Pour une famille de réfugiés en Espagne, une nouvelle vie présente de nouveaux défis

Articles d'actualité, 25 juillet 2013

© HCR/M.J. Vega
Réfugiés réinstallés originaires du Soudan, Ibrahim et sa famille ont récemment emménagé dans leur premier appartement à Madrid en Espagne. Après une année passée dans un centre de réception, la famille s'adapte à une vie autonome.

MADRID, Espagne, le 25 juillet (HCR) Ibrahim et sa famille n'ont pas été ravis lorsqu'on leur a dit qu'ils devaient quitter le centre de réception de Madrid, qui était devenu leur foyer depuis un an, pour commencer une vie autonome dans un appartement de location.

La plupart des gens auraient été ravis de se voir proposer une telle offre, mais l'homme de 52 ans, sa femme, Awatif, et leurs trois enfants étaient réfugiés du Soudan. Étrangers dans un pays étranger, ils tentaient encore de trouver leurs marques après avoir quitté un camp chaud et poussiéreux en Tunisie il y a un an pour être réinstallés en Espagne.

« Au départ, ils se sont opposés à leur départ du centre, car sans amis, ni famille en Espagne, nous étions leur seul contact », explique Santiago García, qui dirige le centre de réception Vallecas à Madrid.

Dans le centre, Ibrahim et sa famille ont reçu de l'aide pour obtenir des cartes de santé et des documents internationaux relatifs à la protection des personnes; ils ont pu suivre des cours d'espagnol, ont reçu un soutien psychologique et leurs enfants ont été inscrits à l'école.

Le centre représentait une partie importante de leur vie, mais le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), les ONG locales et le gouvernement espagnol ont pour objectif commun d'aider les réfugiés réinstallés à devenir autonomes dès que possible. Emménager dans un appartement qui deviendra leur foyer est une étape essentielle du processus d'intégration.

« C'est une bonne chose pour eux que de faire face à la réalité et d'être en mesure de gérer leur vie avec le modeste soutien financier qu'ils recevront pendant quelques mois », explique M. García. La famille sera confrontée à de nombreux défis au cours de son intégration dans la société espagnole, explique-t-il, ajoutant que les enfants du couple, âgés de neuf à treize ans, devraient s'adapter plus rapidement que leurs parents.

Ibrahim est né dans la province du Sud- Kordofan au Soudan, qui est devenue la frontière sud du pays lorsque le Soudan du Sud a acquis son indépendance en 2011. Cette province riche en pétrole a été le théâtre de conflits pendant la guerre entre le nord et le sud et à nouveau au cours des récents affrontements internes qui ont forcé des dizaines de milliers de personnes à fuir vers le Soudan du Sud.

Ibrahim a expliqué qu'il avait été persécuté dans les années 90 lorsqu'il vivait dans la capitale soudanaise, Khartoum, après qu'il ait accusé le gouvernement de négliger certaines parties du pays. Il explique qu'à cause de cette critique perçue comme une attaque contre le gouvernement, il a été détenu, emprisonné, et torturé à plusieurs reprises.

En 1995, il a fui en Libye, où il avait de la famille. Il a voyagé par la route à travers le Darfour et le Tchad, un périple difficile qui a pris plusieurs semaines. Dans la ville de Benghazi, il a rencontré Awatif, elle aussi originaire du Soudan, qu'il a épousée. La famille s'est ensuite agrandie avec l'arrivée de deux garçons et d'une fille.

Ibrahim a occupé divers emplois, notamment manœuvre, comptable, ouvrier dans la construction et commis d'hôtel. La vie en Libye était difficile pour les personnes originaires de l'Afrique subsaharienne, en particulier après le début du soulèvement contre le gouvernement en février 2011, car beaucoup les considéraient comme des partisans de l'ancien dirigeant, Mouammar Kadhafi.

Ibrahim et sa famille ont finalement fui vers la Tunisie, où ils ont passé sept mois dans le camp de réfugiés de Choucha, qui a offert un refuge temporaire à des dizaines de milliers de réfugiés arrivant de Libye. En juillet dernier, ils sont arrivés par avion en Espagne avec un groupe de 80 réfugiés de Choucha qui ont accepté d'y être réinstallés sur les recommandations du HCR.

Ibrahim explique qu'il se sent en sécurité et à l'aise à Madrid, mais qu'il a besoin de plus de temps pour se débarrasser des ombres de son passé. « Je sais que la langue est la chose la plus importante actuellement, mais je ne parviens pas à me concentrer. Les souvenirs reviennent sans cesse dans mes pensées », dit-il en anglais.

Il est heureux que sa famille ait son propre appartement, non loin du centre de réception, et est fier de ses enfants, qui parlent couramment espagnol, s'intègrent bien à l'école et se font des amis. Entretemps, Ibrahim et sa femme continuent de chercher du travail à une époque où de nombreuses personnes en Espagne souffrent des effets de la crise financière que connaît le pays.

Après avoir été confronté à des situations mettant sa vie en danger, Ibrahim dit qu'il est déterminé à mettre pleinement à profit l'opportunité que lui ont offerte l'Espagne et le HCR. « Si nous avons été en mesure de survivre jusqu'ici, je devrais pouvoir offrir à mes enfants un avenir meilleur », dit-il.

Par María Jesús Vega à Madrid

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Avant 2006, la plupart des migrants irréguliers, empruntant cet itinéraire sur l'océan Atlantique, embarquaient sur des pateras, des bateaux pouvant transporter jusqu'à 20 personnes. Les pateras partaient en majorité depuis le Maroc et le Territoire du Sahara occidental, pour une traversée d'une demi-journée. Les pateras ont été remplacés par des bateaux plus importants appelés des cayucos, qui peuvent transporter jusqu'à 150 personnes. Les cayucos partent depuis des ports situés dans des pays d'Afrique de l'Ouest comme la Gambie, le Ghana, la Guinée, le Sénégal ou la Sierra Leone. Ils prennent plus de trois semaines pour atteindre les Canaries.

Parmi les 32 000 personnes arrivées dans les îles Canaries, seule une petite proportion d'entre elles (359 personnes) ont demandé l'asile en 2006. En 2007, plus de 500 demandes d'asile ont été déposées aux îles Canaries. Ce chiffre est particulièrement significatif, étant donnée la diminution de 75 pour cent de nombre global des arrivées par la mer en 2007.

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L'UNHCR et ses partenaires continuent de former et de rémunérer les instituteurs au sein des 12 camps de réfugiés, assurant ainsi une éducation de qualité aux enfants réfugiés. Les ONG partenaires entretiennent les écoles et fournissent les uniformes aux écoliers. L'UNICEF distribue des livres, des cahiers et des fournitures. En août 2007, l'UNHCR, l'UNICEF et le Ministère de l'éducation tchadien ont travaillé conjointement pour améliorer l'éducation des Soudanais déracinés par le conflit au Darfour.

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