En Ukraine, le nombre de déplacés internes approche le million alors que les affrontements s'intensifient dans la région de Donetsk

Articles d'actualité, 6 février 2015

© HCR/B.Kinashchuk
Un jeune déplacé ukrainien s'abrite contre le froid dans une tente à Slovyansk. Sa famille espère se rendre à Kiev après avoir quitté la ville de Debaltseve ravagée par le conflit.

KIEV, Ukraine, 6 février (HCR) L'agence des Nations Unies pour les réfugiés a indiqué vendredi que les combats dans la région de Donetsk, à l'est de l'Ukraine, provoquaient de nouveaux déplacements, le nombre de personnes déplacées à l'intérieur du pays (déplacés internes) enregistrées atteignant presque la barre du million.

Selon le ministère ukrainien de la Politique sociale, le nombre de déplacés internes dans l'ensemble du pays s'élève à 980 000 un chiffre qui devrait encore augmenter dans la mesure où des personnes nouvellement déplacées sont en cours d'enregistrement. En outre, depuis février 2014, quelque 600 000 Ukrainiens ont demandé l'asile ou d'autres formes de séjour légal dans les pays voisins, en particulier en Fédération de Russie, mais aussi en Biélorussie, Moldavie, Pologne, Hongrie et Roumanie.

Le porte-parole Adrian Edwards a indiqué aux journalistes à Genève que, selon les équipes du HCR, les violents affrontements ayant ravagé la région de Donetsk pendant les deux dernières semaines ont conduit à la destruction massive de bâtiments et d'infrastructures et à l'effondrement des services de base.

« Les autorités locales ont commencé à évacuer des personnes des zones de conflit, mais beaucoup sont encore prises au piège des combats, notamment dans des caves et des bâtiments qui sont constamment bombardés. Les évacuations sont organisées par le gouvernement avec l'aide de volontaires locaux », a-t-il déclaré.

Plus de 2 800 civils, dont environ 700 enfants et 60 personnes handicapées, ont été évacués des villes de Debaltseve, Avdiivka et Svitlodar, qui ont connu de violents combats. Plusieurs incidents de bombardements de bus transportant les personnes évacuées ont été signalés.

Le gouvernement ukrainien s'est dit inquiet du fait que les zones proches des lignes de front, également massivement bombardées, ne soient pas en mesure d'héberger les nouveaux arrivants. Les personnes devront donc être déplacées plus loin, vers les régions du centre, du sud et de l'ouest du pays.

Les personnes sont évacuées vers les villes contrôlées par le gouvernement au nord de Donetsk, comme Slovyansk, Sviatohirsk, Kramatorsk et Grodivka, ainsi que vers la région voisine de Kharkiv. Elles sont transportées en voiture et en bus et, pour les plus vulnérables, en train. Certaines personnes évacuées sont hébergées temporairement dans des wagons de voyageurs dans la gare ferroviaire de Slovyansk, en attendant d'être transportées ailleurs.

Parallèlement aux évacuations organisées, les civils continuent de fuir les zones de conflit par leurs propres moyens, rencontrant de nombreux dangers en chemin. « Compte tenu du nombre croissant de maisons et autres infrastructures civiles endommagées ou détruites, le HCR s'attend à voir davantage de personnes se déplacer vers les régions du centre, du sud et de l'ouest de l'Ukraine sous le contrôle du gouvernement ukrainien, ainsi que vers des zones contrôlées par des acteurs non gouvernementaux dans les régions de Donetsk et de Luhansk », a précisé Adrian Edwards.

Nos équipes sur le terrain indiquent que beaucoup de personnes récemment déplacées arrivent avec très peu d'affaires et sans vêtements adaptés à l'hiver. Afin de répondre aux besoins les plus urgents, le HCR, par l'intermédiaire des réseaux d'ONG locales, a commencé à distribuer des articles de secours dans les zones situées au nord de la région de Donetsk, le principal lieu d'arrivée des déplacés internes en provenance des zones de conflit. Environ 2 000 personnes parmi les nouveaux arrivants les plus vulnérables ont reçu couvertures, sacs de couchage, draps, vêtements chauds et jerrycans.

En outre, quelque 1 600 déplacés internes nouvellement arrivés en provenance de Debaltsevo et Vuhlehirsk ont reçu une assistance de la part de partenaires du HCR dans des zones touchées par le conflit qui ne sont pas contrôlées par le gouvernement.

L'absence d'accès aux services publics auparavant assurés par les autorités centrales a considérablement détérioré la situation de la population civile dans les zones non contrôlées par le gouvernement. Cette situation a été aggravée par les restrictions à la circulation des personnes et des biens. De plus, l'escalade du conflit a limité la fourniture de biens dont les personnes avaient urgemment besoin dans les zones de conflit.

« Le HCR continue d'appeler toutes les parties au conflit à s'abstenir de toute action susceptible de mettre en danger la vie des civils et à respecter les principes du droit international humanitaire », a souligné Adrian Edwards.

Par Nina Sorokopud à Kiev, Ukraine

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Manuel pour la protection des déplacés internes

Dans plus de 50 pays du monde entier, quelque 24 millions de personnes sont déracinées et déplacées dans leur propre pays suite à un conflit ou à des violations des droits de l'homme.

Personnes déplacées internes

Les personnes déplacées fuient en quête de sécurité dans d'autres régions au sein même de leur pays, où ils ont besoin d'une aide.

Hongrie 50e anniversaire : l'insurrection hongroise de 1956

L'insurrection hongroise spontanée a commencé le 23 octobre 1956. Deux semaines plus tard, elle fut réprimée par une intervention militaire soviétique, qui provoqua une vague de réfugiés en Autriche et en Yougoslavie. Début 1957, ils étaient au nombre de 200 000, dont 180 000 en Autriche et 20 000 en Yougoslavie.

Des centaines de bénévoles travaillèrent au sein d'organisations humanitaires locales et internationales pour nourrir et héberger les réfugiés, tandis que les Autrichiens et la communauté internationale mettaient en place une opération de secours sans précédant.

L'UNHCR se retrouva coordinateur général, et en collaboration avec la Croix-Rouge et le Comité intergouvernemental pour les migrations européennes (CIME), a aidé à coordonner les opérations de secours et de protection, ainsi qu'un programme de réinstallation sans précédent.

En deux ans, plus de 180 000 Hongrois avaient été réinstallés dans 37 pays, à travers cinq continents. Les États-Unis, le Canada, la Grande-Bretagne, l'Allemagne de l'Ouest, l'Australie, la Suisse, la France, la Suède et la Belgique accueillirent chacun plus de 5 000 réfugiés. L'Italie, les Pays-Bas, Israël, le Brésil, la Norvège, le Danemark, l'Afrique du Sud, la Nouvelle-Zélande et l'Argentine en acceptèrent tous plus de 1 000. Le restant fut envoyé dans 19 pays, allant de la République dominicaine à la Turquie. Certains Hongrois se sont intégrés en Autriche (8 000) et en Yougoslavie (700), tandis que 11 000 rentrèrent chez eux de manière spontanée.

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Hongrie 50e anniversaire : la vie des réfugiés hongrois

Les 200 000 Hongrois ayant fui leur pays après la répression de l'insurrection de 1956 ont formé le plus grand groupe de réfugiés en Europe depuis la Deuxième Guerre mondiale. Dans le monde entier, des dizaines de pays leur ont offert la réinstallation et une nouvelle maison. Cependant, quelque 8 000 d'entre eux sont restés en Autriche et s'y sont intégrés.

Une petite proportion de réfugiés a pu être hébergée dans des hôtels ou des appartements privés, cependant la grande majorité a d'abord été accueillie dans des camps. Ceux-ci étaient constitués en majorité d'anciens baraquements en bois. La vie dans certains de ces camps était difficile, notamment l'hiver, avec une mauvaise isolation contre le froid et des équipements sanitaires situés en plein air.

Peu à peu, les réfugiés qui n'ont pas été réinstallés ont commencé à mener une vie plus « normale ». Les enfants ont été scolarisés et ont rapidement appris l'allemand, alors que les adultes ont trouvé assez vite du travail grâce au développement économique autrichien.

Avec l'aide d'un financement important de l'UNHCR, les autorités autrichiennes ont mené pour les réfugiés un programme de fermeture des camps, de construction d'appartements et même de lotissements entiers de nouvelles maisons. Pendant un temps, l'UNHCR a été le second plus grand constructeur en Autriche.

Hongrie 50e anniversaire : la vie des réfugiés hongrois

Ingouchie

Lorsque le conflit a éclaté entre troupes gouvernementales et forces rebelles en Tchétchénie, en 1999, plus de 200 000 personnes ont fui, la plupart vers l'Ingouchie voisine. En décembre 2003, quelque 62 000 déplacés internes de Tchétchénie s'entassaient encore dans des installations temporaires ou des logements privés. Ceux qui vivaient dans les installations temporaires étaient continuellement menacés d'expulsion par des propriétaires désireux de récupérer leurs bâtiments.

Environ 7900 autres Tchétchènes et Ingouches déplacés de Tchétchénie vivaient en outre dans les camps de Satsita, Sputnik et Bart.

Les autorités russes ne cessaient d'appeler à la fermeture des camps et au retour des personnes déplacées de Tchétchénie. Trois camps avaient fermé au cours de 2003 - le camp Iman à Aki Yurt, le camp B " Bella " et le camp A " Alina ", les trois autres ont fermé entre mars et juin 2004. Il n'est resté, aux 52 000 déplacés qui ne voulaient pas retourner en Tchétchénie, que l'option de se trouver un abri dans des installations temporaires en Ingouchie ou dans des logements privés.

Ingouchie