Le HCR est préoccupé par des informations sur des violences sexuelles contre des femmes et des enfants réfugiés

Articles d'actualité, 23 octobre 2015

© HCR / I. Pavicevic
Des jeunes femmes réfugiées attendent un train à la gare de Tovarnik en Croatie.

GENÈVE, 23 octobre (HCR) Le HCR a déclaré aujourd'hui être préoccupé par des « informations crédibles » faisant état de violences sexuelles et d'abus contre des femmes et enfants réfugiés et migrants durant leur transit en Europe. Le HCR a appelé les autorités à prendre des mesures pour assurer leur protection.

Cette année, plus de 644 000 réfugiés et migrants sont déjà arrivés en Europe par la mer. Parmi eux, plus d'un tiers (soit 34 pour cent) sont des femmes et des enfants qui sont particulièrement vulnérables aux abus alors qu'ils traversent l'Europe, a indiqué le HCR.

« Les enfants réfugiés et migrants se déplaçant en Europe sont davantage confrontés à la menace de violences et d'abus, y compris la violence sexuelle, en particulier dans des sites d'accueil surpeuplés, ou dans de nombreux endroits où les réfugiés et les migrants se rassemblent, comme les parcs, les gares, les stations de bus et les routes », a déclaré Melissa Fleming, porte-parole du HCR, lors d'un point de presse à Genève.

« D'après des témoignages et des informations concordantes que nous avons reçus, dans certains cas, des enfants se sont livrés à la prostitution de survie pour payer des passeurs afin de poursuivre leur voyage, soit parce qu'ils n'avaient plus d'argent, soit parce qu'ils avaient subi des vols », a-t-elle ajouté.

Melissa Fleming a noté que les enfants non accompagnés peuvent être particulièrement vulnérables car ils ne bénéficient d'aucune protection ni des soins d'un adulte. Ils peuvent également être placés en détention dans certains pays, y compris au côté d'adultes, ce qui pose des risques majeurs pour eux, a-t-elle encore indiqué.

Les femmes réfugiées et migrantes qui voyagent seules subissent également un risque accru dans leur déplacement à travers l'Europe, parfois de nuit, le long des routes dangereuses ou durant leur séjour dans des lieux où la sécurité n'est pas assurée. De nombreux centres d'accueil sont surpeuplés et manquent d'un éclairage adéquat et d'espaces séparés pour les femmes célibataires et les familles avec enfants.

Le HCR exhorte toutes les autorités nationales concernées en Europe à prendre des mesures pour assurer la protection des femmes et des jeunes filles, y compris en leur fournissant des installations de réception appropriées et sûres.

Le HCR demande également à toutes les autorités de trouver d'urgence des alternatives à la détention des enfants. Le HCR et ses partenaires travaillent à prévenir et gérer immédiatement les séparations familiales, car les femmes et les jeunes filles voyageant seules sont confrontées à des risques accrus.

Avec ses partenaires, le HCR travaille avec les autorités pour assurer l'accès à l'information, améliorer l'identification des personnes ayant des besoins spécifiques y compris les enfants non accompagnés et leur orientation vers des services appropriés, fournir une aide psychologique et améliorer les lieux d'accueil, notamment par l'établissement d'espaces où la sécurité est assurée.

• FAITES UN DON •

 

• COMMENT NOUS AIDER • • RESTEZ INFORMÉS •
Asile et migration

Asile et migration

Tous dans le même bateau : les défis de la migration mixte à travers le monde.

Migration mixte

Les migrants diffèrent des réfugiés, mais ces deux populations voyagent parfois côte à côte.

Magazine Réfugiés N° 148

Magazine Réfugiés N° 148

Réfugié ou migrant ? Pourquoi cette question compte

Migration internationale

Le lien qui existe entre les mouvements de réfugiés et les migrations plus larges fait l'objet d'une attention croissante.

Liens Internet autour de ce thème

Le HCR n'est pas responsable du contenu et de la disponibilité des sites Internet externes

Un adolescent en exil

Comme tous les pères avec leurs fils, Fewaz et Malak ont parfois du mal à coexister. Une nouvelle coupe de cheveux et une cigarette en cachette peuvent déjà créer des tensions dans le petit appartement qui est leur chez-soi. Malgré cela, un lien puissant les unit : ces réfugiés syriens ont été bloqués pendant près d'un an dans un quartier pauvre d'Athènes.

Ils avaient auparavant fui leur maison avec le reste de la famille durant l'été 2012, après que la guerre ait commencé à tourmenter leur paisible vie. Depuis la Turquie, ils avaient tenté plusieurs fois la traversée périlleuse pour entrer en Grèce.

Malak, treize ans, a été le premier à passer la frontière marquée par le fleuve Evros. Mais Fewaz, sa femme et leurs deux autres enfants n'ont pas eu cette chance en mer. Ils avaient remis toutes leurs économies d'une vie pour tenter la traversée périlleuse de la Méditerranée. Ils ont été refoulés par les gardes-côtes grecs.

Lors de leur sixième tentative, le reste de la famille a traversé la frontière et le fleuve Evros. Sa femme et ses deux enfants ont rejoint l'Allemagne, mais Fewaz est parti vers Athènes pour retrouver Malak.

«Quand j'ai enfin vu mon père à Athènes, les mots ne suffisent pas pour décrire ma joie », dit Malak. Cependant, l'adolescent était hanté par le fait de perdre à nouveau son père. « Je crains que mon père soit arrêté, que ferais-je sans lui ? »

Jusqu'au regroupement de la famille, Malak et son père restent ensemble et se serrent les coudes. Le garçon apprend à se débrouiller en grec. Et Fewaz commence à s'habituer à la coupe de cheveux de son fils.

Un adolescent en exil

Sauvetage en mer

L'été, avec son beau temps et une mer plus calme, est souvent le théâtre d'une hausse du nombre de personnes risquant leur vie pour traverser la Méditerranée et demander l'asile en Europe. Cette année, les chiffres ont toutefois augmenté dans une proportion stupéfiante. En juin, les opérations de recherche et de sauvetage Mare Nostrum ont permis de retrouver des passagers désespérés au nombre de plus de 750 par jour.

A la fin juin, le photographe du HCR Alfredo D'Amato est monté à bord du San Giorgio, un bâtiment prenant part au volet italien de l'opération navale, afin de recueillir des informations sur le processus de sauvetage - y compris depuis la première observation de bateaux à partir d'un hélicoptère militaire, le transfert des passagers vers de petits bateaux de sauvetage puis le vaisseau de la marine et, enfin, leur retour sur la terre ferme dans les Pouilles, en Italie.

Le 28 juin en l'espace de six heures seulement, l'équipage a porté secours à 1 171 personnes qui se trouvaient à bord de quatre embarcations surchargées. Plus de la moitié sont originaires de la Syrie déchirée par la guerre, avec, pour la plupart, des familles et de grands groupes. D'autres arrivent depuis l'Erythrée, le Soudan, le Pakistan, le Bangladesh, la Somalie et au-delà. Les photos de A. D'Amato et les interviews qui les accompagnent mettent en lumière la vie de ces personnes dont la situation, dans leur pays, était devenue précaire au point de mettre leur vie en péril.

Sauvetage en mer

L'histoire de Jihan

Comme des millions d'autres, Jihan, 34 ans, était prête à tout pour échapper à la guerre sévissant en Syrie et pour mettre sa famille en sécurité. Contrairement à la plupart, Jihan est aveugle.

Il y a neuf mois, elle a fui Damas avec Ashraf, son mari âgé de 35 ans, qui est également en train de perdre la vue. Avec leurs deux fils, ils se sont rendus en Turquie par la mer Méditerranée, à bord d'un bateau avec 40 autres personnes. Ils espéraient que le voyage ne durerait huit heures. Ils n'avaient aucune garantie d'arriver sains et saufs.

Après une périlleuse traversée qui aura duré 45 heures, la famille est enfin arrivée à Milos, une île grecque de la mer Egée, à des kilomètres de la destination qui était prévue. Sans aucun soutien ni aucune assistance, ils ont dû se débrouiller pour se rendre à Athènes.

La police les a détenus pendant quatre jours à leur arrivée. On leur a demandé de rester hors d'Athènes, ainsi que trois autres villes grecques, en les laissant à l'abandon.

Démunis et épuisés, la famille a été contrainte de se séparer. Ashraf est parti vers le nord en quête d'asile et Jihan s'est rendue à Lavrion avec ses deux enfants, une installation informelle à une heure de route de la capitale grecque.

Aujourd'hui, Jihan est impatiente de retrouver son mari qui, entre temps, a obtenu le statut de réfugié au Danemark. La chambre qu'elle partage avec ses deux fils, Ahmed, 5 ans, et Mohammad, 7 ans, est minuscule, et elle s'inquiète pour leur éducation. Sans greffe de la cornée, une chirurgie très complexe dont elle a besoin d'urgence, son oeil gauche se fermera à jamais.

« Nous sommes venus ici en quête d'une vie meilleure et pour trouver des personnes qui seraient plus à même de comprendre notre situation », explique-t-elle d'un air triste. « Je suis tellement en colère quand je vois qu'ils ne comprennent pas. »

L'histoire de Jihan