Réinstallation : le rêve américain offert à des réfugiés syriens
Articles d'actualité, 3 décembre 2015
AMMAN, le 3 décembre (HCR) – Alors qu'il trie ses affaires pour son proche départ vers les États-Unis, Mahmoud tombe sur sa tenue de chef cuisinier. En la voyant, il comprend qu'elle symbolise, plus que tout autre chose, la vie qu'il a laissée derrière lui en Syrie et la nouvelle qu'il espère construire sur le sol américain.
Avec son frère, ce père de quatre enfants tenait un restaurant populaire à Homs. Fin 2011, les combats s'intensifient dans l'ouest de la Syrie. L'entreprise familiale et le domicile sont détruits par les bombardements. Mahmoud est obligé de fermer et de fuir vers la Jordanie voisine.
Ces quatre dernières années, Mahmoud, 36 ans, et sa jeune famille ont durement vécu leur vie de réfugiés. Dans l'incapacité de travailler légalement, Mahmoud connaît des difficultés financières et perd tout espoir de voir la situation s'améliorer. « Nous n'allions pas bien. Cette vie n'était pas stable pour les enfants, et nous n'avions pas d'avenir ici », dit-il.
En 2013, un appel téléphonique redonne l'espoir d'un avenir meilleur : le HCR annonce à Mahmoud que sa réinstallation, avec sa famille, était envisagée aux États-Unis. Après un processus de demande qui a duré plus de deux ans, la famille est maintenant en route pour son nouveau domicile à Memphis, dans le Tennessee.
Comme chacun des 6 500 (nombre total visé en 2015) réfugiés syriens dont la demande pour une réinstallation possible aux États Unis est présentée par le bureau du HCR basé en Jordanie, Mahmoud et sa famille sont passés, avant d'en arriver là, par une sélection rigoureuse inscrite dans un processus de sélection très strict.
Les premières vérifications effectuées par le HCR visent à contrôler les documents des candidats et à comparer les empreintes de l'iris pour s'assurer de leur identité. S'ajoute une évaluation de leur vulnérabilité qui viendra confirmer leur admissibilité à une réinstallation.
Les candidats retenus par le HCR font alors l'objet d'un long processus de sélection mené par le FBI, le Département de la sécurité intérieure des États-Unis et d'autres agences fédérales américaines. Ce processus de filtrage, décrit étape par étape dans un guide publié par la Maison-Blanche, est plus rigoureux que pour toute autre catégorie de voyageurs aux États-Unis. Son rôle est d'exclure toute personne présentant un risque potentiel pour la sécurité.
Avant leur départ, les candidats retenus suivent un cours d'orientation culturelle de cinq jours pour se préparer à la vie dans leur nouveau pays. Sont notamment abordés la scolarisation, les soins de santé et l'emploi.
À leur arrivée, ils sont accueillis par l'agence locale chargée de la réinstallation, qui leur assure un logement, leur remet une aide financière pour une période initiale de trois ou quatre mois, et leur propose des cours de langue et une aide à la recherche d'emploi.
Mahmoud s'attend à rencontrer au début des difficultés, surtout avec la langue, mais il dit que la famille est déterminée à s'intégrer le plus rapidement possible. Avec sa femme Rasha, ils ont déjà appris ensemble, chez eux grâce à une application téléphone, quelques mots et des phrases de base en anglais.
Mahmoud dit qu'il comprend l'inquiétude de certaines personnes quant à l'acceptation de réfugiés dans leur pays, mais qu'il est reconnaissant que lui soit donnée la possibilité de tenter de démontrer que cette inquiétude n'est pas fondée. « Mon père m'a élevé pour que je sois une bonne personne. Nous respecterons les lois et la culture des États-Unis et nous voulons pouvoir contribuer à la société en travaillant d'arrache-pied. »
Pour lui, espérons qu'il pourra réenfiler son tablier de chef et transmettre à l'État dit des « Volontaires » le goût de cette cuisine syrienne renommée.
« Je veux faire découvrir de nouveaux plats aux Américains », dit-il.
Par Charlie Dunmore à Amman, en Jordanie