ce pays. Etant donné l'importance et la proximité de la ville de Bagakawa avec le Tchad ainsi qu'une préoccupation croissante sur la sécurité du corridor principal pour les importations du Tchad via le Cameroun, le Parlement tchadien a approuvé le déploiement de troupes au Cameroun. Des membres des forces tchadiennes se trouveraient également au Nigéria. Le Tchad, le Cameroun et le Niger ont engagé leurs forces armées pour lutter contre des militants, y compris en tant que « Communauté du Bassin du Lac Tchad », un organisme régional qui comprend également le Bénin.

Des réfugiés et des rapatriés sont désormais hébergés dans plusieurs sites dans la région du lac. Mais la sécurité est une préoccupation majeure pour toutes les agences humanitaires, et pour les réfugiés eux-mêmes dont beaucoup auraient continué leur voyage vers le Niger plutôt que d'être transférés vers un site nouvellement identifié pour les réfugiés à Dar-es-Salaam (dont la capacité initiale d'accueil est d'au moins 12 000 personnes, mais qui n'héberge aujourd'hui que 3 000 personnes). De nombreux réfugiés restent inaccessibles dans plusieurs îles. Ce matin, nous avons reçu des informations sur une nouvelle attaque meurtrière menée contre Ngouboua, un village de la région du lac Tchad où de nombreux réfugiés sont accueillis. Nous recherchons actuellement des informations plus précises.

Le HCR au Tchad collabore étroitement avec la CNARR, les agences des Nations Unies et les partenaires pour fournir une assistance, y compris dans les domaines de la protection, de la nourriture, de la protection des enfants, des systèmes d'assainissement et des abris. D'autres services comme l'éducation et les moyens d'existence seront étendus une fois que davantage de réfugiés seront installés.

Au total, les violences dans le nord-est du Nigéria a généré plus de 157 000 personnes déracinées qui ont fui vers le Niger (100 000), le Cameroun (40 000) et le Tchad (17 000). Par ailleurs, près d'un million de personnes seraient déplacées à l'intérieur du Nigéria, selon l'Agence nationale nigériane de gestion des urgences.

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Nigéria : Les victimes du conflit

Un an après que le Gouvernement nigérian a déclaré l'état d'urgence dans les Etats de l'Adamaoua, de Borno et de Yobe au nord du pays, la violence continue à déplacer des populations à l'intérieur du Nigéria et vers les pays voisins, le Cameroun , le Tchad et le Niger où se trouvent désormais quelque 22 000 réfugiés nigérians. Les civils pris au piège dans leur pays sont confrontés à des attaques récurrentes commises par les insurgés, avec des enlèvements et des assassinats puis, à la mi-avril 2014, l'enlèvement de plus de 200 jeunes filles dans une école de Chibok, dans l'Etat de Borno.

Hélène Caux du HCR s'est récemment rendue dans la région pour y rencontrer quelques-unes parmi les 250 000 personnes déplacées internes, y compris des étudiants pris dans les violences. Les personnes avec lesquelles elle s'est entretenue lui ont parlé de leurs craintes, des atrocités et des souffrances qu'elles ont endurées ou dont elles ont été témoins. Les gens ont parlé de leurs maisons et de leurs champs détruits, d'attaques à la grenade sur des marchés, de mise à mort d'amis et de proches et, enfin, d'arrestations arbitraires. Tous leurs témoignages traduisent un sentiment de terreur. Il a été difficile pour Hélène Caux de photographier des personnes vivant dans la peur constante d'être attaquées. « L'équilibre est fragile entre recueillir leur témoignage, le publier et les protéger », explique-t-elle.

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Les enfants réfugiés centrafricains tout juste arrivés au Cameroun souffrent de malnutrition

Les réfugiés centrafricains arrivent au Cameroun en nombre croissant, dans un état de grande faiblesse physique. Ils passent des semaines voire des mois cachés dans la brousse, où il leur était difficile de trouver de la nourriture et de l'eau. Ils dorment en plein air. Ils ne peuvent pas retourner chez eux. Parmi ces réfugiés, les plus vulnérables sont les enfants âgés de moins de cinq ans. Rencontrer ces enfants émaciés est bouleversant. Ils ont besoin d'une aide alimentaire d'urgence après s'être nourris de racines et de feuilles. Selon les estimations, environ 40% des enfants récemment arrivés souffrent de malnutrition. Pour certains, le voyage est de trop. Le HCR aide à sauver des vies dans l'est du Cameroun. Avec Médecins Sans Frontières, le HCR appuie un centre d'aide nutritionnelle à Batouri. MSF y envoie des enfants depuis son dispensaire de la ville frontalière de Gbiti, où se trouvent environ 20 000 sur les 80 000 réfugiés centrafricains arrivés au Cameroun. Le dispensaire de Gbiti est débordé. Les partenaires étendent la capacité du centre d'aide nutritionnelle, qui traite environ 100 enfants. Davantage encore arrivent chaque jour et le HCR a monté des tentes pour y abriter les enfants et leurs Mamans. Le photographe Frédéric Noy s'est rendu la semaine dernière à Gbiti et Batouri. Il y a capturé la série suivante d'images saisissantes et évocatrices.

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2014 : Les réfugiés centrafricains subissent des attaques alors qu'ils fuient au Cameroun

Chaque semaine, environ 10 000 musulmans traversent la frontière vers l'est du Cameroun pour échapper à la violence qui déchire la République centrafricaine (RCA). Beaucoup parmi les nouveaux arrivants racontent avoir été attaqués à plusieurs reprises lors de la fuite en exil. Les miliciens anti-balaka ont bloqué les routes principales vers le Cameroun, forçant les civils à trouver d'autres itinéraires à travers la brousse. Beaucoup marchent durant deux à trois mois pour rejoindre le Cameroun. Ils arrivent en état de malnutrition et ils portent des blessures de machettes ou par balles.

Le HCR et ses partenaires ont mis en place des cliniques mobiles supplémentaires aux points de passage frontière pour fournir des soins d'urgence dès l'arrivée des réfugiés. L'agence des Nations Unies pour les réfugiés appuie également des dispensaires publics qui sont submergés par le nombre de réfugiés et leur mauvais état de santé.

Parallèlement, le HCR a transféré quelque 20 000 réfugiés qui vivaient en plein air dans les zones frontalières de Garoua Bouai et de Kenzou. Ils se trouvent désormais dans de nouveaux sites à Lolo, Mborguene, Gado et Borgop dans les régions de l'Est et de l'Adamaoua.

Depuis début 2014, le Cameroun a reçu près de 70 000 réfugiés centrafricains. Ce chiffre s'ajoute aux 92 000 réfugiés arrivés lors de précédents afflux survenus depuis 2004 pour échapper aux groupes rebelles et aux bandits qui écumaient le nord de leur pays.

Paul Spiegel et Michele Poletto, employés du HCR, se sont récemment rendus dans l'est du Cameroun et ils ont pris les photos suivantes avec leur iPhone ou un appareil photo.

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Guichet unique Niamey

Le Guichet Unique de Niamey est un lieu d'accueil, d'information et d'orientation où tous les réfugiés urbains peuvent accéder à des services pour défendre leurs droits et améliorer leurs moyens de subsistance.
Niger: Renforcement des capacités des moyens de subsistance des réfugiés dans les campsPlay video

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Pour permettre aux réfugiés d'améliorer leur autonomie et leurs conditions de vie, l'UNHCR Niger appuie les activités génératrices de revenu en faveur des personnes vulnérables.
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Les personnes qui fuient les combats entre l'armée nigériane et les rebelles Boko Haram sont accueillis chaleureusement au Niger.