L’histoire de Madi, Mauritanie
Photo de UNHCR/D. Al Achi/2013.
“Quand je suis arrivé au camp de réfugiés de Mbera en Mauritanie, je n’avais rien sur moi.” Difficile d’y croire quand vous voyez le nombre d’outils et matériaux qui ornent la tente où Madi Ag Dalla travaille jour et nuit. “En marchant dans le camp et ses alentours, je trouve des métaux et des matériaux, et d’autres pièces ou objets abandonnés. Je les fais fondre et je fais un moule dans du sable mouillé où je déverse le liquide métallique. C’est ainsi que j’ai fabriqué mes propres outils: enclume, lames, crochets et marteaux. Ils me permettent de fabriquer des ustensiles domestiques tels que des cuillères, des louches et des mortiers que je vends sur le marché.”
Dans le bloc 14b du camp de Mbera, tout le monde connait Madi. Son travail attire jeunes et grands qui défilent toute la journée au rythme des coups de marteaux. “Je suis forgeron. Mon métier, c’est mon passe partout. Muni de ce savoir-faire, je peux voyager partout. Je pourrais m’adapter à n’importe quel environnement. C’est un savoir-faire qui passe de générations en générations dans ma famille. J’ai appris cela de mon père et je suis fier de montrer l’exemple à mon fils. Ma femme aussi travaille. Elle fabrique des berceaux à partir des morceaux de bois et des fils en couleurs. Nous sommes des artisans, et on crée des outils et des produits avec le peu de matériel que nous trouvons. Partout où on va, on emporte notre métier avec nous.”
Madi est arrivé au camp de Mbera avec sa femme et ses deux enfants en janvier 2012, fuyant les violences dans la ville de Léré, au nord du Mali. Autonome, enthousiaste et pionnier, Madi espère rentrer au Mali le plus tôt possible. “Je me débrouille toujours pour être bien et m’occuper de ma famille. Mais je préfère rentrer au Mali. C’est mon pays. C’est là où je me sens véritablement chez moi et on n’est jamais aussi bien que chez soi .”
Texte de Dalia Al Achi/2014.
