Les retours de réfugiés vers le Nigéria depuis le Niger doivent cesser

Articles d'actualité, 16 janvier 2015

© HCR
Des réfugiés nigérians arrivent en canoé près de Babasola, au Tchad, après la traversée du Lac Tchad.

GENEVE, 16 janvier (HCR) L'agence des Nations Unies pour les réfugiés a fait part, vendredi, de sa préoccupation concernant les retours de centaines de réfugiés au Nigéria depuis le Niger cette semaine. Parallèlement, le nombre de personnes fuyant les attaques des militants au nord du Nigéria a continué de croître. Le HCR a exhorté les autorités des deux pays à faire cesser ces rapatriements.

Le porte-parole du HCR William Spindler a déclaré aux journalistes à Genève que le HCR avait reçu des informations selon lesquelles des réfugiés avaient été transportés à bord de neuf autobus vers Maiduguri, la capitale de l'Etat de Borno au Nigéria. « Un autre groupe de 11 autobus est actuellement stationné à Gagamari, une ville de la région de Diffa au Niger, en attendant de transporter encore davantage de réfugiés vers le Nigéria », a-t-il ajouté.

« Etant donnée la situation sécuritaire instable dans l'Etat de Borno et les récentes attaques menées par les insurgés, le HCR est préoccupé par la nature de ces rapatriements et a demandé aux autorités de cesser cette opération jusqu'à ce qu'il y ait des mesures de protection appropriées et un cadre juridique entre le Nigéria, le Niger et le HCR », a expliqué William Spindler.

Les réfugiés fuyant les combats entre les militants et les forces gouvernementales au nord-est du Nigéria continuent d'arriver au Niger et au Tchad et ils font des récits déchirants d'atroces tueries et de destruction, y compris de l'extrême violence commise dans la ville lacustre de Baga en début de ce mois.

« Une femme, qui a fui Baga avec ses cinq enfants et son mari, a expliqué avoir vu les insurgés écraser des femmes et des enfants avec leurs voitures, tirer sur des gens et utiliser des couteaux pour égorger des victimes en pleine rue. Elle estime que des centaines de personnes ont été tuées à Baga », a déclaré William Spindler. « Cette famille terrifiée a réussi à fuir durant la nuit avant de rejoindre Maiduguri, d'où elle a pris un autobus vers le Niger », a-t-il ajouté.

Quelque 13 000 réfugiés nigérians sont arrivés dans l'ouest du Tchad depuis les attaques commises contre Baga dans la période allant du 3 au 7 janvier. Le HCR et la Commission gouvernementale nationale d'Accueil, et de Réinsertion des Réfugiés et des Rapatriés ont enregistré plus de 6 000 réfugiés.

Des dizaines de réfugiés continuent par ailleurs d'arriver chaque jour, dont beaucoup en canoé sur le lac Tchad dans des localités comme Ngouboua et Bagasola, à environ 450 kilomètres au nord-ouest de la capitale tchadienne N'Djamena. On compte désormais environ 16 000 réfugiés nigérians qui sont désormais arrivés au Tchad depuis mai 2014.

« Nous sommes inquiets du fait que les réfugiés de Baga et des environs choisissent désormais de fuir en traversant le lac vers le Tchad, car cela pourrait indiquer que la route en direction du Niger est bloquée par des insurgés », a déclaré William Spindler du HCR à Genève.

« Nos équipes au Tchad ont indiqué avoir identifié 104 enfants non accompagnés, qui ont été séparés de leur famille en fuyant les attaques à Baga. Ils ont été placés dans des familles d'accueil en attendant d'être réunis avec la leur », a-t-il ajouté.

Parallèlement, le HCR a commencé le transfert d'environ 2 000 réfugiés, qui étaient bloqués sur deux îles du lac Tchad, Koulfoua et Kangalam, vers le site nouvellement établi de Dar Es Salam, près de Bagasola. Le site, qui accueille actuellement quelque 1 600 réfugiés, est situé à 70 kilomètres de la frontière avec le Nigéria. Il a une capacité d'accueil initiale allant jusqu'à 15 000 personnes. Les attaques contre Baga ont également poussé quelque 570 personnes à fuir vers la région de Diffa au Niger. Certaines d'entre elles avaient traversé d'abord la frontière vers le Tchad avant de rejoindre le Niger.

Depuis que l'état d'urgence a été déclaré dans les Etats d'Adamaoua, Borno et Yobe, au nord-est du Nigéria en mai 2014, on estime que 153 000 personnes ont fui vers les pays voisins. A ce jour, le HCR a enregistré plus de 37 000 réfugiés nigérians au Cameroun et quelque 16 000 personnes sont arrivées au Tchad. Selon les autorités nigériennes, plus de 100 000 personnes, à la fois des réfugiés nigérians et des ressortissants nigériens, sont arrivées depuis la zone déchirée par la guerre au nord-est du Nigéria. Pour la seule année 2015, la violence a déjà poussé 19 000 personnes à l'exode.

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Nigéria : Les victimes du conflit

Un an après que le Gouvernement nigérian a déclaré l'état d'urgence dans les Etats de l'Adamaoua, de Borno et de Yobe au nord du pays, la violence continue à déplacer des populations à l'intérieur du Nigéria et vers les pays voisins, le Cameroun , le Tchad et le Niger où se trouvent désormais quelque 22 000 réfugiés nigérians. Les civils pris au piège dans leur pays sont confrontés à des attaques récurrentes commises par les insurgés, avec des enlèvements et des assassinats puis, à la mi-avril 2014, l'enlèvement de plus de 200 jeunes filles dans une école de Chibok, dans l'Etat de Borno.

Hélène Caux du HCR s'est récemment rendue dans la région pour y rencontrer quelques-unes parmi les 250 000 personnes déplacées internes, y compris des étudiants pris dans les violences. Les personnes avec lesquelles elle s'est entretenue lui ont parlé de leurs craintes, des atrocités et des souffrances qu'elles ont endurées ou dont elles ont été témoins. Les gens ont parlé de leurs maisons et de leurs champs détruits, d'attaques à la grenade sur des marchés, de mise à mort d'amis et de proches et, enfin, d'arrestations arbitraires. Tous leurs témoignages traduisent un sentiment de terreur. Il a été difficile pour Hélène Caux de photographier des personnes vivant dans la peur constante d'être attaquées. « L'équilibre est fragile entre recueillir leur témoignage, le publier et les protéger », explique-t-elle.

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Des milliers de Nigérians fuient pour échapper à la violence dans leur pays

Dans certaines régions au nord-est du Nigéria, la situation de sécurité est instable depuis mai 2103, quand les autorités ont décrété l'état d'urgence dans les Etats de Borno, Yobé et Adamaoua. Beaucoup ont rejoint la région de Diffa au Niger voisin ou alors le Cameroun. Cette année, un regain de violence a contraint des milliers de personnes à fuir vers ces deux pays. La photographe du HCR Hélène Caux s'est rendue à Bosso, une ville de la région de Diffa au Niger, peu avant le tout dernier afflux. Elle y a rencontré des réfugiés qui avaient rejoint le Niger lors de précédentes vagues de violence. Ils lui ont décrit les violences dont ils ont été témoins, la perte de leurs proches et leurs efforts pour mener une vie aussi normale que possible à Diffa, avec notamment la scolarisation des enfants. Les réfugiés nigérians sont reconnaissants envers les communautés qui les accueillent au Niger.

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Les réfugiés maliens au Niger luttent pour reconstruire leur vie.

Quelque 60 000 civils maliens ont trouvé refuge au Niger cette année. Ils ont fui les combats au nord du Mali ainsi que l'instabilité politique dans le pays tout entier. La plupart sont hébergés dans trois camps formels - Tabareybarey, Mangaizé et Abala. Par ailleurs, beaucoup d'autres vivent dans des installations spontanées. Tous les lieux d'accueil sont situés dans un environnement aride et dur où la vie est difficile, malgré l'assistance fournie par le HCR et les autres agences humanitaires.

Les enfants sont le groupe le plus vulnérable avec certains souffrant de malnutrition sévère. Des enfants plus âgés attendent de pouvoir retourner à l'école dans un pays étranger. Par ailleurs, 6 000 réfugiés vivent à Niamey, la capitale nigérienne, où ils sont nombreux à chercher du travail pour pouvoir envoyer de l'argent à leurs familles restées au Mali.

En attendant, l'avenir reste incertain. Beaucoup ont peur que les combats continus à l'intérieur du Mali n'entraînent un exil accéléré des réfugiés maliens dans les pays voisins, y compris au Niger.

Les photos suivantes ont été prises par Hélène Caux, photographe au HCR. Elles illustrent la vie des réfugiés aux camps de Tabareybarey et Mangaize ainsi qu'à Niamey.

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Le Guichet Unique de Niamey est un lieu d'accueil, d'information et d'orientation où tous les réfugiés urbains peuvent accéder à des services pour défendre leurs droits et améliorer leurs moyens de subsistance.
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