Un réfugié privé d'espoir : le Canada offre une nouvelle vie à un réfugié désespéré

La parole aux réfugiés, 15 juin 2011

© HCR/K. McKinsey
Muhamed Zakaria, un réfugié Ahmadi, tend les passeports de sa famille à Séverine Weber, collaboratrice du HCR, pour préparer son départ de Chine vers un nouveau lieu d'accueil au Canada où ils sont arrivés en mai dernier.

YANJIAO, Chine, 15 juin (HCR) Peu de personnes peuvent se rappeler précisément ce qu'elles faisaient à 9h45 mardi 1er mars. Muhamed Zakaria peut le faire : c'était la première fois de sa vie qu'il était vraiment heureux, le moment où il a reçu un coup de téléphone qui a transformé sa vie.

C'est Séverine Weber, employée du HCR sur le terrain à Pékin, qui était au bout du fil pour annoncer à ce réfugié pakistanais que ses sept années de solitude et de désespoir étaient terminées et, qu'avec quatre de ses proches, ils étaient sur le point de démarrer une nouvelle vie au Canada.

Ce célibataire de 32 ans était sur un petit nuage quand il est retourné dans l'appartement qu'il partage avec ses parents et ses deux plus jeunes sœurs ici, à 45 kilomètres de Pékin, la capitale chinoise. Quand sa mère a ouvert la porte, Muhamed Zakaria a éclaté en sanglots et elle a eu peur que, pour la cinquième fois, sa demande de réinstallation ait été refusée.

C'était plutôt des pleurs de « joie comme il n'en avait jamais ressenti auparavant, la plus grande joie qu'il ait éprouvée dans sa vie », se souvient Muhamed Zakaria alors que sa famille se préparait à partir pour Toronto, au Canada, où deux sœurs mariées vivaient déjà. « C'est un miracle en quelque sorte ».

Persécuté depuis son enfance en tant que membre de la minorité musulmane Ahmadie au Pakistan, il « remercie avant tout Dieu » et il affirme que cette opportunité de nouveau départ montre que « les efforts du HCR et (nos) prières ont porté leurs fruits ».

Début 2004, sa famille l'a envoyé en Chine tout seul le seul fils de la famille, avec quatre filles après avoir reçu des menaces de mort. Il a déposé une demande d'asile auprès du bureau du HCR à Pékin et a obtenu le statut de réfugié deux mois plus tard.

Bien que la Chine ait adhéré à la Convention de Genève de 1951 sur le statut des réfugiés, les réfugiés ne peuvent pas s'installer de manière permanente dans ce pays, et la solution habituelle pour eux est donc la réinstallation dans des pays tiers, une procédure qui peut prendre des années.

Muhamed Zakaria est reconnaissant envers la Chine de lui avoir offert un refuge sûr, mais il affirme qu'il a connu de nombreux moments de déprime. Il a été traumatisé pendant deux ans après une tentative d'expulsion forcée à laquelle il a échappé, avec neuf autres personnes, grâce à l'intervention du HCR. Seul, loin de sa famille et de sa communauté religieuse, il se sentait étranger par rapport à la population chinoise qui, dit-il, ne comprend pas vraiment ce que sont les réfugiés.

Une église chrétienne internationale lui a finalement permis de faire son entrée dans la société chinoise, en lui offrant l'opportunité de travailler bénévolement à la rénovation d'un orphelinat à Pékin. Pendant un an et demi, cet informaticien expérimenté a fait des travaux manuels pour améliorer le quotidien des bébés et des enfants chinois.

Il a ensuite travaillé bénévolement dans un jardin d'enfants chinois à Pékin. Muhamed Zakaria leur enseignait l'anglais il parle cinq langues et les enfants lui enseignaient le chinois, dit-il en riant. Avec sa personnalité extravertie et son anglais courant, il est devenu le chef informel de quelque 60 réfugiés ahmadis vivant près de la capitale chinoise. Il a également travaillé bénévolement comme interprète et traducteur au HCR.

Mais après une vie de persécution, il ne se sentait toujours pas à l'aise en Chine. En 2008, avant les Jeux Olympiques, le HCR a réussi à trouver de nouveaux lieux d'accueil à l'étranger pour un grand nombre de réfugiés. Alors que Muhamed Zakaria essuyait des refus de la part de tous les pays, son moral était à zéro et il a envisagé le suicide.

« Imaginez ce que l'on ressent », dit-il calmement. « Tous vos amis partent se réinstaller ceux qui m'accueillaient dans leur famille et me servaient de la bonne nourriture parce qu'ils savaient que j'avais des problèmes gastriques. Et je me retrouvais de nouveau seul. Les personnes qui étaient là depuis 10 ans étaient réinstallées, pourquoi pas moi ? »

Mais il n'était pas seul deux autres réfugiés, voyant qu'il était suicidaire, sont restés à ses côtés et l'ont soigné lorsqu'il était au plus mal. Mais sa foi était ébranlée et quand sa famille est arrivée en 2009, son père a été horrifié par l'état dans lequel se trouvait son fils.

« J'ai envoyé mon fils ici pour qu'il soit en sécurité, pas loin de Dieu », déclare son père. « J'ai réalisé les épreuves qu'il a dû traverser. Nous l'avons aidé à retrouver la foi et nous sommes heureux aujourd'hui qu'il ait retrouvé son état normal ».

L'agence des Nations Unies pour les réfugiés estime qu'un seul réfugié privé d'espoir, c'est déjà trop. Muhamed Zakaria a eu la chance d'avoir le soutien de sa famille et de Séverine Weber au HCR. Elle a pris l'initiative peu habituelle de demander au Canada de réexaminer son cas quand elle a estimé que de nouveaux éléments rendaient son dossier de réinstallation plus convaincant. « Le travail du HCR ne consiste pas seulement à protéger les réfugiés, mais à leur trouver une solution », déclare-t-elle. « Cela signifie la chance de mener une vie normale ».

Muhamed Zakaria est une personne qui l'a particulièrement touchée. « Il est né la même année que moi. Il a exactement deux mois de moins que moi, mais il a connu tant d'épreuves. Cela me renvoie à la question de savoir pourquoi lui est réfugié et moi collaboratrice du HCR. Cela ne pourrait-il pas être l'inverse ? »

Quant à Muhamed Zakaria, il se demande pourquoi de si nombreux pays d'accueil ne permettent pas aux réfugiés de travailler alors qu'ils ont tant à apporter et qu'ils refusent l'idée d'être à la charge de quiconque. « Il existe beaucoup de réfugiés qui possèdent plein de compétences et d'énergie à offrir au pays », dit-il. Il l'a prouvé en Chine et il est désormais prêt à le prouver au Canada où il est arrivé au mois de mai dernier.

Par Kitty McKinsey A Yanjiao, Chine

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