Des déserteurs érythréens quittent le Yémen pour une nouvelle vie en Suède

Articles d'actualité, 1 juin 2011

© HCR/R.Nuri
Des réfugiés près du camp de Kharaz au Yémen, d'où 55 déserteurs érythréens ont été récemment réinstallés en Suède.

SANA'A, Yémen, 1er juin (HCR) Le service militaire est obligatoire dans de nombreux pays à travers le monde mais, en Erythrée, il est souvent d'une durée indéterminée et il se déroule dans des conditions difficiles, poussant chaque année des milliers de jeunes, hommes et femmes, dans le désert pour fuir le pays. Ce qui les attend ne vaut pas mieux : un grand nombre d'entre eux sont écroués dans les pays voisins.

Ces personnes relèvent de la compétence du HCR du fait des souffrances qu'ils endureraient s'ils rentraient en Erythrée. Récemment le HCR a pu aider à organiser une réinstallation en Suède pour 55 réfugiés érythréens qui avaient été emprisonnés au Yémen pour près de deux ans. Tous avaient traversé le golfe d'Aden pour fuir le service militaire et aucun d'entre eux ne peut retourner dans son pays d'origine.

Le groupe est arrivé à Stockholm le mois dernier, d'où ils pourront continuer leur voyage vers d'autres villes en Suède. La Suède reçoit environ 1 900 réfugiés pour la réinstallation chaque année et ils sont habituellement pris en charge par une municipalité, que ce soit en milieu rural ou urbain. De nombreuses activités d'intégration sont organisées pour eux, y compris des cours de langue.

Tout le groupe a paru enchanté de se retrouver en Europe loin de l'Erythrée et des souvenirs de l'épreuve subie au service militaire et de leur détention prolongée au Yémen.

« En Erythrée, le service militaire est obligatoire et les hommes jeunes sont recrutés de force lors de rafles menées dans les maisons, les écoles et sur les lieux de travail », a expliqué Ahmed, âgé de 22 ans. « En 2006, j'ai été emmené hors de l'école et j'ai été forcé à faire le service militaire pour environ 15 dollars par mois. Après trois ans, j'ai décidé de fuir et j'ai rejoint le Yémen », a-t-il indiqué au HCR peu après son arrivée en Scandinavie pour recommencer une nouvelle vie.

Le service militaire, obligatoire selon la loi érythréenne, fait peur aux jeunes recrues. Et les personnes prises lors d'une tentative de désertion ou d'évasion subissent une peine extra-judiciaire et tout à fait disproportionnée.

Un autre Erythréen, Mahmoud, a indiqué qu'il savait que le recrutement militaire pourrait mener à la persécution. « Il n'y a pas de liberté de choix. Nous sommes forcés à devenir militaires pour toute la vie, le salaire est très bas, vous pouvez à peine subvenir à vos propres besoins, alors ne parlons pas de ceux d'une famille entière », a-t-il indiqué à Sana'a dans un appartement loué par le HCR pour héberger des réfugiés avant leur départ.

Chacun des 55 hommes acceptés pour la réinstallation en Suède a un témoignage à apporter sur cette difficile épreuve. Toutefois ils ont tous partagé la même volonté d'effectuer au prix de leur vie la traversée périlleuse du golfe d'Aden depuis la corne de l'Afrique. Des centaines de personnes trouvent la mort chaque année en tentant cette traversée.

Tous ont été retrouvés sur des plages isolées au Yémen et interrogés durant plusieurs jours par les autorités après leur arrivée. Puis ils ont été écroués à Hodeidah, une ville portuaire sur la mer Rouge et la quatrième ville du Yémen. « Ils nous ont envoyés dans la prison centrale sans aucune explication, alors nous ne savions pas quoi penser et nous avons commencé peu à peu à perdre espoir », a indiqué Mahmoud, qui avait prévu de contacter le HCR pour se faire aider dans sa demande d'asile.

Les autorités yéménites ont autorisé le HCR à se rendre dans les centres de détention à travers le pays pour identifier des demandeurs d'asile potentiels et assurer qu'ils reçoivent assistance et protection.

Des membres du personnel du HCR ont déterminé que ces Erythréens ne pouvaient pas rentrer dans leur pays et qu'il n'y avait clairement aucune perspective d'avenir pour eux au Yémen. La réinstallation était la seule réponse viable et durable pour eux et leurs dossiers de candidature ont été transmis à la Suède.

« Le jour où des membres du personnel du HCR [en charge de la protection] sont venus nous voir en prison, j'ai retrouvé espoir en l'avenir et nous voici en Suède », a expliqué Faisal, joyeux. « Je suis heureux car j'aurai la chance d'étudier et de travailler », a ajouté ce jeune homme de 21 ans, qui veut d'abord apprendre le suédois puis étudier pour devenir médecin.

Aucun d'entre eux ne regrette d'avoir pris la décision de fuir à l'étranger, malgré la détention au Yémen. « J'aurais fait la même chose même on m'avait dit que je serais emprisonné durant cinq ans. L'horreur, c'est plutôt ce qui m'attend si je rentrais dans mon pays, ce n'est pas ici », a ajouté Mahmoud.

Par Cagri Hurmuzlu à Sana'a, Yémen

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Manuel de réinstallation du HCR

Un document de référence dans l'élaboration des critères régissant la réinstallation et des différentes approches en matière de politique de réinstallation.

Réinstallation

Cette alternative, offerte à ceux qui ne peuvent pas rentrer chez eux, est rendue possible par le HCR et les gouvernements.

Traite d'êtres humains dans le Golfe d'Aden

Fin mars, au cours d'une période de six jours, plus de 1 100 Somaliens et Éthiopiens sont arrivés sur le territoire yéménite, après avoir traversé le Golfe d'Aden à bord de bateaux de passeurs depuis Bossasso, en Somalie. Au moins 28 personnes sont mortes lors de ces voyages - d'asphyxie, des coups reçus ou de noyade - et plusieurs ont été gravement blessées par les trafiquants. D'autres souffrent de problèmes dermatologiques en raison d'un contact prolongé avec de l'eau de mer, des excréments, de l'essence ou d'autres produits chimiques.

Au cours d'une récente visite au Yémen, la Haut Commissaire assistante pour la protection, Erika Feller, s'est engagée à mieux faire connaître cette situation, à lancer un appel pour des fonds supplémentaires et pour une action internationale afin de venir en aide au Yémen, et à développer des projets qui amélioreront les conditions de vie et l'autosuffisance des réfugiés au Yémen.

Depuis janvier 2006, le Yémen a reçu près de 30 000 personnes originaires de Somalie, d'Éthiopie et d'autres pays, alors que plus de 500 personnes sont mortes pendant leur traversée. Au moins 300 sont également portées disparues. L'UNHCR aide déjà le Yémen en fournissant de l'assistance, des soins et un logement à plus de 100 000 réfugiés qui se trouvent dans le pays.

Traite d'êtres humains dans le Golfe d'Aden

L'aide internationale est indispensable pour arrêter la traite d'êtres humains dans le Golfe d'Aden

Un nombre alarmant de personnes meurent en tentant de rejoindre le Yémen à bord d'embarcations de passeurs, dans le Golfe d'Aden, en partance de Somalie. En l'espace de trois semaines, fin 2005, au moins 150 personnes ont péri lors de ces traversées. Ces morts surviennent lors du chavirement des embarcations surchargées ou bien de leur dérive sans eau potable ni vivres. Ceux qui parviennent au terme de leur périple au Yémen racontent souvent que les voyageurs sont battus par les passeurs ou forcés à sauter par-dessus bord encore loin de la côte - parfois les mains et les pieds liés.

En réaction, l'UNHCR a appelé la communauté internationale à agir d'urgence pour endiguer le flux de réfugiés et d'immigrants éthiopiens et somaliens désespérés tombant aux mains de trafiquants sans scrupules dans l'espoir de rejoindre le Yémen puis d'autres pays. L'agence pour les réfugiés a également travaillé avec les autorités du Puntland, au nord-est de la Somalie, sur les moyens d'informer les gens sur le danger d'emprunter des bateaux de passeurs pour traverser le Golfe d'Aden. Ces moyens incluent la production de vidéos et de programmes radios, afin de sensibiliser les Somaliens et les Ethiopiens aux risques de ces traversées.

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Yémen 2011 : Risquer le pire pour une vie meilleure

Poussées par la violence, la sécheresse et la pauvreté affectant la corne de l'Afrique, des milliers de personnes désespérées fuient chaque année. En quête de sécurité ou d'une vie meilleure, ces civils - principalement des Somaliens et des Ethiopiens - effectuent d'abord un dangereux périple à travers la Somalie vers le port de Bossasso au nord.

Une fois à Bossasso, ils payent jusqu'à 150 dollars pour effectuer la traversée périlleuse du golfe d'Aden sur des bateaux de passeurs. Ils attendent souvent des semaines dans des abris de fortune ou des foyers, jusqu'à ce qu'un appel soudain les presse à partir un soir, à bord de bateaux surchargés et impropres à la navigation.

En mer, ils sont la proie des passeurs. Certains passagers sont battus, poignardés, tués et leurs corps sans vie sont jetés par-dessus bord. D'autres se noient avant d'arriver sur les côtes du Yémen, où sont enterrés des centaines d'innocents morts en route.

L'ONG yéménite SHS (Société pour la solidarité humaine) vient en aide à ces personnes depuis 1995. Le 13 septembre 2011, le HCR a annoncé que la distinction Nansen 2011 pour les réfugiés est décernée à SHS pour ses efforts exceptionnels dans l'assistance aux personnes arrivées depuis le golfe d'Aden et la mer Rouge.

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Au Yémen, les combats continuent dans le nord. Le HCR fait état de l'augmentation du nombre de familles en fuite. Les camps de déplacés ont désormais dépassé leur capacité d'accueil. 22/12/2009
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La situation reste tendue et instable au nord du Yémen. L'agence des Nations Unies pour les réfugiés fournit de l'aide aux dizaines de milliers de personnes déplacées par les récents affrontements les forces gouvernementales et les combattants rebelles. Toutefois la distribution de l'aide est entravée par l'insécurité permanente.